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Pommes de terre

Le collectif, meilleur modèle pour demain ?


TNC le 29/01/2020 à 14:26
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Après une campagne assez difficile pour les producteurs de pommes de terre, notamment en fécule, l’UNPT a réfléchi lors de son congrès, le 28 janvier, aux modèles de production qui permettront à la pomme de terre française de tirer encore son épingle du jeu demain. Pour réduire les coûts de production, les regroupements entre producteurs pourraient se développer de plus en plus.

« La campagne fut pour beaucoup d’entre nous très difficile », a rappelé Arnaud Delacour, président de l’Union des producteurs de pommes de terre (UNPT) à l’occasion du congrès annuel de l’organisation, le 28 janvier. Évoquant « la sécheresse conjuguée aux restrictions d’irrigation, les difficultés voire l’impossibilité d’arrachage, les contraintes règlementaires et sociétales », Arnaud Delacour a néanmoins rappelé aux féculiers, qui ont le plus souffert, que « leur choix de production est le bon et qu’il est pleinement en phase avec l’explosion des demandes en matières premières biosourcées tracées et renouvelables ».

Pour la prochaine campagne, l’UNPT incite à rester exigeant quant à la prise en compte des coûts de production dans les contrats, ce qui ne semble pas être le cas dans les premiers contrats proposés. Quant au frais, l’organisation appelle « à la modération dans les emblavements car nous connaissons les conséquences catastrophiques sur les prix payés aux producteurs d’un faible niveau de surproduction », rappelle le président de l’UNPT.

Se regrouper pour diminuer les coûts de production

Les difficultés des dernières campagnes encouragent donc l’UNPT à se tourner vers l’avenir et à réfléchir aux modèles de production les plus durables pour la filière. « Il faut que les producteurs se regroupent de plus en plus, sur du matériel d’arrachage par exemple, mutualiser, pour surmonter l’étape de coût de production », estime Benoît Lhote, producteur en pommes de terre féculières. Même point de vue pur Thierry Foy, producteur en frais. Il estime quant à lui que les surfaces devront être limitées, entre 5 et 30 hectares pour un producteur seul, et qu’il faudra éventuellement aller chercher davantage la valorisation, en circuit court, ou en se regroupant pour aller conquérir certains marchés à l’export, explique l’agriculteur qui fait partie d’un groupement de producteurs qui rassemble 850 ha.

Pour Alain Dequeker, de l’UNPT, c’est d’abord le coût de l’énergie qui risque d’impacter le modèle de production, ainsi que la montée du protectionnisme. Globalement, il estime que « les grosses structures sont défavorisées, car en France, on a un vrai problème d’emploi » liées aux difficultés de recruter le personnel en milieu agricole.

Or, la diminution du nombre d’agriculteurs va continuer, tout comme l’agrandissement, a expliqué Philippe Bureau, du cabinet Idari. Aujourd’hui, 42 % des exploitations françaises représentent 87 % de la production en valeur de la ferme France, et seul le nombre d’exploitations au chiffre d’affaires supérieur à 250 000 euros est en augmentation. « Le développement des approches collectives et des outils collaboratifs va s’accélérer », prédit-il.

Un collectif à réinventer 

Mais ces modèles collaboratifs vont également devoir évoluer. « L’organisation collective n’a plus rien de celle d’hier », souligne le sociologue François Purseigle, spécialiste des mondes agricoles. Car avec la diminution du nombre d’agriculteurs, on ne peut plus imaginer le collectif de la même façon qu’hier. « Il faut faire des choix aujourd’hui quand on est seul et qu’on doit se dégager du temps », explique le sociologue qui rappelle que 53 % des exploitations ont désormais recours à la délégation, et 23 % des exploitations ont un recours à des salariés qui est prépondérant sur la main d’œuvre familiale. « La Cuma à la papa, elle va devoir évoluer ! », ajoute-t-il. Depuis 1993, le nombre de création de Cuma est en chute, tandis que celui de la création d’ETA est en augmentation constante. Pour François Purseigle, « on va aller vers des entreprises qui intègrent des fonctions jadis dévolues aux coopératives ou à d’autres acteurs, comme la commercialisation ». Sans compter qu’il y a désormais 10 % des exploitations qui sont des exploitations de firme, et que ces exploitations représentent 30 % de la ferme France et 28 % de l’emploi. « On a de nouveaux chefs d’orchestre, une nouvelle orchestration de la production », indique-t-il.

Voir également : François Purseigle : « Des agriculteurs conscients qu’ils peuvent disparaitre »

Quoiqu’il en soit, pour Arnaud Delacour, « sans une UNPT forte et respectée, il ne peut y avoir de vision stratégique collective et ambitieuse pour la filière française ». L’avenir de la pomme de terre française passera par un renforcement du maillon de la production, notamment via une représentation forte au sein de l’interprofession, ou via la recherche de synergies avec d’autres organisations de producteurs, a également expliqué le président de l’UNPT dans son discours de clôture.

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