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Sécheresse

Un risque dont le coût va croître très vite ces prochaines années


AFP le 25/07/2019 à 13:06

Sur fond de réchauffement climatique, la  sécheresse est le sinistre dont le coût risque de croître le plus rapidement ces prochaines années, explique à l'AFP Stéphane Pénet, directeur des assurances de biens et de responsabilité au sein de la Fédération française de l'assurance (FFA).

Question : Dans quelle mesure les fortes chaleurs peuvent-elles avoir une incidence sur le secteur de l’assurance ?

Réponse : « Il y a d’abord l’impact sur les personnes, dont la santé peut être altérée par les fortes chaleurs. Sont concernés les contrats d’assurance santé, voire les contrats de prévoyance si jamais il y a des conséquences et des séquelles plus larges. Il y a les agriculteurs qui souffrent de la sécheresse à travers des pertes de récolte. Là aussi, l’assurance joue. Il y a des risques d’incendies qui s’accentuent et qui sont, là aussi, couverts par l’assurance. »

« Et puis il y a un risque dont on parle beaucoup moins, qui est celui de ce que l’on appelle l’effet de subsidence, sur les terrains et les sous-sols argileux. Il y a un rétrécissement du sol au moment de la sécheresse et lorsque les pluies d’hiver reviennent, le sol se regonfle et c’est à ce moment-là qu’on voit apparaître des fissures. Il y a toute une partie de la France où les maisons individuelles, construites sur des terrains argileux, subissent, après des sécheresses, des fissures qui rendent la maison parfois inhabitable, voire qui la voient s’écrouler. C’est un sinistre dont on parle peu et qui pourtant coûte très cher pour l’assurance. »

« En 2003, l’épisode de sécheresse extrêmement sévère s’est traduit par des dégâts liés à la subsidence qui ont coûté 2,3 milliards d’euros aux assureurs. Pour ce genre de phénomène, contrairement à une inondation où les dégâts sont immédiats, les choses sont plus longues. C’est en général six mois voire un an après que les sinistrés s’aperçoivent des conséquences de la sécheresse. Grosso modo, depuis quatre ans, ce sinistre coûte désormais chaque année entre 700 et 900 millions d’euros de dégâts assurés. »

Question : À l’heure où l’on parle de plus en plus du changement climatique, que disent les données des assureurs sur la réalité de ce phénomène ?

Réponse : « Depuis 10 ans maintenant, nous avons constaté une augmentation assez sensible dans les indemnisations que nous versons du fait d’aléas naturels. Dans cette augmentation, il y a à la fois l’effet climat et l’effet aménagement du territoire. C’est-à-dire que nous avons de plus en plus de richesses dans notre pays qui se concentrent dans des zones vulnérables. Dans cet ensemble de dommages que nous versons, un tiers environ correspond à la sécheresse et à ce phénomène de subsidence. Et ce que nous disent aujourd’hui les climatologues, c’est une étude que nous avons montée en 2015 à l’horizon des 30 ou 40 prochaines années, c’est que la sécheresse va être le sinistre dont le coût va croître le plus rapidement dans les prochaines années. L’inondation reste le péril le plus important, puisqu’il représente aujourd’hui environ 50 % de ce que nous versons, mais la sécheresse va croître de plus en plus rapidement. Donc c’est un phénomène sur lequel nous sommes extrêmement attentifs et vigilants. »

Question : Sur le plus long terme, que disent les études de prospection sur l’évolution des catastrophes naturelles ?

R : « Elles nous disent que le poids des dommages causés par les aléas naturels va pratiquement doubler ces 25 prochaines années, par rapport aux 25 dernières années. Dans ce doublement, il y a deux périls très dynamiques. Il y a la sécheresse où le coût des indemnisations, si rien n’est fait, risque d’augmenter de l’ordre de 150 %. Il y a aussi la submersion marine, lié cette fois à un tout autre phénomène qui est celui de l’augmentation du niveau de la mer. »