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Élever des génisses pour tiers

EARL Macé (22) : « Un bâtiment amorti à occuper sans la contrainte de traite »


TNC le 13/11/2020 à 06:03
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Se spécialiser dans l’élevage de génisses, c’est le choix qu’ont fait Denis et Véronique Macé, agriculteurs à Plumaugat (22), pour leur reconversion après l'arrêt du lait en 2018. Ils élèvent trois lots de 35 génisses chaque année pour tiers, avec une marge moyenne de 580 €/génisse.

Véronique et Denis Macé ont réorganisé leur bâtiment en démontant les logettes pour faire des parcs pour les génisses. (©TNC)

C’est une nouvelle facette du métier d’éleveur qui se professionnalise, celle de l’élevage de génisses en délégation. Pour répondre à des besoins croissants, de nouveaux éleveurs sont recherchés. Denis et Véronique Macé, installés dans les Côtes d’Armor, ont fait ce choix.

Elles arrivent à 3 semaines et repartent 50 jours avant terme

« Nous avons arrêté le lait en novembre 2018. Nous commencions à fatiguer de traire. Comme notre bâtiment était amorti, nous voulions trouver une solution pour aller en douceur jusqu’à la retraite, que nous pensons prendre en 2022 ». Depuis deux ans, le couple a donc réorganisé son exploitation autour de l’élevage de génisses. Au rythme de 3 lots de 35 par an, les veaux arrivent à partir de 3 semaines et repartent 50 jours avant terme.

Avec plus de 100 bêtes à soigner, le rythme de travail est toujours soutenu. « Tant qu’il y a des génisses non sevrées, il y a pas mal de travail, reconnait Véronique Macé. Pour faciliter la manutention et avoir un lait bien homogène et à la bonne température, nous avons investi dans un taxilait. »

Après le sevrage, le travail d’astreinte s’organise différemment. « On y a gagné en souplesse de travail. Je peux participer à des activités, comme des cours de yoga, qui ont lieu en fin d’après-midi, apprécie l’éleveuse. Avant, avec la traite, ce n’était pas possible. Nous pouvons aussi profiter de nos petits enfants. »

« Et ne plus avoir de vêlages à surveiller la nuit, c’est aussi appréciable », plaisante Denis Macé.

Parce que, d’un côté, les producteurs de lait peuvent manquer de temps, de place ou de fourrages pour élever leurs génisses alors que, de l’autre, des agriculteurs souhaitent arrêter le lait tout en restant éleveurs, des services d’externalisation de l’élevage de génisses se sont organisés pour les mettre en relation. Parmi les différents services, il y a Déleg’Génisses, sur la zone Seenovia, en Pays de la Loire et Normandie et, sous l’égide d’Eilyps, en Bretagne.

Technique et rigueur pour l’élevage des génisses

Pour autant, la conduite est très technique, que ce soit pour le suivi sanitaire, la mise à la reproduction comme pour l’alimentation. « Il faut être très carré pour répondre aux objectifs de croissance », partage l’éleveur. Un cahier des charges lie naisseurs et éleveurs. De leur côté, les naisseurs s’engagent à ne fournir que des veaux d’au moins 45 kg à 20 jours et en bonne santé. Ils s’engagent à racheter leurs génisses 50 jours avant terme. Pour leur part, les éleveurs assurent aux génisses une croissance permettant un vêlage à 24 mois.

À lire à ce sujet : Viser le vêlage précoce pour plus de rentabilité

Cette externalisation de l’élevage de génisses est de plus en plus appréciée par les éleveurs laitiers. « Pour répondre à la hausse de la demande et faire face aux prochains départs en retraite, nous cherchons de nouveaux éleveurs », témoigne Martine Verger, responsable du service économie d’Eilyps.

Le couple élève 3 lots de 35 génisses chaque année. Les veaux arrivent à 3 semaines et repartent 50 jours avant le vêlage. (©TNC)

Que l’on soit en conventionnel comme en bio, qui peut se spécialiser dans l’élevage de génisses ? « Il faut être très « éleveur », animalier dans l’âme », estime la spécialiste.

À part l’interdiction d’avoir un autre élevage, il n’y a pas de critère sur l’assolement de l’exploitation, ni sur le système de distribution du lait. « Chacun établit la ration en fonction des ressources fourragères de l’exploitation pour une meilleure efficacité économique et une croissance suffisante. Ça peut être maïs, paille et correcteur ou avec du foin », témoigne David Buan, consultant génisses chez Eilyps. Néanmoins, il faut pouvoir faire pâturer les génisses au moins cinq mois de pâturage sur les deux ans d’élevage, « pour qu’elles acquièrent de l’immunité et qu’elles soient prêtes à rejoindre un système herbager ». Les génisses peuvent être en logettes comme en aire paillée. « La seule obligation est que les génisses soient en bâtiment pendant l’hiver. »

Une marge de 580 €/génisse

Au niveau financier, la marge moyenne des 10 éleveurs est de 580 € par génisse. L’éleveur achète la génisse 150 € au naisseur, qui s’engage à la lui reprendre à 1 600 €, avec un paiement de quatre acomptes (entre trois et six semaines après l’arrivée du veau, autour de six mois, à la confirmation de la gestation et 100 jours avant vêlage).

Pour tirer un revenu de cette activité, l’éleveur doit avoir une ration performante, techniquement et économiquement. Avoir un bâtiment amorti est un plus. « C’était notre cas, mais nous avons quand même investi entre 15 et 20 000 euros pour isoler la nursery et y installer des cases, ainsi qu’enlever les logettes dans la stabulation », partagent les éleveurs.

Eilyps réalise avec les éleveurs intéressés une étude économique préalable. « Pour l’instant il semble difficile de s’installer avec ce projet, concède Martine. Il faudrait pouvoir payer les génisses 1 800 €, ce qui est impossible au regard du contexte laitier. C’est plutôt une activité de reconversion ou de 2e partie de carrière. »

Un autre modèle via le témoignage du Gaec l’Abbaye (35) où près de la moitié des vaches laitières sont en location