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Pluies abondantes

« En six mois, nous avons eu l’équivalent d’une année de pluviométrie »


TNC le 05/04/2024 à 18:02
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Sols saturés (© © TNC)

Depuis octobre, les cumuls de pluie, dans la plupart des régions de France, sont exceptionnels. Dans l’Yonne, Brice Veaulin a dû adapter son assolement à ces conditions météo et est inquiet pour ses colzas, les pieds dans l’eau en pleine floraison. En Charente, Vincent Buard témoigne aussi d’une année compliquée.

85 %. C’est l’excédent pluviométrique enregistré sur la France en mars 2024. Et le début du mois d’avril suit pour le moment la même trajectoire. Des régions comme le Limousin et la Bourgogne se trouvent sous les eaux depuis le week-end dernier.

Brice Veaulin est céréalier à Rogny-les-Sept-Ecluses, dans la vallée du Loing (Yonne). Ses terres ne se situent pas sur les zones inondées cette semaine dans son département mais avec les pluies tombées depuis octobre, les sols sont saturés. Depuis le 16 octobre, la pluie a été omniprésente. « En six mois, nous avons eu l’équivalent d’une année de pluviométrie. Je suis sur des sols hydromorphes, et donc les années humides, ce n’est pas bon ! ».

Les cultures ont les pieds dans l’eau. (© Brice Veaulin)

En système de culture simplifié, il avait réussi à semer ses blés la première quinzaine d’octobre, avant les pluies. Mais pas ses orges prévues début novembre. Il a trouvé un créneau il y a une dizaine de jours pour en implanter 30 hectares mais certaines terres étant trop humides, il a du faire une croix sur certaines parcelles. Aujourd’hui, ses orges peinent à sortir, le sol est trop tassé. « J’ai dû revoir mon assolement, et je ne peux pas tout remplacer par du maïs et tournesol, sinon j’aurai trop de cultures de printemps. Pour la diversité des cultures, je préfère prendre les 5 points et donc laisser quelques parcelles en jachère. Il vaut mieux « geler » que d’implanter une culture qui ne va pas être rentable ».

Depuis 6 mois, impossible de rentrer dans certaines parcelles chez Brice Veaulin. (© Brice Veaulin)

Il a dû aussi renoncer à ses pois et féveroles. Quant aux surfaces prévues en maïs et tournesols, il va lui falloir encore être patient. Impossible de rentrer dans les parcelles avant 2 à 3 semaines tellement elles sont saturées d’eau. « Depuis la mi-octobre, nous n’avons rien pu faire. La portance des sols rendait tout travail impossible. Il n’y a donc pas eu d’aération des sols, pas de fumier épandu… »

Quand à ses colzas, voilà maintenant trois semaines qu’ils ont les pieds dans l’eau, justement au moment de la floraison. « J’ai déclenché l’assurance aléas climatiques. J’attends l’expert ».

Patience et réactivité

En Charente, Vincent Buard comptabilise plus de 900 mm depuis le 20 octobre et 180 mm sur mars-début avril. Le risque septoriose est à surveiller sur ses blés.

Pour ses semis de maïs et tournesols, il avait réussi à préparer ses terres autour du 20 mars, mais depuis, environ 80 mm sont tombés. Et avec eux l’espoir de semer avant la mi-avril s’est envolé :

Pour la grande majorité des agriculteurs en France, patience et réactivité sont de mise pour les prochains jours. Au 1er avril, 86 % des orges de printemps étaient semées contre 100 % en 2023 à la même date selon Céré’Obs, et 65 % étaient levées.

« Depuis 6 mois, tout est en stand-by et quand on a un créneau de deux jours, il faut tout faire. Il faut faire preuve de patience et être réactif quand la fenêtre météo se présente, car elle est courte ! », confirme Brice Veaulin. Et une nouvelle problématique apparaît pour lui et les agriculteurs en Cuma : comment faire tourner le matériel en si peu de temps sur toutes les fermes ?