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Prix de l'énergie

Une facture d’électricité multipliée par 4 chez certains éleveurs


TNC le 28/12/2022 à 10:05
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Au 1er janvier 2023, certains abonnements vont voir leurs tarifs multiplier par trois, voire par quatre ! (©TNC)

Les agriculteurs bénéficiant d'un compteur d'une puissance inférieure à 36 kVA bénéficient du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. Pour les autres, les tarifs vont sérieusement augmenter au 1er janvier 2023.

« Au tarif jaune avec 70 kVA consommés au compteur, le prix de l’électricité est multiplié par deux en moyenne en heure creuse, et 2,75 en heure pleine été et hiver confondu », détaille Jocelyn Vialla, éleveur laitier dans la Loire en évoquant le début d’année 2023. En plus des installations de traite, l’éleveur dispose également d’une unité de séchage en grange sur son exploitation. 

Je passe de 13,72 €/kwh à 57,84 €/kwh au tarif heure pleine l’hiver« On passera de 13,72 €/kwh en heure pleine en hiver, à 57,84 €/kwh ; la plus grosse augmentation. La hausse est tout de même vertigineuse ! Nous avons contacté Enedis qui nous indique que nous avons le plus bas tarif malgré la hausse et qu’ils ne peuvent rien faire », poursuit l’agriculteur, dont le compteur d’une puissance supérieure à 36 kVA ne lui permet pas de bénéficier du bouclier énergétique. 

Dans ce contexte, toutes les solutions sont bonnes pour effectuer des économies d’énergie : « on se pose la question de poser des tracker en urgence pour autoconsommer, ou diminuer notre consommation en faisant de l’ensilage plutôt que d’utiliser le séchoir en grange, gourmand en électricité… Mais cette solution nous ennuie car nous ne sommes pas équipés. Dans le pire des cas, ce sera l’arrêt de l’activité laitière… », regrette l’agriculteur. 

Dans les Ardennes, Jérôme Lenoir rencontre la même problématique. Avec un atelier de transformation sur son exploitation, difficile de se contenter d’un compteur de moins de 36 kVA. « Il y a dix ans, nous avons fait installer un compteur 48 kVA pour répondre aux besoins de la transformation laitière. Avec une chambre froide de 12 m², une cave d’affinage de la même superficie ainsi que la salle de traite et le tank à lait, le précédent compteur disjonctait. »

Difficile de répercuter les hausses sur les produits

Comme Jocelyn Vialla, Jérôme Lenoir ne bénéficie pas du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement. Au 1er janvier 2023, le prix de l’électricité en heure pleine en hiver sera multiplié par 4,3. L’éleveur, qui, sur les 370 000 l produits, en écoule 70 000 en vente directe ne voit pas comment répercuter la hausse des prix de l’énergie : « difficile de toucher aux prix de la laiterie, et pour la transformation à la ferme, je ne peux pas augmenter les prix de la sorte ! »

Avoir un compteur de moins de 36 kVA

Pour faire face aux augmentations de tarifs, il a fait le choix de changer de compteur afin de bénéficier du bouclier tarifaire. De 48 kVA, l’éleveur va passer à un compteur de 36 kVA : « lorsque je regarde ma consommation, je me rends compte que sur le mois de novembre, il n’y a que trois jours où nous avons dépassé les 36 kVA. Le compteur aurait sauté trois fois, alors on va faire en sorte de s’adapter. Je vais sûrement éteindre le tank pendant la traite, et essayer de décaler la transformation par rapport aux horaires de traite », explique l’éleveur, qui peut également compter sur un groupe électrogène d’une puissance de 63 kVA. Une partie de la transformation va aussi être abandonnée. « Pour faire de la crème de lait, il faut le faire chauffer pendant trois à quatre heures… C’est un petit débouché qui nous permet de faire 400 à 500 € de chiffre d’affaires par an, mais compte tenu du temps passé et de la hausse du coût de l’énergie, ça ne sera plus rentable. »

Le changement de compteur ne sera cependant pas immédiat. « On m’a annoncé un délai entre quatre et six mois pour bénéficier d’un nouveau compteur. Tous les artisans et commerçants qui sont sur des contrats industriels cherchent à changer de compteur pour bénéficier du bouclier », estime Jérôme Lenoir. Une fois le nouveau compteur installé, l’agriculteur bénéficiera d’un prix de l’électricité environnant les 17 € / kwh en heure pleine, soit tout de même une hausse de 23 % par rapport à son contrat actuel en intégrant la baisse de puissance.

Pour les éleveurs disposant d’un compteur de 36 kVA, et ayant opté pour des offres de marché, il est possible de retourner sur le tarif réglementé de l’électricité à condition que l’entreprise embauche moins de dix personnes, et réalise un chiffre d’affaires annuel, ou un bilan annuel inférieur à 2 millions d’euros. Mathieu Chevalier, éleveur laitier en Ille-et-Vilaine (35), en a fait l’expérience : « pour notre installation, nous avions opté pour le tarif jaune avec un compteur de 30 kVA, pour un prix autour de 12 €/kwh. Il s’agissait du tarif le plus avantageux chez EDF à l’époque, mais avec les hausses annoncées pour janvier 2023, cette option n’était plus du tout intéressante ! De 6 000 € de facture d’électricité annuelle, nous serions passés à près de 20 000 €, le prix du lait n’augmente pas dans ces proportions ! », commente l’éleveur qui a entrepris les démarches pour bénéficier du tarif réglementé au 1er janvier.