Accéder au contenu principal
Sucre

Saint-Louis sucre ferme deux sucreries, 130 emplois menacés


AFP le 14/02/2019 à 18:48

L'industriel Saint-Louis Sucre a annoncé jeudi la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France en 2020 ainsi qu'une vaste réorganisation pour faire face à une baisse des cours du sucre, ce qui se traduirait par 130 suppressions d'emplois.

L’annonce a été faite jeudi lors d’un comité central d’entreprise à Paris. « Ce projet répond à la nécessité de s’adapter à la nouvelle donne du marché du sucre : libéralisation du marché européen depuis octobre 2017 avec la suppression des quotas, surproduction à l’échelle mondiale et chute des prix sans précédent sur les marchés mondiaux et européens », a indiqué le groupe, filiale de l’Allemand Südzucker, dans un communiqué. « Ce projet s’inscrit dans un contexte de pertes de la branche sucre du groupe Südzucker, l’amenant à devoir adapter ses capacités de production à la demande du marché européen », précise-t-il. Südzucker a enregistré un déficit de 83 millions d’euros sur sa branche sucre au troisième trimestre de l’exercice 2018-2019.

Les sites de Cagny (Calvados), Eppeville (Somme) et Marseille sont visés. L’usine de Cagny, qui emploie 85 salariés, cessera sa production de sucre au profit du stockage de sucre, mélasse et de la production d’alimentation animale à partir de mélasse, ce qui se traduirait par 77 suppressions d’emplois. À Eppeville, 122 des 132 salariés seront réaffectés dans les deux usines de Roye (Somme), située à une vingtaine de kilomètres. Les 10 autres effectueraient du stockage de sucre, sirop et mélasse et la déshydratation de pulpe. À Marseille, usine de conditionnement, les 58 salariés seront ramenés à 5 pour un recentrage de l’activité sur la production de sucre liquide.

« L’Europe avait un marché régulé mais la suppression des quotas de sucre en 2017 a encouragé les industriels à augmenter leur production de 30 %, ce qui a inondé le marché et fait baisser les prix », a déclaré à l’AFP Loïc Touzé, délégué syndical central FO, soulignant que Saint-Louis Sucre accuse aujourd’hui un déficit de 70 millions d’euros. Il dénonce toutefois le deux poids deux mesures entre les usines allemandes de la maison mère et les françaises. « Südzucker vient d’annoncer qu’il arrêtait de produire 700 000 tonnes de sucre par an mais c’est la France qui concentre l’essentiel des efforts avec 450 000 tonnes. L’actionnaire privilégie ses usines en Allemagne », regrette le syndicaliste, pour qui « d’autres solutions auraient été possibles sans fermeture d’usine ». Filiale depuis 2001 de Südzucker, premier sucrier européen, Saint-Louis Sucre emploie 770 salariés en France et travaille avec 4 733 planteurs de betterave sucrière. « Dans un communiqué, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a jugé cette décision « brutale » et appelé la préfète de la Somme à « réunir le plus rapidement possible toutes les parties prenantes » pour déterminer « si toutes les options ont été étudiées sérieusement » concernant le site d’Eppeville. « S’il apparaît que des investissements pour maintenir la production à Eppeville sont nécessaires, les collectivités locales et en premier lieu la région Hauts-de-France seront prêtes à participer à cet effort financier », a-t-il écrit ».