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Projet Luz'Co

Le collectif, un outil pour développer les légumineuses en France


TNC le 31/03/2021 à 06:14
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Pour faciliter le développement des légumineuses en France, le fait de se regrouper en collectif d’agriculteurs pour expérimenter, gérer, investir apparaît comme une option intéressante. Pour autant, l’accompagnement humain de ces groupes reste stratégique.

« L’accompagnement a été un point clef dans toutes les initiatives avec des échanges pérennisés dans le temps », s’est exclamé Aurélie Garcia-Velasco, chargée d’étude environnement et machinisme à la FRCuma Ouest. Le 27 janvier dernier, lors de la journée organisée par le GIS Relance agronomique intitulée « Contribution de l’agriculture à l’atténuation du changement climatique », elle présentait les résultats d’analyse du projet Luz’Co. Ce dernier vise à « favoriser l’émergence, la consolidation et la démultiplication des démarches collectives autour des légumineuses », explique-t-elle. En travaillant sur différents groupes d’agriculteurs en France, le projet a mis en évidence l’importance du collectif dans le développement des légumineuses pour diverses raisons.

Une chute des surfaces en légumineuses en France depuis les années 1960 (©GIS relance agronomique)

Le collectif pour diminuer les risques

Le collectif permet « d’optimiser les chantiers de récolte, de sécher les fourrages, de nouer des échanges gagnants-gagnants entre éleveurs et céréaliers et de se questionner, se former tout en expérimentant en groupe, observe Aurélie Garcia-Velasco. L’hypothèse majeure de départ était donc qu’en s’appuyant sur des solutions collectives, les agriculteurs pouvaient lever certains freins techniques et économiques à la mise en place de ces légumineuses fourragères sur les exploitations ! ».

La chargée d’étude décrit des « besoins complémentaires entre céréaliers qui veulent améliorer leur sol, et/ou diversifier leurs rotations, et des éleveurs qui désirent être plus autonomes, avec des fourrages de qualité et qui ont parfois des excédents de fumier ». Il fallait donc créer des échanges au niveau du territoire et surtout comprendre ce qui faisait que ces échanges durent dans le temps. « Lorsqu’ils sont centralisés, ces derniers sont pérennes. Il s’agit aussi de poser des règles de fonctionnement au sein du collectif et de négocier les contrats en commun », continue Aurélie Garcia-Velasco.

Des échanges gagnants-gagnants autour de la luzerne entre céréaliers et éleveurs. (©GIS relance agronomique)

Un cadre de travail à établir

De plus, il est nécessaire de réfléchir en amont à « équilibrer l’offre et la demande » avec en aval une « adaptation des moyens logistiques et du matériel ». L’experte rapporte que « pour voir une évolution positive des surfaces, il faut trouver du matériel spécifique » et donc investir. Céréaliers et éleveurs ont donc tout à gagner dans ces échanges. Mais le facteur humain reste primordial dans l’animation de ce collectif, notamment au travers de l’accompagnement lors de sa création et de son fonctionnement. Sur le site internet du projet, des agriculteurs témoignent et des fiches ont été établies. Les « bons conseils » pour la réussite du projet tournent toujours autour de l’animation. « Travailler en collectif et en particulier acheter du matériel en commun permet de réduire la prise de risque financier. Mais pour que le projet fonctionne bien, il faut savoir être ouvert, tolérant, à l’écoute des attentes, des besoins, du ressenti des autres et être patient car la dynamique collective est plus lente que le fonctionnement individuel(1) », peut-on y lire par exemple.

Pourquoi les légumineuses se développent peu en France ?

Malgré des intérêts unanimement reconnus, plusieurs freins actuels au développement des légumineuses en France ont été identifiés par Aurélie Garcia-Velasco, chargée d’étude environnement et machinisme à la FRCuma Ouest. Ces cultures nécessitent de « maîtriser l’implantation, le salissement et la récolte », selon elle, et donc au départ de « prendre un risque » économique, avec « des rendements qui peuvent varier » les premières années. Ces changements entraînent une charge de travail supplémentaire et un apprentissage de nouvelles conduites agronomiques, nécessitant un effort pour l’agriculteur. Sur le plan technique et économique, les communautés propres à soutenir le changement sont peu nombreuses. Tous ces éléments mis bout à bout expliquent la difficulté à réimplanter des surfaces en légumineuses, surfaces qui ont fortement baissé depuis les années 60, en lien avec l’intensification.

(1) LuzcoFiche_Cuma4Saisons_OK.pdf – Google Drive