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[Témoignage] Vivien François (55)

Casser le cycle des adventices avec la succession de deux cultures de printemps


TNC le 04/03/2022 à 18:05
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Après la succession orge de printemps - tournesol, Vivien François réfléchit aussi à tester maïs - pois.  (©Vivien François)

Dans une démarche de réduction du recours aux produits phytosanitaires, Vivien François a cherché une alternative à la « rotation classique lorraine colza - blé tendre d’hiver - orge d’hiver » et créé désormais une rupture pour le cycle des adventices notamment avec la succession de deux cultures de printemps : orge puis tournesol. Il nous explique plus en détails son système.

Limiter le recours aux produits phytosanitaires : « la démarche a été engagée par mon père via l’engagement dans une MAEC « réduction de l’IFT » (- 50 %) », indique Vivien François, installé sur l’exploitation familiale meusienne depuis 2014. Il fait part aussi d’impasses techniques avec l’apparition de certaines adventices compliquées à gérer : barbarées, scandix, géraniums, vulpins… 

Les deux agriculteurs travaillent alors à l’allongement de la rotation avec des cultures de printemps pour « alterner les périodes de semis et perturber le cycle de levée des adventices ».  

Plus d’infos sur l’exploitation de Vivien François : 
– SAU : 380 ha
– UTH : 2 
– Assolement : colza, blé tendre, orge d’hiver, orge de printemps, tournesol
– Types de sols : argilo-calcaire superficiel, limon argileux battant et argilo-limoneux profond 

Introduction du tournesol dans la rotation

Auparavant, l’assolement était composé de colza, blé tendre d’hiver et orge de printemps, avec quelques fois de l’orge d’hiver et en 2018, ils introduisent le tournesol : « une culture peu gourmande en intrants et un bon précédent pour le blé tendre suivant », souligne Vivien François. « On créé ainsi une rupture dans la rotation avec deux cultures de printemps consécutives : l’orge de printemps, qui nécessite un désherbage en végétation et un fongicide si besoin, puis le tournesol, avec un désherbage en végétation ». 

Cette pratique permet ainsi de « diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires tout en maintenant nos objectifs de rendement : 35 q/ha en colza d’hiver, 70 q/ha en orge d’hiver, 75 q/ha en blé tendre d’hiver, 60 q/ha en orge de printemps et 25 q/ha en tournesol. […] La pression graminées reste encore compliquée, mais c’est un travail sur du long terme sur l’exploitation », précise Vivien François. En blé tendre derrière tournesol, il a recours à un passage de Fosburi à l’automne par exemple. « La sole de colza a été divisée par deux et revenir seulement tous les 6-7 ans avec cette culture permet de limiter les impasses techniques. »

Évolution des différentes catégories d’IFT (total, herbicide et hors herbicide) pour l’exploitation de Vivien François de 2015 à 2020. (©Dephy)

L’agriculteur souligne un point d’attention pour les années à venir : « l’exploitation est très démembrée avec des types de sol différents. Jusque là, on a cultivé le tournesol dans les « bonnes terres » mais à partir de l’année prochaine, on arrive dans des argiles lourdes et des secteurs plus froids… ». Il réfléchit alors à tester la succession de deux autres cultures de printemps : maïs et pois. Eu substitution du colza cette année, l’agriculteur tente aussi la culture de lin oléagineux :« j’en ai cultivé pendant trois ans et j’avais arrêté car la récolte est souvent compliquée… Mais les prix sont intéressants cette année, donc à voir ! »

Raisonnement à l’échelle de la rotation 

Avec l’insertion de cultures de printemps, le producteur compte « un camion d’azote en moins par campagne ». De plus, diversifier les cultures permet de « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » et de partager les risques. À noter toutefois : les marges peuvent se trouver fragilisées à cause des aléas climatiques très préjudiciables aux cultures de printemps… Pour le producteur, il faut « raisonner la marge économique à l’échelle de la rotation ». Et au moins un tiers de sa Scop est maintenu en blé tendre, qui reste une valeur sûre dans son secteur.

Vivien François fait partie d’un groupe Dephy et d’un groupe 30 000 sur la thématique de réduction des phytos : « les tours de plaine et les formations permettent d’échanger sur les pratiques et partager nos expériences », précise-t-il. Pour l’ingénieur de son réseau Dephy, « la diversification des cultures est à adapter aux caractéristiques du sol (praticabilité, hydromorphie… ). Il faut aussi raisonner son travail, la préparation réalisée pour les couverts va servir pour les cultures suivantes. Et l’implantation des cultures dans de bonnes conditions est primordiale ». L’agriculteur meusien indique « ne rien se refuser concernant le travail du sol. On est plutôt en travail simplifié, mais si nécessaire, on peut ressortir la charrue ».

Schéma décisionnel de la stratégie de Vivien François pour gérer les bioagresseurs dans son système de culture (©Dephy)

Dans un objectif de fertilité des sols, il revoit aussi la gestion des pailles : « avant on exportait tout, désormais on essaye le moins possible : on retire les pailles avant orge d’hiver pour éviter que leur dégradation consomme trop d’azote et on retire aussi celles d’orge d’hiver en vue du colza suivant. Pour compenser, on réalise un apport de 4 t/ha de compost avant les colzas ».

Retrouvez la fiche « Pratiques remarquables du réseau Dephy » sur ce sujet : « Allongement de la rotation avec la succession de deux cultures de printemps ». Et bien d’autres sur le site EcophytoPIC.