Accéder au contenu principal
Thierry Preaud, éleveur de Charolaises

« J’ai arrêté le maïs, et je ne regrette pas ! »


TNC le 08/04/2022 à 06:00
fiches_Resized_20220119_2241321-1

Thierry Preaud a aménagé un espace de stockage des céréales fonctionnel pour réaliser son mélange hivernal (©Thierry Preaud)

Thierry Preaud, éleveur de Charolaises en Saône-et-Loire a changé de système de culture il y a trois ans, fatigué de voir des dégâts de sangliers dans ses maïs. À la place du maïs : du foin et du méteil grain, combo gagnant pour l’éleveur qui « ne reviendrait pas en arrière ».

« Pendant longtemps, j’ai mis du maïs dans la ration hivernale des vaches allaitantes parce que je suis en vêlages d’automne, et je croyais qu’il fallait donner du maïs pour faire du lait, mais ce système avait beaucoup d’inconvénients », explique Thierry Preaud, éleveur de Charolaises en Saône-et-Loire (71). « Alors, oui, j’avais du lait, mais je constatais beaucoup de diarrhées blanches sur les veaux, j’avais du mal à équilibrer la ration avec le correcteur, et puis surtout, et c’est ça qui m’a décidé, de gros dégâts de sangliers. Sans parler des pertes au silo, entre les souris et les zones qui chauffent… »

L’éleveur, qui en plus d’une dizaine de kilos de foin, donnait 10 kg d’ensilage de maïs et 1,5 kg de correcteur azoté aux mères allaitantes pendant l’hiver, a remplacé le maïs par de l’aplati de méteil grain, environ 2 kg pour les vaches et 2,5 kg pour les primipares ainsi que du foin à volonté.

Thierry Preaud, éleveur de Charolaises
1 UTH  
120 mères charolaises  
Voie mâle : vente de broutards et de reproducteurs      
Voie femelle : vente de génisses grasses et renouvellement    
247 ha : 31 ha de céréales (dont le méteil) et 216 ha de prairie  

Avec la hausse des intrants, je suis content d’avoir opté pour un système plus économe

Thierry Preaud implantait chaque année 4 ha de maïs pour la ration des mères, il a maintenant besoin de 6 ha de méteil et de 15 ha de foin en plus pour confectionner sa ration hivernale, mais l’éleveur ne s’estime pas perdant. « Tout d’abord, un concours de circonstance a fait que j’ai repris un peu de surface et je n’ai pas augmenté en chargement, mais mes terres ont un potentiel de 50 q/ha en blé. En faisant moins de céréales, j’utilise moins d’intrants, je ne mets pas d’engrais sur le méteil, pas de désherbant, c’est également moins de passages de tracteur… Sans parler du correcteur azoté que je ne dois plus acheter. J’ai un système beaucoup plus économe qu’avant. »

L’éleveur envisage de tester la culture du soja, ou du lupin, pour proposer davantage de protéines à son troupeau l’hiver. (©Thierry Preaud)

L’éleveur a fait le choix d’implanter un méteil très diversifié, composé de blé, triticale, orge, avoine, féverole, pois et veste : « au moins, si une espèce ne lève pas, les autres compensent ». L’orge et l’avoine assurent une bonne couverture du sol, le triticale et le blé jouent un rôle de tuteur pour les pois, et féveroles qui apportent de la MAT. La vesce a été choisie car elle s’adapte bien à la région, même si elle peut être envahissante. Le rendement du méteil avoisine les 46-48 q/ha

« Au début, je me demandais un peu ce que ça donnerait à la récolte. On dit par exemple que l’orge mûrit plus vite que le reste du méteil, mais comme elle est prise au milieu des autres plantes, elle ne verse pas. De toute manière comme tout a été semé en même temps, les plantes viennent à peu près à maturité au même moment. S’il y a des repousses, c’est plus difficile à battre. Le seul inconvénient, c’est que les entrepreneurs sont un peu frileux pour battre un méteil. Ils ont tendance à vouloir battre les cultures en pur avant. »

J’ai vendu la désileuse.

Thierry Preaud a aménagé un espace de stockage des céréales fonctionnel pour réaliser son mélange hivernal. (©Thierry Preaud)

L’éleveur a investi dans un stockage à plat avec ventilation pour conserver son méteil. Seul le méteil aplati est distribué aux cornadis. Une cuve sous l’aplatisseur lui permet de récupérer les céréales et de les donner aux vaches à l’aide d’une brouette distributrice. « C’est très facile, ça coûte beaucoup moins cher qu’un bol, et ça consomme beaucoup moins aussi ! » Le foin, quant à lui, pressé en bottes de 300-320 kg, l’équivalent de ce que consomme une case en une journée, est placé directement dans la case. « Avec ce système, j’ai des cornadis beaucoup plus propres, pas besoin de balayer », ajoute l’éleveur.

De meilleures performances à la repro

L’éleveur trouve que ses vaches reviennent plus vite en chaleur depuis qu’il a changé de ration. (©Thierry Preaud)

Depuis trois ans que Thierry Preaud a arrêté le maïs, il a plus de facilité à avoir des vêlages groupés. « La dernière année où j’ai donné du maïs, j’ai eu 70 vêlages en un mois, l’an dernier, j’étais à 110 vêlages sur la même période. J’attribue ça à l’alimentation, peut être aussi à la sélection du minéral ou la conduite générale du troupeau. »

« Économiquement, je suis content de mon système, c’est moins de mécanisation, moins d’intrants, et plus de confort » conclut l’éleveur, qui ne reviendrait pas en arrière.