Transparence des marchés mondiaux : quel bilan pour le dispositif AMIS ?


TNC le 23/06/2025 à 15:46
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L’AMIS vise à améliorer la transparence des marchés agricoles et la coordination politique pour, notamment, réduire les phénomènes de volatilité. (© Grispb, AdobeStock)

Créé en 2011 à l’initiative du G20, le réseau AMIS vise à améliorer la transparence des marchés agricoles mondiaux et la coordination politique entre États. S’il ne dispose d’aucun pouvoir de régulation, ce dispositif multilatéral permet d’observer finement les dynamiques de marché et d’amortir les chocs en période de crise.

Que devient le réseau AMIS (Agricultural market information system), créé en 2011 sous l’impulsion du G20 à la suite des crises alimentaires de 2007-2008 ? Il était né de ce constat : l’opacité sur les marchés agricoles et des décisions politiques désordonnées, notamment des restrictions commerciales, avaient amplifié les phénomènes de volatilité sur cette période tendue.

L’AMIS avait donc deux objectifs : améliorer la transparence des marchés agricoles et la coordination politique. Le dispositif réunit pour cela des organisations internationales (FAO, Banque mondiale, OCDE, OMC, USDA, CIC…) et des pays acteurs (producteurs, consommateurs, exportateurs, importateurs) des marchés mondiaux du blé, du maïs, du soja et du riz.

Ceci afin de disposer d’un réseau d’informations sur la production, la consommation, les stocks et les flux commerciaux mondiaux de ces grains, tout en offrant un espace de dialogue entre les États.

Lors de la matinée « export » d’Intercéréales, en mars dernier, Alexis Poullain (FAO) est revenu sur les progrès obtenus depuis 2011 grâce à l’AMIS. Selon lui, la réunion de l’USDA, de la FAO et du CIC donne ainsi « aux acteurs du marché et aux décideurs politiques une vision plus fine de ce qui se passe sur les marchés ».

Dans des périodes critiques comme la pandémie de Covid-19 ou le début de la guerre en Ukraine, il estime que l’AMIS a « participé à rassurer sur l’état des disponibilités en grains et à empêcher un emballement susceptible d’aggraver la volatilité des prix et de bloquer le commerce. »

Les appels de l’AMIS à ne pas imposer de restrictions commerciales pendant la pandémie ont été entendus, se félicite-t-il : de telles mesures « n’auraient fait qu’aggraver la situation, elles ont été soit temporaires et de courte durée, soit complètement évitées ».

Alexis Poullain reconnaît néanmoins le pouvoir d’action limité du dispositif : « nous n’avons pas de capacité de régulation ou de punitionn. Le système repose sur la bonne volonté des États. Si un pays cesse de déclarer ce qu’il importe, exporte ou produit, l’AMIS est réduit à se reposer sur des sources publiques et n’a plus de valeur ajoutée en matière d’accès direct à l’information par les pays ».

Autre faiblesse : l’incapacité du réseau à empêcher les États d’imposer unilatéralement des restrictions commerciales.

Le contexte renforce encore les besoins auxquels répond l’AMIS. Ainsi, le changement climatique complique la lecture des marchés en accentuant les aléas de production : il « va amplifier les disparités et les besoin de commercer entre les régions ».

Le dispositif s’appuie sur la science et les nouvelles technologies. En collaboration avec son partenaire Geoglam, il combine par exemple données de terrain et images satellite pour affiner l’analyse des conditions de production.

Au-delà des outils, Alexis Poullain souligne que les enjeux scientifiques renvoient inévitablement à la question de la coordination politique : cultures autorisées à la production et à l’exportation, arbitrages entre usages alimentaires et énergétiques, etc. Autant de décisions qui doivent être harmonisées entre pays.

Pour lui, « l’étape primordiale reste de lever les barrières commerciales : faciliter les importations et les exportations est la première solution ».