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Déclin économique de l’agriculture

Un rapport du Sénat déplore l’absence de politique de compétitivité


TNC le 29/09/2022 à 17:45
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La Commission des Affaires économiques du Sénat alerte sur la perte de compétitivité de la Ferme France. (©Sénat)

Dans un rapport d’information rendu public le 28 septembre, la Commission des affaires économiques du Sénat dénonce l’affaissement du potentiel productif agricole français et propose un « plan de compétitivité de la Ferme France » qui conjuguerait une politique de maîtrise des charges des agriculteurs avec un renforcement de l’attractivité des produits français à l’extérieur.

Les rapporteurs Laurent Duplomb (Les Républicains ; Haute-Loire), Serge Mérillou (Socialiste, Écologiste et Républicain ; Dordogne) et Pierre Louault (Union Centriste ; Indre-et-Loire) soulignent le déclin agricole de la France vis-à-vis de ses concurrents et l’érosion de son potentiel agricole. « Deux-tiers de ses pertes de marché proviennent de sa perte de compétitivité », qui résulte de plusieurs facteurs conjugués comme la hausse des charges pour les producteurs (coûts de main-d’œuvre, fiscalité…), le manque d’investissement qui limite la productivité, les accords de libre-échange, mais aussi les exigences sociétales élevées, indique le rapport.

L’échec de la politique de montée en gamme

Les rapporteurs pointent l’échec de la politique de montée en gamme prônée par Emmanuel Macron au lancement des États généraux de l’alimentation en 2017, et qui a contribué à la hausse des charges pour les producteurs, alors que les accords de libre-échange ont, en parallèle, encouragé l’entrée de produits « cœur de gamme ». On prône une montée en gamme de l’agriculture française et de l’autre, on laisse entrer des produits « cœur de gamme » plus facilement.

Maîtriser les charges

Les sénateurs préconisent donc d’actionner différents leviers permettant de maîtriser les charges : supprimer réellement les surtranspositions, réduire le coût de la main-d’œuvre (pérennisation et extension du TO-DE, aide aux investissements en mécanisation…), utiliser le levier fiscal pour doper la compétitivité, corriger les effets de bords de certaines mesures environnementales…

Favoriser l’innovation environnementale

Les rapporteurs recommandent également des mesures pour faire de la France « un champion de l’innovation dans le domaine environnemental », via des investissements plus conséquents (notamment dans France 2030), la généralisation de moyens de lutte contre les aléas, ou encore « simplification des conditions d’extension ou d’installation des sites de production, par un plan de relance productif de grande ampleur, encouragé par un suramortissement ou un crédit d’impôt ».

Conquérir les marchés et réduire la concurrence déloyale

Enfin, le rapport propose de conquérir de nouvelles parts de marché « en réformant le soutien à l’export et en s’appuyant davantage sur l’image de la marque France à l’international », mais également de « reconquérir l’assiette des Français » via un meilleur étiquetage et une plus grande transparence. En parallèle, la mise en place de clauses miroirs s’avère indispensable pour protéger l’agriculture française de la concurrence déloyale.   

« Les sénateurs tirent la sonnette d’alarme et craignent que sans changement de cap, la France agricole ne cesse de reculer, car ce qui est perdu aujourd’hui ne sera jamais récupéré. Les problèmes de compétitivité aboutissent depuis quelques années à une baisse très rapide des parts de marché à l’exportation alors que le marché mondial est en forte croissance, à un repli de la production agricole française dans de nombreuses filières et à une explosion des importations sur le marché « cœur de gamme », alertent ainsi les rapporteurs.