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Dossier : Mal-être en agriculture

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[Vidéo] Suicide des agriculteurs

« Dommage qu'ils en arrivent là »...


TNC le 24/09/2019 à 15:Sep
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Il ne s'appelle pas Louis mais Mickaël et au lieu de prendre son bus tous les matins, il se lève à 5 h 30 pour aller traire et nourrir ses vaches. Ainsi débute le deuxième clip publié, sur leur chaîne Youtube, par le groupe de jeunes vendéens Islais T Une Fois. Dès les premières notes, on reconnaît le succès des rappeurs Bigflo et Oli, rebaptisé Dommage "Agriculteur". Une parodie, aux textes et images percutants comme l'originale, qui vise à sensibiliser sur un fléau aussi important que celui des femmes battues : le suicide des agriculteurs et en particulier des éleveurs laitiers.

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Leur nom n’est pas sans rappeler un groupe de variétés françaises des années 70. Mais leur créneau, c’est plutôt les blagues, sketchs, reportages et courts-métrages, sur des thèmes divers et variés, qu’ils diffusent sur leur chaîne Youtube et leur page Facebook « Islais T Une Fois ». Plus récemment, ces quatre jeunes amateurs vendéens, originaires de l’île d’Yeu, ont décidé comme leurs homonymes de se lancer dans la chanson, parodiée toutefois pour conserver leur marque de fabrique. Pour leur 2e clip cependant, ils changent quelque peu de registre, passant à l’humour noir. Ils veulent en effet alerter sur un sujet grave : le suicide des exploitants agricoles et notamment des éleveurs laitiers.

Voir : Guillaume Canet aussi s’est engagé aux côtés du monde agricole pour combattre le suicide.

« Nous sommes très fiers de vous présenter cette vidéo de soutien aux agriculteurs », indiquent les jeunes gens en préambule qui espèrent, à travers elle, « défendre au mieux leur cause et faire réagir au maximum ». Dès les premières images, le ton est donné. Placardées en lettres blanches sur fond noir, deux phrases choc : « En 2016, le nombre de suicides chez les agriculteurs a été multiplié par trois »  et « un agriculteur s’est suicidé tous les deux jours » avec, pour les faire ressortir, certains noms en capitale et, pour accentuer encore l’effet funeste, un silence d’une vingtaine de secondes que viennent rompre le cri d’un coq et la sonnerie d’un réveil.

Des mots durs pour montrer une réalité qui l’est autant

5 h 30. L’heure pour Mickaël de se lever. Non pas pour prendre son bus comme Louis dans le succès des rappeurs Bigflo et Oli « Dommage », auquel les premières notes du morceau font immédiatement écho. Mais pour aller traire et nourrir ses vaches, « comme tous les matins, avec la même angoisse de travailler pour rien ». Car Islais T Une Fois n’entend pas seulement sensibiliser au fléau du suicide en agriculture. Le groupe de jeunes cherche à dénoncer le manque de revenu et de reconnaissance des producteurs laitiers, qui triment pourtant du matin au soir comme Mickaël dans la vidéo.

« L’angoisse », « la peur », « les soucis accumulés », « un avenir compliqué », « des gens pas défendus » : des mots durs pour montrer une réalité qui l’est tout autant, mais qui tranchent avec les belles images qui défilent de vaches à l’étable ou au pré, de bâtiments modernes et bien entretenus, abritant un troupeau de bonne taille auquel l’éleveur accorde toute son attention.

On aurait tous dû « leur dire que c’est un métier génial »

Pourtant, Mickaël, comme beaucoup d’autres, « espèrent encore être un jour entendu » même s’ils disent à leurs fils passionnés d’élevage de « trouver un vrai métier » car « le lait a de nouveau baissé ». « Ah, il aurait dû y aller », comme le chantent Bigflo et Oli, « ah, il aurait dû le faire, crois-moi, on a tous dit « c’est du travail, c’est du travail, pour être remercié comme ça ». Alors certains, à bout, commettent l’irréparable, « oubliant malheureusement qu’on est 60 millions de leur côté ».

« Ah », on aurait tous dû « leur dire (aux agriculteurs, NDLR) que c’est dégueulasse qu’ils soient dans la merde comme ça », regrettent les jeunes chanteurs amateurs. Et surtout « que c’est un métier génial et que c’est pas normal de gagner si peu ». « Pourquoi on leur donne pas la chance d’y arriver alors qu’ils sont si motivés », interrogent-ils. « L’État préfère oublier avec indifférence qu’un agriculteur meurt tous les deux jours en France »…

« Ah, il aurait dû y penser, crois-moi, on a tous dit « ah, c’est dommage, ah c’est dommage qu’ils en arrivent là ». Ces dernières rimes émanent d’un cimetière comme dans le clip de Bigflo et Oli. Les lettres blanches sur fond noir réapparaissent. « Travailler jusqu’à la mort sans être payé », « Ils ne veulent pas toucher l’or mais seulement du respect » : des messages de soutien poignants, d’autant qu’ils ne proviennent pas du milieu agricole mais du grand public. Comme l’ensemble de cette parodie, qui espérons-le va faire le buzz au-delà également du monde de l’agriculture. Alors n’hésitez pas à partager cette vidéo sur les réseaux sociaux, comme vous invitent à le faire ses auteurs pour qu’elle parvienne jusqu’à l’oreille de nos responsables politiques.

Le clip vient même de faire l’objet d’un reportage au Journal de 13 h de TF1 : 

 

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