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Assurance, épargne, contrats...

Se couvrir contre les risques, un réflexe à adopter par les agriculteurs


TNC le 04/04/2019 à 08:02
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Encore trop peu d'agriculteurs se prémunissent face aux différents risques pesant sur leurs exploitations. Pourtant, de nombreuses solutions existent, même si elles sont parfois complexes à mettre en œuvre.

Ils peuvent être climatiques, sanitaires, financiers, économiques ou encore médiatiques… les risques menaçant une exploitation agricole sont multiples et pèsent parfois lourd sur les trésoreries. Dans une étude présentée à la presse ce matin, la société de conseil en assurance Bessé dresse un panorama des outils à disposition des agriculteurs pour répondre à cette diversité de besoins.

« Il y a un véritable travail de pédagogie à réaliser auprès du milieu agricole, estime Fabienne Chapelain, responsable de l’amont agricole chez Bessé. Il faut amener les agriculteurs vers une culture de la gestion du risque. Mais pour que cela fonctionne, il faudrait d’abord que les différents acteurs de la gestion du risque en France se parlent ». Selon le cabinet, qui accompagne plusieurs groupes agro-industriels et coopératifs, « il n’y a pas une seule réponse homogène à proposer aux agriculteurs ». Autrement dit, différents leviers doivent se cumuler, privés comme publics. Et dans ce processus, Bessé estime que les coopératives ont un vrai rôle à jouer car elles peuvent négocier des solutions de façon groupées pour le compte de leurs adhérents.

Quelles solutions envisager ?

Le point sur quatre types de risques rencontrés par les agriculteurs et les solutions envisagées :

– Le risque climatique : Seulement un quart des cultures céréalières et viticoles sont assurées contre les risques climatiques. Pourtant, un dispositif existe, subventionné à 65 % : le contrat socle. S’il ne rencontre pas un franc succès, c’est qu’il engendre des freins importants : une franchise à 30 %, trop dissuasive, et un seuil de déclenchement des indemnités trop élevé, à 30 % des pertes. Selon l’étude du cabinet Bessé, l’un des leviers pour compléter ce contrat socle réside dans la fiscalité. « La réforme fiscale amorcée pour 2019 va permettre aux agriculteurs de constituer une épargne de précaution défiscalisée permettant de compenser avec souplesse les mauvaises années de récolte par les bonnes. Une opportunité d’autant plus nécessaire que, dans le cadre du dispositif des calamités agricoles, l’indemnisation n’est parfois versée qu’un an après les dommages », indique-t-on dans l’étude.

– Le risque prix : La libéralisation des marchés agricoles, la spéculation et les aléas climatiques provoquent de fortes variations des cours des matières premières, ce qui fragilise de nombreuses exploitations. « Le prix est la variable qui impacte le plus le revenu des agriculteurs », rappelle Michel Portier, fondateur d’Agritel. Pour se prémunir contre cette volatilité, les marchés à terme permettent de se couvrir. Mais si les contrats à terme fonctionnent bien en grandes cultures, ils sont encore balbutiants en élevage, notamment pour le lait. Pour en comprendre les rouages, il est indispensable de se former.

– Le risque sanitaire : Le Fonds de mutualisation sanitaire et environnementale (FMSE), créé en 2013, permet aux agriculteurs d’être rapidement indemnisés après un aléa (tuberculose bovine, pollution aux PCB…). En 2018, 14 000 exploitations agricoles ont été indemnisées, contre 1 400 en 2015. Un bilan plutôt satisfaisant, qui est complémentaire au fonds calamité (FNGRA) couvrant les aléas climatiques tels que le gel, la grêle ou les inondations, analyse le cabinet Bessé.

– Le risque médiatique : Glyphosate, bien-être animal… « la défiance croissante du public par rapport à l’alimentation, nourrie par les scandales, les controverses, une couverture médiatique anxiogène et la puissance des réseaux sociaux où tout peut être sujet à polémique rendent le travail des agriculteurs et de toute la filière agro-alimentaire beaucoup plus complexe », constate Amaury Bessard, expert en communication pour l’agence en conseil Shan. Il invite les acteurs de la filière à une profonde remise en question sur leur façon de communiquer, et travaille entre autres avec les Jeunes agriculteurs (JA) autour de la communication non-violente. Il prône les vertus des démarches collectives. « Le cas de l’association Franceagritwittos où l’on parle du métier d’agriculteur « sans filtres, sans clichés, en toute transparence… » est intéressant », estime-t-il.

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