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Irrigation, élevage

Quels sont les prélèvements et consommations d’eau en agriculture ?


TNC le 25/04/2024 à 05:00
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France Stratégie étudie les prélèvements et les usages de l'eau dans une note récente. (© Pixabay)

Dans une analyse parue en avril, France Stratégie fait le point sur les consommations et usages de l’eau en France. En 2020, les consommations d’eau étaient estimées à plus de 4,4 milliards de m3, l’irrigation agricole en représentant près des deux tiers.

Environ 30,2 milliards de m3 d’eau ont été prélevés en France en 2020, chiffre France Stratégie d’après les données déclarées à la BNPE et une estimation des prélèvements issus des forages domestiques.

Les consommations associées aux prélèvements, c’est-à-dire l’eau qui n’est pas localement restituée aux milieux naturels, ni disponible pour d’autres usages, représentent de leur côté 4,4 milliards de m3. L’agriculture en utilise 62 %, en très grande majorité pour l’irrigation, une très faible part relevant de l’abreuvement des animaux d’élevage.

Trois bassins versants, très équipés en irrigation, concentrent 87 % des prélèvements agricoles : Rhône Méditerranée, Loire-Bretagne et Adour-Garonne, sachant que ces prélèvements varient d’une année sur l’autre en fonction des conditions météorologiques.

3,3 milliards de m3 utilisés pour l’irrigation

En 2020, 11 % des prélèvements totaux sont destinés à l’irrigation, soit 3,3 milliards de m3dont 58 % dans les eaux de surface, et 42 % dans les eaux souterraines. « Cela représente environ 1 900 m3 d’eau prélevée par hectare de surface irriguée, soit 190 millimètres », indique France Stratégie. Si l’on regarde par unité de surface, les cultures qui demandent le plus d’eau sont les légumes, les vergers, le soja, le maïs et les pommes de terre, le maïs étant, en surface totale, la culture la plus irriguée (39 % de toutes les surfaces irriguées en France).

Quel usage des surfaces agricoles irriguées ?

France Stratégie estime également les usages des différentes surfaces irriguées à partir des flux de production publiés par FranceAgriMer. Ainsi, ces surfaces concernent d’abord les produits exportés (34 % des surfaces) pour l’alimentation humaine ou animale, puis l’alimentation pour les animaux (28 % des surfaces) et l’alimentation humaine (26 % des surfaces). Si l’on convertit les surfaces en volumes d’eau, « les volumes prélevés se font peu ou prou à parts égales (environ 30 % chacun) entre alimentation humaine, alimentation animale et exportations », note France Stratégie.

En 10 ans, une irrigation en nette progression

Entre 2010 et 2020, la part d’exploitations équipées et les surfaces équipées pour l’irrigation augmente de façon diverse et parfois substantiellement : elles évoluent ainsi de + 12 % dans le bassin Adour-Garonne, où la surface de maïs irrigué a diminué, mais de + 78 % dans le bassin Artois-Picardie, où l’irrigation était peu développée et devient de plus en plus nécessaire pour la culture des pommes de terre et des légumes d’industrie.

La différence entre prélèvement et consommation d’eau liée à l’irrigation dépend principalement du système utilisé. « Concernant la micro-irrigation, du fait de son efficacité, il est généralement considéré que presque toute l’eau est consommée, car incorporée par les plantes ou bien évapotranspirée. Pour ce qui est de l’irrigation par aspersion, une part de l’eau (entre 20 % et 30 %) dérive, est drainée et ruisselle ; une petite quantité rejoindra donc les milieux. Nous considérons que 10 % rejoindront in fine les milieux. Concernant l’irrigation gravitaire, des travaux conduits sur des systèmes d’irrigation gravitaire dans le sud de la France indiquent que de 40 % à 80 % de l’eau d’irrigation rejoint la nappe », indique France Stratégie dans sa note.

À la différence de l’eau utilisée pour l’industrie ou l’énergie, l’irrigation a la particularité d’être prélevée majoritairement entre les mois de juin et d’août, période au cours de laquelle les niveaux des nappes et des rivières sont au plus bas, rappelle France Stratégie, raison pour laquelle l’usage agricole de l’eau cristallise un peu plus les débats.