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Alimentation minérale

Apporter un CMV adapté pour éviter les carences sans tomber dans l’excès


TNC le 11/02/2019 à 06:04
fiches_Nutrition

Votre ration est-elle équilibrée sur tous les points ? Les besoins en minéraux et vitamines sont-ils couverts ? Faites le point sur la complémentation de vos vaches laitières et apportez le CMV le plus adapté à vos pratiques et à votre troupeau.

On le sait bien, les minéraux et vitamines jouent un rôle essentiel sur la santé des vaches (production, reproduction, vêlage, immunité) et les conduites alimentaires actuelles ne comblent pas tous les besoins, d’où l’importance d’apporter ces éléments de façon complémentaire à la ration. La théorie c’est bien mais en pratique, quels minéraux doit-on apporter, en quelle quantité, sous quelle forme et pour quels types d’animaux… ?

Phosphore, calcium et magnésium : les minéraux majeurs…

Le BTPL l’énonçait dans l’article Les besoins d’une vache laitière en fonction de sa ration de 2016, les minéraux les plus sensibles sont :

– le phosphore (P) : sert au squelette, métabolisme énergétique, croissance, production laitière. Son déséquilibre entraîne des chutes de croissance et de production, boiteries, baisse de fertilité surtout en cas d’excès et de déséquilibre avec le calcium.

– le calcium (Ca) : squelette, fonction musculaire, sanguine, composant du lait. Carence : fièvre de lait, boiterie, fractures. Réduit l’absorption des oligoéléments en cas d’excès.

– le magnésium (Mg) : métabolisme énergétique et musculaire. Situation à risque à la mise à l’herbe (tétanie, non délivrance,…)

– le sodium (Na) : influx nerveux, muscles, sang. Perte d’appétit en cas de carence, pica, baisse du TB, acidose si combiné à une carence en potassium (K).

Les besoins sont en principe exprimés en quantités absorbables au niveau du tube digestif ; si ces valeurs ne figurent pas sur l‘étiquette du CMV (complément minéral vitaminé), on peut les calculer à partir de la teneur totale du minéral et des coefficients d’absorption réelle suivants : 38 % pour le calcium et 65 % pour le phosphore.

Besoins en g/VL/j P abs Ca abs Mg abs Na abs CL abs K abs
E : Entretien Poids vif

550 kg
650 kg
750 kg

 

12.0
17.0
22.0

 

13.0
18.0
22.5

 

3.9
4.6
5.3

 

12.7
15.0
17.3

 

19.3
22.8
26.3

 

83.0
98.0
113.0

PL : production laitière Lait (kg/j)

10
20
30
40
50

 

9.0
18.0
27.0
36.0
45.0

 

12.5
25.0
37.5
50.0
62.5

 

1.5
3.0
4.5
6.0
7.5

 

4.5
9.0
13.5
18.0
22.5

 

11.5
23.0
34.5
46.0
57.5

 

15.0
30.0
45.0
60.0
75.0

Gestation stade

6 e-7 e mois
8 e mois
9 e mois

 

2.2
4.0
5.3

 

3.0
6.0
9.6

 

0.3

 

1.3

 

1.0

 

1.0

Entretien
+ Production
+ Gestation
Total = E+PL+G

… Puis viennent les oligo-éléments et les vitamines

Les oligo-éléments participent à la production d’enzymes, la constitution des vitamines et hormones, aux défenses immunitaires et au contrôle du stress oxydatif. Les principaux sont (avec l’apport journalier recommandé, selon Meschy, 2007) :

– Le cuivre (Cu) : 10 mg/kg MS de ration

– Le zinc (Zn) : 50 mg/kg MS de ration

– Le manganèse (Mn) : 50 mg/kg MS de ration

– Le sélénium (Se) : 0,1 pour les vaches en lactation et 0,3 mg/kg MS de ration pour les vaches gestantes

