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Climat et biodiversité

Une agriculture de solutions au Salon 2022


AFP le 04/03/2022 à 13:35

Montrée du doigt pour son impact négatif sur le climat et la biodiversité, l'agriculture est aussi source de solutions, du matériau végétal aux circuits courts : tour d'horizon des pistes présentées au Salon de la l'agriculture.

Du végétal du sol au plafond

Guitare fabriquée en fibre de lin, assiettes en drêches de brasserie (résidu d’orge) : les coproduits de l’agriculture s’invitent dans les foyers, afin de diminuer le recours aux matières fossiles (pétrole, …), grâce aux matériaux biosourcés.

Pour l’illustrer, le salon de l’Agriculture propose une exposition qui fait le tour de la maison, avec une sélection de nombreux objets.

« 10 à 12 % de la matière travaillée par la chimie est une matière végétale », explique à l’AFP François Monnet, président de l’association Chimie du végétal.

La filière connaît une croissance de 5 % par an, pour un chiffre d’affaires d’environ 10 milliards d’euros sur le seul maillon de la chimie biosourcée.

Pour accélérer la croissance du secteur, François Monnet aimerait pouvoir s’appuyer sur la commande publique, comme le prévoit une loi de transition énergétique votée en 2015, dont la mise en application se fait toujours attendre.

Soja vertueux dans les auges

Alors que le soja fait presque figure de symbole de la déforestation, notamment au Brésil, les fabricants d’aliment du bétail ont signé mercredi un manifeste dans lequel ils s’engagent à importer 100 % de soja non-déforestant d’ici 2025.

Un enjeu majeur quand la France produit 400 000 tonnes de soja et en consomme 3 millions de tonnes chaque année.

« Les premiers résultats de l’observatoire Duralim » – une plateforme collaborative dédiée à la durabilité de l’alimentation de l’élevage – « montrent que sur 2019/2020, on a la garantie de non-déforestation sur 38 % des approvisionnements », a déclaré lors d’une conférence de presse Valérie Bris, responsable du pôle nutrition animale à la Coopération agricole (2 200 coopératives). Seul bémol, ce manifeste n’a pas valeur de contrainte.

« On n’a pas besoin de contraindre, les fabricants ont compris l’enjeu majeur » de la démarche, a affirmé François Cholat, président du Syndicat des entreprises de la nutrition animale (Snia).

Rendez-vous fin 2022 pour en juger : les signataires espèrent alors atteindre le palier de 50 % de soja importé non-déforestant.

Dorades et chinchards en circuit court

C’est le pari de Poiscaille, « la version marine du panier de légumes », issu d’une pêche durable et en circuit court, explique Charles Guirriec, son cofondateur.

Lancé en 2015, Poiscaille, c’est 180 pêcheurs, 18 000 abonnés et deux messages, dit-il : « C’est meilleur qu’ailleurs : 72 heures maximum entre le poisson sorti de l’eau et l’assiette » et la « garantie d’un meilleur revenu pour les pêcheurs, payés en moyenne 20 % de plus que le prix du marché ».

Le réseau ne fonctionne qu’avec des bateaux de moins de douze mètres et des professionnels qui n’utilisent que des techniques douces : lignes, casiers, pêche à pied, filets, mais « aucun chalut ou dragues » qui raclent les fonds.

« Avec notre système d’abonnement, on connaît à l’avance le volume dont on aura besoin. On prend tout ce qui est pêché : sole, turbot, bar mais aussi mulet, chinchard, vieille, des espèces oubliées ou peu valorisées », explique Charles Guirriec. Les colis sont livrés partout en France, essentiellement en points relais.

A Paris, Stéphane Jarreau achète toutes les semaines un panier de 20 euros – dont 10 vont au pêcheur -, qui contient un kilogramme de poissons ou deux kilos de coquillages. Conquis par la « fraîcheur rare » des produits, il est fidèle au réseau parce qu’« attaché à la mer et au fait que les pêcheurs puissent en vivre ».

« Recycler c’est dans ma nature »

C’est le titre d’une expo, qui raconte « 20 ans de recyclage » des emballages plastiques en agriculture.

Bidons ayant contenu des produits phytosanitaires, filets de vergers, ficelles, paillage plastique… Adivalor a fait des agriculteurs les premiers « trieurs » de leurs déchets, raconte son président, Christophe Grison, maraîcher-céréalier dans l’Oise.

Initiative de l’ensemble de la profession, la société collecte 22 types de déchets agricoles dont 90 % deviendront des sacs poubelle, du mobilier urbain ou des cagettes. « On fait bien mieux que le particulier, qui recycle à 28 % », souligne Christophe Grison.

« Nous avons récolté 89 000 tonnes de plastique en 2021 », auprès de « 300 000 exploitants », avec un bilan de « 72 000 tonnes d’émissions de CO2 évitées, ce qui correspond aux émissions de 32 000 véhicules sur un an », détaille-t-il.

Objectif : recycler 100% des plastiques agricoles d’ici 2030.