Accéder au contenu principal
Marché des céréales

La météo, grand arbitre des prix des céréales


AFP le 30/04/2024 à 17:41
513339b0-6-la-meteo-grand-arbitre-des-prix-des-cereales

Gautier Le Molgat d'Argus Media France souligne « l'écart conséquent » et « peu fréquent » des prix - plus de 20 euros - entre l'ancienne et la nouvelle récolte de blé, signe d'une réelle inquiétude pour les rendements en 2024-25. (© @bubu1664/Banque d'images FranceAgriTwittos)

Un coup de chaud en Russie, un temps sec au Kansas : les fluctuations des prix du blé et du maïs, qui ont brusquement grimpé avant de se stabiliser, sont essentiellement dictées par les prévisions météorologiques, à quelques mois des récoltes de l'hémisphère Nord.

« La météo est la clé, avec une sécheresse extrême signalée en Russie et dans certaines parties des États-Unis et des conditions trop humides signalées en Europe », affirme Jack Scoville, de Price Futures Group.

Les prix du blé ont bondi vendredi sur les marchés européens comme à la Bourse de Chicago, le prix de la tonne de la céréale du pain atteignant presque 212 euros en clôture sur Euronext sur l’échéance de mai. La tonne de blé tendre est grimpée à plus de 235 euros pour la nouvelle récolte, sur l’échéance de septembre, soit un plus haut depuis décembre dernier.

Cette hausse a été partiellement corrigée lundi et les cours, en légère baisse mardi, tendaient à se stabiliser en séance, autour de 208 euros pour l’échéance de mai, la plus rapprochée.

« Même s’il y a eu un peu de pluie ces derniers jours dans les grandes plaines céréalières du sud de la Russie, cela ne suffit pas à lever les inquiétudes. Il y a eu de fortes chaleurs et du vent – ce qui dessèche les cultures, en pleine période de pousse du blé -, et cela apporte du doute sur les perspectives de production », explique Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.

L’enjeu est majeur alors que la Russie est, de loin, le premier exportateur mondial de blé, avec des prévisions d’exportation de plus de 50 millions de tonnes pour la campagne en cours 2023-24, représentant près du quart des échanges mondiaux.

Gautier Le Molgat souligne par ailleurs « l’écart conséquent » et « peu fréquent » des prix – plus de 20 euros – entre l’ancienne et la nouvelle récolte de blé, signe d’une réelle inquiétude pour les rendements en 2024-25.

Achats marocains prolongés

La Russie a récemment légèrement augmenté ses prix, tout en restant en dessous des offres européennes et américaines, s’assurant de continuer à dominer les échanges.

Autres facteurs d’inquiétude, une météo sèche sur l’Oklahoma, le Texas et surtout le Kansas, premier Etat producteur de blé d’hiver américain : après une hausse « un peu disproportionnée » des prix, les fonds d’investissement, qui avaient parié à la baisse sur le blé, ont commencé à racheter pour couvrir leurs positions, indique Damien Vercambre, analyste chez Inter-Courtage.

Ces ajustements des cours interviennent dans une période traditionnellement calme. « On arrive bientôt à la période des récoltes chez les pays importateurs. Même si certaines seront faibles, cela comble une partie des besoins et ralentit les achats », précise-t-il.

Toutefois, la situation reste très critique pour des pays comme le Maroc, qui a subi six années consécutives de sécheresse. L’office national marocain ONICL vient d’annoncer qu’il poursuivrait jusqu’à la fin de l’année – et non jusqu’à fin avril – sa politique de subvention des achats de blé au regard de la faible récolte attendue cette année, rapporte le cabinet Agritel.

En pleine période de semis, le maïs est moins sujet que le blé aux fluctuations, mais a vu ses cours monter aussi en fin de semaine dernière. « La demande a été le moteur de la reprise », avec « une demande accrue » aussi bien au niveau national aux Etats-Unis qu’à l’exportation, selon Jack Scoville.

Côté oléagineux, les cours du colza sont soutenus en Europe par les inquiétudes sur la météo, avec des pluies risquant d’abîmer les fleurs jaunes et donc potentiellement les rendements de la graine à huile. Les prix de la tonne de colza sont montés lundi à 465 euros sur Euronext pour l’échéance la plus rapprochée, en août, au niveau d’octobre dernier, selon Agritel.

Le cours du soja a lui clôturé en légère hausse lundi soir, en raison d’un regain de demande pour le soja brésilien, selon Jack Scoville.