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Chez C. Boivineau en Vendée (85)

« J’ai diminué en nombre de vaches pour gagner de l’argent »


TNC le 23/08/2022 à 07:04
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Semés après le moisson, les couverts assurent un pâturage de qualité quand l'herbe ne pousse plus. (©Cédric Boivineau)

Éleveur de Charolaises à Sainte-Cécile (85), Cédric Boivineau a repensé son système alimentaire pour passer son parcellaire en agriculture de conservation des sols. Finis le maïs et le ray-grass italien, place aux méteils et pâturage de couverts sur fond d'autonomie fourragère.

« J’ai tout changé » résume Cédric Boivineau, éleveur de Charolaises en Vendée (85). Son père, éleveur avant lui, travaillait selon le modèle vendéen classique avec une rotation RGI – maïs – blé. Un système « performant économiquement » concède Cédric, mais qui ne collait pas forcément avec ses attentes. « J’avais envie de mettre en place une démarche en phase avec le respect de l’environnement. J’avais deux options : soit je cherchais à réduire le recours à la chimie à travers le bio, soit je limitais le travail du sol. J’ai opté pour la deuxième. »

Le choix de l’agriculture de conservation des sols

Le système maïs – ray-grass italien était difficilement transférable en agriculture de conservation des sols. « Le RGI, ça pousse tout le temps, ça germe tout le temps, et nous en ACS, on n’aime pas ça », explique l’agriculteur.

Cédric Boivineau a donc diversifié ses cultures fourragères, en se tournant vers les méteils, ainsi que la luzerne et le trèfle violet. Pour la ration hivernale de son troupeau, il récolte :

  • 7 ha de méteil à base de seigle et 3 trèfles. Récolté en enrubanné autour du 10 avril, avec des rendements avoisinant les 4 à 5 t de MS/ha, ce méteil lui permet d’apporter de la protéine pour l’engraissement des animaux.  
  • 7 ha de méteil à base de féverole – vesce – pois – avoine, sous forme d’ensilage ou d’enrubannage selon la date de récolte. Ensilé autour du 10 avril, le mélange lui apporte un rendement de 4 t de MS/ha, concentré en protéines. Récolté autour du 10 mai, l’éleveur en obtient 8 à 9 t de MS/ha à 11 points de MAT pour 0,8 UF.  
  • 7 ha de luzerne et 7 ha de trèfle violet. Les méteils sont implantés directement dans la luzerne ou le trèfle, afin d’optimiser le rendement des parcelles et de travailler en agriculture de conservation des sols. L’éleveur songe d’ailleurs à augmenter la part de trèfle violet : « il y a beaucoup de tiges sur la luzerne, je trouve le trèfle meilleur en protéines et plus appétant ».
  • 10 ha de foin, essentiellement constitué de ray-grass anglais.

La ration hivernale des vaches allaitantes est constituée de foin et du méteil le moins riche. La ration d’engraissement se compose d’enrubannage de trèfle ou de luzerne, ainsi que du méteil le plus riche en protéines. L’éleveur demeure toutefois contraint d’acheter du tourteau pour les animaux à l’engraissement : environ 800 g/j/animal. Le reste de l’année, les vaches sont au pâturage.

Cédric tient une chaine Youtube. Il y publiait récemment cette vidéo sur la pâturage du foin :

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Des couverts post moisson pour le pâturage de septembre

Pour pallier le manque d’herbe en sortie d’été, Cédric implante une culture fourragère au lendemain de la moisson des blés ou des orges pour assurer le pâturage de septembre. « Il faut que ça soit semé dans les trois jours après le passage de la machine », insiste l’éleveur. « Il ne faut pas avoir peur, s’il fait sec, ça n’est pas grave, elles font de la racine plus que de la feuille, ça reste petit, autour des 10 cm jusqu’à fin août, puis ça se développe en septembre. »

Pour le pâturage des couverts, l’éleveur découpe des paddocks. (©Cédric Boivineau)

Concernant les espèces à implanter, Cédric en a testé beaucoup de mélanges : colza, maïs, phacélie, sorgho, pois, orge. « Les vaches se régalent de tout, le seul échec c’est peut être le maïs qui assez ironiquement ne pousse pas l’été et n’est pas trop fait pour le pâturage ». Une vigilance toute particulière doit être apportée au pâturage de sorgho, toxique en dessous de 60 cm.

L’éleveur a également diminué son chargement, passant de 85 à 75 vaches allaitantes pour 92 ha. « J’ai diminué en nombre de vaches, et j’ai gagné de l’argent » résume-t-il. « Avec ce système, j’ai grosso modo 20 % de chiffre d’affaires en moins, mais surtout 30 % de charges en moins, ce qui fait que je m’y retrouve ! » L’arrêt du maïs lui a également permis d’utiliser moins de correcteur azoté. De 20 000 € auparavant, ses dépenses en tourteau avoisinent aujourd’hui les 3 à 4 000 € par an.

Tenir plus de vaches, c’est plus de chiffre d’affaires, mais pas forcément plus de bénéfices !

L’agriculture de conservation des sols a également été un moyen pour lui de réduire ses charges de mécanisation. Que ce soit par la consommation de carburant, passée de 100 l de GNR/ha/an à environ 70, mais également par l’optimisation du parc matériel. Cédric ne possède plus que deux tracteurs et une désileuse. Le reste du matériel utilisé est détenu en Cuma, et en travaillant moins le sol, Cédric a également réduit ses charges de mécanisation auprès de la Cuma, en passant de 20 000 à 13 000 € annuels.

« Aujourd’hui, pour être bon économiquement, il faut être autonome. Tenir plus de vaches, c’est plus de chiffre d’affaires mais s’il faut acheter de l’aliment derrière, ça n’est pas rentable », conclut l’éleveur qui ne reviendrait pas en arrière.