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Dossier : Mal-être en agriculture

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Edouard Bergeon - "Au Nom de la Terre"

"Je voulais que l’on ressente la noblesse de la terre et du métier d’agriculteur."


le 21/09/2019 à 15:Sep
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Ce mercredi 25 septembre sort en salles le film "Au nom de la Terre". Guillaume Canet y incarne un agriculteur surendetté, poussé au suicide. Construit comme une saga familiale, le film porte un regard humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années. Entretien avec le réalisateur, Edouard Bergeon.

« Au nom de la terre » est né de votre propre histoire : Guillaume Canet interprète le personnage principal, Pierre, directement inspiré de votre père agriculteur.

Le film est tiré de mon vécu. Je suis descendant d’une longue lignée de paysans, fils et petit-fils de paysans, tant du côté de ma mère que de mon père. Christian Bergeon, mon père, s’est installé comme agriculteur en 1979 avec l’envie et la passion du métier. Avec ma mère, ils ont beaucoup travaillé pour que ma sœur et moi vivions une jeunesse heureuse à la ferme.

« Au nom de la terre » est une saga familiale qui porte un point de vue humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années.

Vous êtes l’auteur de nombreux reportages et documentaires pour la télévision. Qu’est-ce qui vous a conduit à réaliser ce premier long métrage de fiction ?

L’idée ne m’aurait pas effleuré si je n’avais pas fait la connaissance de Christophe Rossignon, le producteur du film. En 2012, il a vu « Les Fils de la terre », un quatre-vingt-dix minutes dans lequel je suivais Sébastien, un agriculteur dont la trajectoire me rappelait celle de mon père. Christophe, lui même fils et frère d’agriculteur, a été bouleversé par le film et a souhaité me rencontrer. Son grand frère, qui a pris la suite de son père dans l’exploitation familiale, a dû se confronter lui-même à une réalité agricole qui aurait pu le faire basculer…

Le projet d’une fiction, inspirée de l’histoire de ma famille, a germé dès notre première conversation. Christophe et moi avons de nombreux points communs, nous sommes deux fils de la terre, le courant est de suite passé.

C’est un film engagé ?…

« Au nom de la terre » a clairement un message politique, mais dans le sous-texte. C’était très important de ne pas surligner mais d’être précis dans la reconstitution des décors, du matériel, des pratiques de l’époque. Par exemple, on voit que le grand-père pique ses moutons aux antibiotiques. Ce sont de petites touches mais elles sont parlantes. Si le film pouvait éveiller la conscience de nos concitoyens, ce serait formidable.

Tout, dans les gestes, les décors, semble paradoxalement très précis.

Le film est très détaillé. La déco, les costumes, tout ce qui est marqueur de ces années-là m’importait. C’était beaucoup de souvenirs. Chaque outil, chaque geste devait être exact.

Les paysages sont absolument grandioses.

Je voulais que le film ait le souffle d’un western moderne ; que l’on ressente la noblesse de la terre et du métier d’agriculteur et que l’on ait du plaisir à y voir circuler les personnages à vélo, à moto, à cheval ou en tracteur. Ils ont été difficiles à trouver tant ils étaient conditionnés par le choix de la ferme que l’on a fini par trouver aux confins de la Mayenne, dans la région qu’on appelle les Alpes mancelles. Cette ferme, elle est magnifique.

Jeune, vous n’avez pas envisagé de devenir agriculteur ?

Contrairement à son père, mon père ne m’a jamais imposé de le devenir. La priorité, c’était de bien travailler à l’école. J’ai ensuite fait Sport études mais j’ai très vite compris que je ne serais jamais champion cycliste, j’ai alors bifurqué en comprenant que je ne ferais pas carrière. J’ai commencé à écrire des articles sur le sport puis à réaliser des reportages pour France 3 Poitou-Charentes et je suis monté à Paris faire un stage à France 2, où je suis resté trois ans avant de passer à des magazines plus longs, sur d’autres sujets que le sport.

Vous savez, la terre est amoureuse. On ne la quitte pas comme ça. Quand j’étais journaliste, puis maintenant que je suis réalisateur, je trace mon sillon en parlant d’agriculture, je filme les hommes et les femmes qui la travaillent pour nous nourrir. La terre est pour moi une inépuisable source d’inspiration.

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