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Bovin allaitant

Des fourrages plutôt que des graines pour assurer l’autonomie protéique


TNC le 28/09/2022 à 18:09
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Pâturée ou récoltée, l'herbe est la principale source de protéine des vaches allaitantes. (©Pixabay)

En moyenne, 80 % des apports protéiques des bovins viandes sont assurés par l'herbe. Si les animaux aux besoins les plus importants (engraissement, finition...) demandent à être complémentés, travailler à proposer des fourrages à haute valeur énergétique est un premier pas vers l'autonomie protéique.

Les bovins viande sont les premiers consommateurs de protéines issues de fourrage. 80 % de leurs apports protéiques sont comblés par l’herbe, qu’elle soit pâturée ou conservée. Les céréales, coproduits céréaliers, tourteaux de soja ainsi que les autres tourteaux et concentrés représentent moins de 15 % des apports en protéines des bovins viande en 2020 d’après GIS Avenir Elevages. L’apport en protéines, ça n’est donc pas qu’une affaire de concentré !

Fort de ce constat, le programme Cap protéines de l’Institut de l’élevage a cherché à mettre en avant des moyens d’améliorer l’autonomie protéique des exploitations, que ce soit par la voie des graines récoltées, ou via la production de fourrage riches en MAT. 

A l’occasion d’une conférence Cap protéines au Space, Bertrand Deroche, spécialiste de l’alimentation des bovins viande à l’Institut de l’élevage évoquait les différentes manières d’obtenir de bonnes croissances à l’herbe. Pour ce faire, deux options : le pâturage, ou l’affouragement avec de l’herbe conservée.

Gérer son pâturage pour avoir une herbe de qualité

Le conseiller insiste, « le pâturage, c’est technique, en bovin lait comme en viande. » Pour avoir de belles performances à l’herbe, il propose de privilégier une hauteur d’entrée dans la parcelle inférieure à 10 cm, et de sortir les vaches lorsqu’il reste un peu plus de 5 cm d’herbe sur la parcelle. Ce suivi, ainsi que la conduite en pâturage tournant permet d’avoir une herbe plus feuillue et donc plus qualitative. Pour assurer un pâturage tournant efficace, mieux vaut découper son parcellaire en parcs homogènes : « il faut au minimum 5 paddocks, où on laisse les animaux 7 jours au maximum selon les hauteurs d’herbe. Il ne faut pas non plus hésiter à déprimer si la portance le permet pour supprimer l’épi et gagner en qualité. »

Des fourrages à haute valeur alimentaire

Pour avoir de l’herbe conservée avec une bonne teneur en protéines, le foin apparaît assez peu adapté. Il est assez encombrant ce qui en fait un aliment moins énergétique. L’enrubannage présente plus de souplesse d’utilisation. « C’est ce qu’il y a de plus facile pour gérer les stocks et les qualités de fourrages différentes » explique le technicien. L’ensilage est également possible. Cependant, si plusieurs fourrages présentent des valeurs énergétiques différentes, mieux vaut les stocker dans deux silos distincts. 

Reste ensuite à affecter les fourrages selon les besoins des animaux. « Engraisser à l’herbe, c’est possible, mais à condition d’avoir une herbe de très bonne qualité » concède le technicien. Si l’été sec que l’on vient de passer montre une des limites des systèmes pâturants, il est possible de combiner pâturage et affouragement.

Les méteils, ou « cerpro » sont des associations de céréales et de protéagineux. Si on pense assez naturellement à la culture de ces espèces pour la production de graines, il peut être tout aussi intéressant de les récolter sous forme de d’ensilage ou d’enrubannage. Ce type de mélange permet d’avoir du stock pendant la sécheresse estivale, ou durant la période hivernale.

Les méteils riches en légumineuses traduisent une recherche de protéines. Ils doivent être ensilés précocement pour apporter de bonnes valeurs alimentaires. Il est ensuite possible d’implanter une culture de printemps. Les méteils à forte teneur en céréales peuvent quant à eux être récoltés en grain, ou sous forme de fourrage. Si l’éleveur recherche de la valeur alimentaire, il pourra effectuer un ensilage précoce. Récolter le méteil au stade laiteux-pâteux permet d’avoir davantage de rendement. Ces méteils peuvent être implantés en semis d’automne et récoltés au printemps, ou en dérobées d’été pour une récolte en ensilage à l’automne.