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Dossier : Mal-être en agriculture

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Suicides en agriculture

Le gouvernement lance une « mobilisation collective »


AFP le 23/11/2021 à 09:Nov
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Augmentation du financement du remplacement des professionnels épuisés, formation de « sentinelles » chargées de détecter le mal-être... Le gouvernement lance mardi une « mobilisation collective » pour enrayer les suicides d'agriculteurs.

Le constat est statistiquement établi : les agriculteurs se suicident plus que le reste de la population.

Le gouvernement avait annoncé il y a près d’un an qu’il présenterait un « plan d’action opérationnel », à la suite de la remise d’un rapport du député de la majorité Olivier Damaisin appelant à améliorer l’accompagnement des exploitants en détresse.

Un rapport a aussi été publié en mars 2021 par les sénateurs Henri Cabanel (groupe RDSE) et Françoise Férat (Union centriste), qui estimaient que les politiques publiques n’étaient pas à la hauteur pour prévenir les suicides dans le monde agricole.

Une « feuille de route » gouvernementale sera détaillée mardi, au ministère de l’agriculture, par les ministres de la santé, Olivier Véran, et de l’agriculture, Julien Denormandie, ainsi que par le secrétaire d’État chargé des retraites et de la santé au travail, Laurent Pietraszewski.

Parmi les « parties prenantes » présentes figureront « des bénévoles engagés au quotidien auprès des agriculteurs » et le réalisateur Édouard Bergeon. Son film Au nom de la terre, sur la dépression d’un éleveur pris dans la spirale du surendettement, avait rencontré un vif succès en salles fin 2019 et mis ce sujet sur le devant de la scène.

« Il importe de lever les tabous sur la question du mal-être et d’en parler au sein de la société », affirme le ministre Julien Denormandie dans une interview au journal La Croix publiée lundi soir.

« On a construit une réponse sur la base des retours de terrain. (…) C’est le fruit d’une très large concertation », a indiqué son cabinet à la presse.

Parmi les mesures qui seront engagées, la « création de comités de pilotage dans chaque département », courant 2022, afin de mieux coordonner la prévention localement. Ces comités réuniront « un très large panel d’acteurs » (représentants de l’État, du monde agricole, professionnels de santé, banques).

L’exécutif entend aussi structurer et former des réseaux de « sentinelles », des volontaires gravitant autour des agriculteurs « à même de détecter les situations de détresse ».

Il prévoit aussi de renforcer financièrement des dispositifs permettant de soulager les agriculteurs, notamment l’« aide au répit » (qui finance le remplacement jusqu’à 10 jours des exploitants en situation d’épuisement professionnel) et le crédit d’impôt remplacement.

Au total, l’enveloppe dédiée au mal-être agricole passera de 30 à 42 millions d’euros par an.

Selon les données les plus récentes de la sécurité sociale agricole (MSA), 529 suicides ont été dénombrés en 2016 parmi les 1,6 million d’assurés du régime agricole âgés d’au moins 15 ans (ayant-droits des exploitants et salariés agricoles inclus). Chez les assurés de la MSA âgés de 15 à 64 ans, le risque de suicide était alors supérieur de 43,2 % aux assurés de l’ensemble des régimes de sécurité sociale. Au-delà de 65 ans, le risque de suicide était deux fois plus élevé par rapport à la population de cette tranche d’âge.

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