– L’iode (I) : 0,2 pour les vaches en lactation et 0,8 mg/kg MS de ration pour les vaches gestantes

– Le cobalt (Co) : 0,3 mg/kg MS de ration

– Le fer (Fe)

– Le molybdène (Mo) : 0,1 mg/kg MS de ration

Pour les vitamines, les liposolubles A, D et E peuvent être limitantes dans l’alimentation des vaches. Leur apport journalier recommandé (exprimé en Unité internationale, quantité brute de vitamine/kg MS de la ration totale) varie selon la part de concentré dans la ration :

– Vitamine A : 4200 UI/kg MS de ration si moins de 40 % de concentré et 6 600 UI/kg MS de ration si + de 40 % de concentré

– Vitamine D : 1 000 UI/kg MS de ration quelque soit l’apport de concentré

– Vitamine E : 15 UI/kg MS de ration si moins de 40 % de concentré et 40 UI/kg MS de ration si + de 40 % de concentré

Le vétérinaire saura diagnostiquer une carence en oligo-éléments chez un animal. Les excès sont quant à eux plus rares.

Si les besoins en oligo-éléments sont faibles, une carence peut néanmoins avoir des conséquences importantes sur la santé, la production et la reproduction de l’animal. Une carence en cuivre peut par exemple entraîner des troubles cardiaques, des boiteries, des infécondités, de l’inappétence et du pica. Autre exemple : un manque de sélénium chez le jeune ruminant sera responsable de myopathies.

La société Vétalis a créé un observatoire des oligo-éléments. Après avoir analysé plus de 12 000 bovins sur le territoire français depuis 2007, les experts ont pu réaliser une carte interactive des carences en oligo-éléments selon les secteurs. Cela permet aux éleveurs de complémenter correctement leurs animaux selon les régions mais également de savoir si les troubles qu’ils rencontrent dans leur troupeau ont un lien avec les oligo-éléments.

apporter le CMV dans la ration ou à part ?

Lorsque les besoins de l’animal sont définis, reste à calculer les apports par la ration en additionnant les apports de chaque aliment. Pour ce faire, se référer aux tables de valeurs de l’Inra ou aux analyses de fourrages. Si la différence entre les apports et les besoins indique un déficit de phosphore, calcium ou magnésium, l’ajout d’un CMV à la ration s’avère indispensable.

Selon les habitudes de l’éleveur, l’apport peut être mélangé à la ration (poudre ou granulés). Dans ce cas, la complémentation est collective. Certains préfèrent les seaux et pierres à lécher, voire même les galets effervescents distribués dans l’eau de boisson. Ces complémentations collectives correspondent bien aux animaux au pâturage pour lesquels on ne distribue pas de ration à l’auge. En revanche, les conseillers de la chambre d’agriculture de Bretagne assurent qu’il est possible de faire l’impasse sur le minéral durant deux mois de pâturage : « L’herbe verte est naturellement pourvue en minéraux majeurs (Ca et P). En revanche, elle ne couvre pas les besoins en oligo-éléments (cobalt, zinc, sélénium). Compte tenu des possibilités de stockage dans le foie, une impasse de deux mois semble possible. Au-delà, des apports complémentaires sont à prévoir. » (Extrait du guide technique de l’alimentation des vaches laitières)

Autre possibilité : les bolus. Ils permettent de s’assurer que chaque animal a bien reçu sa complémentation, contrairement aux seaux à lécher qui pourraient être pris d’assaut par certains animaux dominants. Enfin, certains installent quant à eux des « bars à minéraux » : ces derniers sont alors en libre-service. Attention cependant avec cette distribution car les animaux ne savent pas s’auto-réguler concernant les oligo-éléments. Le libre-service peut alors être fait à certaines périodes de l’année seulement et sur un temps bien défini (exemple : lors de la mise à l’herbe). Le sel peut quant à lui être distribué en libre-service car les vaches savent réguler leur consommation. En revanche, mieux vaut placer les blocs à l’écart du point d’eau.

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