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Irrigation

Les eaux usées de Clermont-Ferrand sont recyclées pour irriguer 750 ha


TNC le 24/07/2019 à 06:05
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« La qualité de notre eau est équivalente à celle exigée pour la baignade », note Christophe Cautier, président de l'Asa Limagne noire. (©TNC)

Pionnière de la réutilisation des eaux usées traitées, l’Asa (Association syndicale autorisée) Limagne noire irrigue, depuis 1996, 750 ha de cultures. Son président, Christophe Cautier, espère que la nouvelle réglementation européenne n’entraînera pas de contraintes supplémentaires.

La plaine de la Limagne Noire est une bande de terre située au nord du département du Puy-de-Dôme. C’est là que depuis 1996, 55 exploitations céréalières irriguent leurs cultures grâce à l’eau recyclée d’une sucrerie et de la station d’épuration de Clermont-Ferrand. « La seule structure de cette importance en France et probablement en Europe », selon son président Christophe Cautier.

L’histoire commence peu après la sécheresse de 1976. À l’occasion d’un voyage en Californie, Christian Liabeuf, jeune cultivateur, et André Berthonnèche, président d’une sucrerie proche de Clermont-Ferrand, découvrent les pratiques de la municipalité de San Francisco : l’eau de la station d’épuration est utilisée pour arroser les espaces verts. À leur retour, les deux amis planchent sur un projet similaire. Objectif : alimenter en eau le réseau d’irrigation de la Limagne Noire, privée de ressources souterraines et trop éloignée de la rivière Allier.

Le projet voit le jour en 1996, après une levée de fonds de 5,4 millions d’euros. Un tiers est financé par les agriculteurs adhérents à raison de 1 800 €/ha. Le reste est pris en charge par la sucrerie et divers organismes publics. « La réutilisation des eaux usées traitées est coûteuse à mettre en place. Elle nécessite des infrastructures spécifiques », précise le président de l’ASA.

Une étude épidémiologique est menée de 1996 à 1999. Celle-ci ne révèle aucun impact sur la santé humaine, animale ou l’environnement. Aujourd’hui encore, des contrôles sont effectués toutes les semaines.

Un approvisionnement en eau garanti

« La qualité de notre eau est équivalente à celle exigée pour la baignade », note Christophe Cautier. Une propreté qui tient au processus employé pour l’épurer. À partir du 1er avril, 150 000 m3 d’eau de lavage des betteraves de la sucrerie Bourdon sont stockés dans 10 ha de bassins. Les ultra-violets du soleil détruisent alors naturellement les pathogènes ; l’eau ainsi nettoyée est ensuite progressivement épandue aux champs. Celle-ci possède même une valeur fertilisante non négligeable. Une fois les bassins vides, ceux-ci sont à nouveau remplis avec environ 30 % des eaux de la station d’épuration Clermont Métropole. Elles y finissent leur épuration selon le même procédé.

Le système présente l’avantage de garantir la disponibilité de l’approvisionnement, même si les consignes de restrictions d’eau, quand il y en a, sont appliquées « par solidarité ».

Autre atout, l’association ne paye pas de redevance à l’Agence Loire-Bretagne, « car nous finissons de dépolluer l’eau. Par rapport aux autres Asa, c’est une économie conséquente ». Avec un coût par hectare de 150 €, Christophe Cautier estime bénéficier d’un tarif « avantageux mais dans la fourchette moyenne ».

S’il se réjouit à l’idée que l’Europe encourage le développement de cette technique, Christophe Cautier espère ne pas voir se durcir la législation au plan national : « en France, on a souvent tendance à vouloir laver plus blanc que blanc, fait-il remarquer avec une pointe d’agacement. Aujourd’hui encore, on nous demande une mise en conformité alors que nous irriguons avec une eau dont la qualité est irréprochable. Nous avons plus de 20 ans de recul, et voilà que l’administration semble redécouvrir la réutilisation des eaux usées traitées. Soudainement, tous les parapluies s’ouvrent ».