La France doit « éviter d’être agressive sur l’accord UE-Mercosur »
AFP le 06/06/2025 à 15:45
La France doit éviter d'être « agressive » dans sa stratégie pour empêcher l'adoption du traité commercial entre l'Europe et les pays du Mercosur, a prévenu vendredi le patron de l'agence brésilienne de promotion des investissements dans le pays, au moment où Paris tente de bloquer sa ratification sous sa forme actuelle.
« La France ne peut pas faire de sa position une action agressive par rapport aux autres pays », a affirmé Jorge Viana au cours d’un entretien avec l’AFP, en marge d’un forum économique entre les deux pays à l’occasion d’une visite du président brésilien Lula à Paris.
« Etant donné les 200 ans d’amitié entre les deux pays, cette divergence peut être plus naturelle et moins forte, et pas une campagne contre un accord qui est souhaité par la majorité des pays » européens, a poursuivi cet ancien vice-président du Sénat brésilien dont les propos ont été traduits par une interprète, et qui appelle à un règlement « d’une façon plus apaisée ».
La France a multiplié ces derniers mois les initiatives européennes pour tenter de bloquer ce traité qui suscite une forte opposition du monde agricole.
« Nous approchons petit à petit du but » pour obtenir l’opposition ou l’abstention d’au moins quatre Etats représentant plus de 35 % de la population de l’UE, « nécessaire pour faire tomber l’accord, mais (…) nous n’y sommes pas encore », a déclaré le député EPR (Ensemble pour la République, centre) et ancien ministre de l’Agriculture Stéphane Travert, à l’initiative d’une réunion transpartisane à l’Assemblée nationale mercredi.
« Cet accord (…) fait porter un risque pour l’agriculture des pays européens », a aussi dit jeudi le président Emmanuel Macron devant son homologue brésilien qui a lui affirmé que cet accord « serait la meilleure réponse que nos régions puissent apporter face au contexte incertain créé par le retour de l’unilatéralisme et du protectionnisme tarifaire » de Donald Trump.
« Il y aura un coût très élevé pour l’Europe » en cas de droits de douane réellement appliqués par Donald Trump, a poursuivi Jorge Viana, appelant l’Europe et le Brésil à « additionner les deux plus grands blocs de production d’aliments au monde ».
Il s’est aussi dit convaincu que les inquiétudes du secteur agricole « peuvent être résolues » Signé avec l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay, l’accord doit permettre à l’UE d’exporter notamment plus de voitures, machines, spiritueux. En retour, il faciliterait l’entrée de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains.