« En bovin bio, impressionnant le bien-être au travail ! »
TNC le 02/06/2025 à 11:48
Selon une enquête de la Fnab, les éleveurs bio, bovins lait comme viande, auraient une meilleure qualité de vie. Des pratiques permettent de l’expliquer : la monotraite, les vêlages groupés, le recours aux vaches nourrices et le plus possible au pâturage… Témoignages de plusieurs jeunes producteurs.
Les producteursinterrogésdans le cadre duprojet Beebbio,mené par la Fnab (Fédération nationale de l’agriculture biologique), semblent apprécier leur qualité de vie en élevage bovin bio laitier et allaitant. C’est même un facteur d’attractivité pour les jeunes, et un levier pour renouveler les générations d’éleveurs. Plusieurs pratiques ont été identifiées comme favorables au bien-être au travail : la monotraite, les vêlages groupés, les vaches nourrices, le pâturage, etc.
La monotraite pour plus de qualité de vie
Selon eux, la monotraite fait gagner du temps tout en améliorant l’état corporel des animaux et la valorisation du lait et de la viande. « Je la pratique autant que possible. En termes de confort de travail, c’est impressionnant ! », lance Anthony, qui élève des Normandes à Morbaix dans le Nord. Une race déjà présente sur la ferme, à laquelle il s’est « attaché ». « Elle est belle avec ses lunettes et rustique. Elle valorise très bien l’herbe et permet également de produire de la viande. »
Je veux voir grandir mes enfants !
Chez Fabien à Riec-sur-Belon dans le Finistère, la monotraite est même « l’un des axes fondateurs » de la structure. « En la calant à 10 h, nous pouvons emmener nos enfants à l’école. » À Vieilleville en Loire-Atlantique, Maréva a aussi adopté cette technique pour se dégager du temps, et profiter des vacances et des week-ends. « Il y a moins d’astreinte, il est plus facile de se faire remplacer », met-elle en avant, ajoutant : « Les vaches sont moins sollicitées et nous pouvons les faire vieillir le plus possible. »
Plus facile de se faire remplacer et prendre des congés
La jeune éleveuse ferme aussi sa salle de traite deux mois l’hiver. Adorant la neige, elle peut ainsi partir à la montagne. Pour elle et son mari, auquel elle est associée, l’entraide avec les voisins est en outre essentielle. Quentin, installé à Magny-le-Désert dans l’Orne, aime lui « le ski et la plage » et prend quatre semaines de congé, comme ses deux associés, à différentes périodes de l’année.
Quatre à six semaines de vacances par an.
Ici, pourtant, c’est deux traites par jour. Mais en société, avec six salariés, il est facile de partager le travail et se relayer. « Avoir du temps libre faisait partie de nos objectifs », insiste l’agriculteur qui parvient, toutes les semaines, à se libérer pour ses loisirs : la musique et la course à pied. Travaillant en société avec deux salariés, Fabien et ses deux associés atteignent, quant à eux, six semaines de vacances chaque année, deux l’été et une par petites vacances scolaires.
« Je veux voir grandir mes enfants !, lance-t-il. Je me consacre pas mal à ma famille, j’ai des engagements locaux et associatifs et quand je peux, je joue au tennis. » De son côté, Anthony est passionné de moto, s’entraîne pour un triathlon et est administrateur d’une association. En plus, il a créé une microbrasserie artisanale. Quentin, Fabien et Maréva arrivent même à faire parfois la sieste !
« Le pâturage, c’est moins de travail »
Il faut dire que les quatre jeunes éleveurs maximisent le pâturage. « Le moins chronophage ! », estime Anthony. « Nous souhaitons que nos bêtes soient dehors dès que possible et bénéficient d’une alimentation à l’herbe », complète Maréva. Plusieurs élevages sont en vêlages groupés. Fabien les planifie en août/septembre pour être en phase avec la restauration scolaire qu’il approvisionne, en plus de quelques particuliers, en yaourts fabriqués à la ferme.
« Les vaches taries sont en pause comme les enfants », image-t-il. La partie non transformée de la production est collectée, en circuit long, par Biolait. Même chose pour Quentin, pour 50 % du volume produit, l’autre moitié servant à fabriquer des yaourts, crèmes desserts, fromages blancs vendus en direct « pour pousser l’autonomie encore plus loin ».
Vêlages groupés et vaches nourrices
Il ne regroupe toutefois pas les vêlages afin de « répartir le travail sur toute l’année », d’autant que l’atelier de transformation fonctionne sans interruption. Autre source de gain de temps : l’utilisation de vaches nourrices. « C’est moins de travail !, confirme Anthony. Pour l’instant, cette année, je n’ai donné à boire à aucun veau. Or, nous sommes en période de vêlage. Ils sont en pâture, dans une petite cabane, et les vaches font le boulot à ma place ! Il n’y a qu’à surveiller un peu. »
Elles font le boulot à ma place !
Par ailleurs, ces producteurs cherchent à être autonomes au maximum, en produisant toute l’alimentation ou presque sur l’exploitation. Quentin aimerait même améliorer son autonomie énergétique en installant des panneaux photovoltaïques. Pour ne pas perdre de temps enfin, Maréva a choisi de faire construire sa maison à proximité de l’élevage. « Les enfants peuvent nous rejoindre, seuls, à pied, l’idéal pour nous. »
Quand Quentin et ses associés, de même que Fabien, préfèrent ne pas habiter trop près du corps de ferme – « quand on est chez soi, on peut couper ! », justifie Quentin – Fabien étant plus proche que ses collègues car il s’occupe des animaux. Si Quentin ne se serait « pas installé autrement qu’en bio et pour la vie », Fabien se sent « avant tout éleveur » mais plutôt « en CDD ». « Même si je suis ravi de l’être à 100 % aujourd’hui, j’aurais peut-être envie d’autre chose un jour. »