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Bilan météo

Le printemps 2020 a été le troisième plus chaud depuis 1946


TNC le 15/06/2020 à 10:12
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Le printemps 2020 a été le troisième plus chaud depuis 1946. (©Pixabay)

Ce mois de mai très chaud a conclu un printemps lui-même très chaud. Le manque d’eau et un fort ensoleillement ont également fait parler d’eux… Mais pas partout. Frédéric Decker, météorologue à MeteoNews, fait le point.

« La fraîcheur des nuits de la deuxième décade de mai aura juste suffi à ne pas battre un nouveau record de chaleur mensuel. En effet, en dehors de cette période, un temps doux à chaud s’est imposé le reste du mois, avec un gros pic de chaleur en début de mois et les 35 degrés les plus précoces qu’ait connu la France métropolitaine, dès le 4 mai avec 35,4 degrés à Cambo-les-Bains. Pas d’excès ensuite mais une chaleur modérée très durable, notamment du 18 au 31.

Avec une moyenne de 16 degrés, mai 2020 se place en cinquième position des mois de mai les plus chauds, derrière 1990 et 2008 (16,1 degrés) et les deux mois records à égalité, les mois de mai 1989 et 1999 (16,2 degrés). À noter que mai 2017 a connu la même valeur moyenne que cette année.

Le minimum absolu national a été relevé le 12 à Erneville, dans la Meuse, avec – 0,8 degré. Quelques gelées tardives se sont aussi produites à Charleville-Mézières, Épinal et Luxeuil. En dehors de Cambo-les-Bains, le maximum national mensuel sur le réseau météo principal a été atteint le 4 à Biscarrosse avec 32 degrés. Sur l’ensemble du printemps météo, du 1er mars au 31 mai, la température moyenne nationale atteint précisément 12,86 degrés. Il s’agit du troisième printemps le plus chaud depuis 1946 derrière 2007 (12,88 degrés) et 2011 (12,92 degrés). À noter que ces deux printemps chauds et secs furent d’ailleurs suivis d’étés très mitigés et relativement frais…

Cet énième saison anormalement chaude s’inscrit parfaitement dans le contexte de réchauffement climatique moderne. La nouvelle normale (1991-2020) du mois de mai gagne 0,4 degré, passant de 14,5 à 14,9 degrés. Par rapport à la normale 1951-80, mai a même gagné 1,6 degré ! Quant au printemps, il a également gagné 0,4 degré entre la période 1981-2010 et 1991-2020, mais 1,7 degré par rapport à la trentaine d’années 1951-80 ! Les preuves du réchauffement climatique, plus rapide à l’échelon français qu’à l’échelon mondial, sont indiscutables !

Des pluies très irrégulièrement réparties

Alors que l’on parle de sécheresse de surface, les pluies à l’échelon national ne montrent pas d’écart particulier à la normale. La faute à une répartition régionale particulièrement inégale. Les pluies et orages ont été relativement rares en mai, mais le cumul moyen national atteint tout de même 58 mm pour une normale de 68 mm. Le déficit est donc assez modeste, de l’ordre de 15 %. Nous sommes donc bien loin des 24 mm de mai 2011 !

À lire aussi concernant l’état des nappes phréatiques au 1er juin 2020 : Une recharge « satisfaisante » en mai, exceptée sur une large partie du Nord-Est

La répartition géographique des pluies est atypique sur ce mois de mai 2020 : très sec au nord de la Loire mais très arrosé du sud-ouest aux Alpes jusqu’au Jura, avec des pics à plus de 150 voire 200 mm ! Sur le réseau de stations principales, Biarritz détient le record haut avec 150 mm de précipitations. Quant au record bas, il appartient à deux stations peu coutumières du fait : Dunkerque et l’île d’Ouessant avec seulement 2 mm de pluie dans le mois !

Les 164 mm de pluie tombés en moyenne nationale durant le printemps météo s’éloignent assez peu de la normale également : – 22 mm (et donc un déficit de près de 12 %). Mais là aussi avec une répartition très inégale : moins de 100 mm localement dans le département du Nord, dans le Perche et du côté de Colmar, mais plus de 400 mm sur le Pays Basque, la Montagne Noire ou encore les montagnes corses !

La sécheresse de surface qui découle de plusieurs semaines sèches concerne surtout les régions du nord et de l’est jusqu’en Auvergne. Au contraire, les sols sont encore saturés d’eau dans le sud-ouest où orages et pluies se succèdent en rang serré…

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Des records d’ensoleillement

Pas partout, mais des records d’ensoleillement sont parfois tombés au cours de ce mois de mai particulièrement lumineux. Le Touquet et Quimper ont ainsi connu leur mois le plus ensoleillé… tous mois confondus ! Avec respectivement 330 et 335 heures ! Et c’est Lorient, dans le Morbihan, qui détient le record national avec 337 heures de présence du soleil.

À l’inverse, comme souvent à cette période de l’année, le piémont pyrénéen détient les valeurs mensuelles les plus faibles, le minimum revenant à Pau avec 240 heures.

Avec 286 heures de moyenne nationale, mai 2020 se situe en deuxième position des mois de mai les plus ensoleillés, assez loin toutefois derrière le record de mai 1989 et ses 304 heures de moyenne nationale ! L’excédent atteint 32 %. Nous en sommes désormais au sixième mois consécutif excédentaire depuis décembre dernier !

Sur l’ensemble de la saison printanière, la France a reçu 683 heures d’ensoleillement pour une normale de 548 heures. L’excédent atteint donc 25 %. Quatre printemps restent devant le cru 2020 en termes de forte durée d’ensoleillement : 1953 (706 heures), 1955 (717 heures), 1997 (719 heures) et le record de 2011 (723 heures).

Un printemps donc particulièrement chaud sans battre de record, le quatrième plus ensoleillé, sec au nord de la Loire mais très arrosé vers le Sud-Ouest. La répartition de l’ensoleillement et des pluies atypiques est dû à l’omniprésence de l’anticyclone vers la Scandinavie, protégeant donc davantage le nord et l’est de notre pays. »

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