Dommages et intérêts confirmés en appel contre Laboral Terra
AFP le 20/06/2025 à 09:37
Les dommages etintérêts de plus de 100 000 euros au total accordés en première instance à quatre ex-travailleurs agricoles ont été confirmés par la cour d'appel de Nîmes jeudi, à l'encontre des gérants de la société de travail temporaire espagnole Laboral Terra, a-t-on appris jeudi auprès de l'avocat de l'une des plaignantes.
Condamnés à cinq ans de prison dont trois avec sursis en 2021, notamment pour travail dissimulé, Diego Carda Roca et Sonia Ferrandez Fullera, les époux à la tête de la société espagnole, aujourd’hui en liquidation, avaient ensuite été condamnés en 2023 à dédommager leurs quatre anciens salariés.
Le tribunal correctionnel d’Avignon avait ainsi ordonné le versement de près de 32 000 euros (dont 23 000 au titre du préjudice économique et financier et 5 000 pour préjudice moral) à Yasmina Tellal, devenue une figure de la lutte contre l’exploitation des travailleurs étrangers dans l’agriculture.
Le tribunal avait également accordé des dommages et intérêts de 31 400 euros, 22 700 euros et 20 900 euros aux trois autres plaignants (un homme et deux femmes), soit 106 818 euros au total.
Ces dommages et intérêts ont été confirmés jeudi par la cour d’appel de Nîmes, a précisé à l’AFP Me Yann Prevost, avocat de Yasmina Tellal, 42 ans, salariée de Laboral Terra dans le sud de la France de 2012 à 2018. En prime, la cour a condamné à verser à chaque victime la somme de 1 500 euros au titre des frais de justice supplémentaires.
« À un moment, il faut dire « Basta ! » »
Les deux dirigeants, qui avaient interjeté appel du jugement de première instance, n’étaient ni présents ni représentés lors de l’audience en appel le 22 mai. « Ma lutte, ce n’est pas que pour les conditions de travail, c’est pour dénoncer la traite, les agressions sexuelles, les humiliations. À un moment, il faut dire « Basta ! » », avait déclaré après l’audience Yasmina Tellal.
En septembre 2020, devant les prud’hommes d’Arles, ces quatre salariés avaient déjà obtenu que Laboral Terra leur verse plusieurs milliers d’euros pour diverses irrégularités sur leurs salaires ou leur suivi médical.
À l’audience, en appel, avocats et plaignants avaient décrit des journées de travail de neuf heures « sans pause, où on mange en cachette », des semaines avec « sept jours de travail », des salades « qu’on coupe sans gants de protection », ou encore un contrat rompu à cause d’une grossesse.
Les sociétés d’intérim comme Laboral Terra sont généralement basées à l’étranger, notamment en Espagne. Des dizaines de milliers de travailleurs détachés venus d’Amérique du Sud, d’Europe de l’Est ou d’Afrique viennent chaque année en France, notamment pour tailler les vignes ou cueillir et emballer fruits et légumes.