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Pacte Vert européen

Quelles politiques pour atténuer les conséquences fortes sur l’agriculture ?


TNC le 09/11/2021 à 06:00
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D'autres leviers politiques que la Pac seront necessaires pour attenuer les consequences du Pacte Vert sur la production agricole europeenne. (©TNC)

Atteindre la neutralité carbone en 2050, réduire de 50 % l’utilisation de produits phytosanitaires, 10 % de surfaces d’intérêt écologique… Les objectifs du Pacte vert européen vont avoir des conséquences importantes sur le secteur agricole. Pourtant, l’articulation avec la Pac n’est pas claire. Pour l’agroéconomiste Jean-Marie Séronie, d’autres politiques seront nécessairement mises à contribution pour limiter les conséquences négatives de la baisse de production liée à ces orientations décidées par la Commission européenne.

Les priorités du Pacte Vert européen inquiètent l’agriculture, et pour cause : réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, atteindre 25 % de surfaces en agriculture biologique et réduire massivement l’utilisation des engrais azotés et des produits phytosanitaire aura nécessairement des conséquences sur la production européenne.   

« C’est un acte politique majeur bien plus large que l’agriculture, puisqu’il concerne l’ensemble de l’économie et de l’Europe, avec l’ambition d’être un continent neutre au plan climatique, à l’horizon 2030 », explique Jean-Marie Séronie, agroéconomiste indépendant. À cette date, le continent ne devra émettre que ce qu’il sera capable de stocker, or la plupart du stockage aujourd’hui est réalisé via la photosynthèse, c’est-à-dire par la forêt, l’agriculture et les algues dans la mer, ajoute-t-il.

La Pac seule ne peut pas assumer les conséquences du Pacte vert

Les priorités du Pacte vert auront nécessairement « des conséquences extrêmement fortes et rapides sur l’agriculture », souligne l’économiste. Or, la Pac 2023-2027 est basée sur des orientations décidées avant l’élaboration du Pacte Vert par la nouvelle Commission européenne, et ses grandes lignes n’ont pas été modifiées depuis. « Ce qui laisse à penser, d’une part, que cette Pac sera intermédiaire, explique Jean-Marie Séronie, et que l’on va entamer très rapidement une véritable réforme en profondeur de la Pac ».

Et d’autre part, « il faut considérer que la politique agricole ne se résume pas à la Pac », ajoute-t-il. Tous ces objectifs environnementaux vont entraîner une baisse de production, comme l’a confirmé l’étude d’impact du Centre commun de recherche de la Commission européenne (JRC) cet été. « Si on ne fait rien, les coûts de production vont augmenter, donc les prix aux consommateurs aussi, et l’on risque d’importer davantage », poursuit l’agroéconomiste.

D’autres politiques en soutien aux objectifs environnementaux

Cependant, d’autres éléments vont se mettre en place en parallèle. Par exemple, dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne (à partir de janvier 2022), le président de la République a déjà fait savoir que la mise en place de clauses miroirs ferait partie de ses priorités. « Cela veut dire que l’on va se protéger aux frontières, non par les taxes, mais par les réglementations », explique Jean-Marie Séronie. Ce qui existe déjà, par exemple, pour la viande aux hormones produites aux États-Unis et interdite sur le sol européen. La politique commerciale sera donc un levier important pour protéger l’agriculture, en parallèle de la Pac.  

« De même, l’augmentation des coûts alimentaires pose problème pour les ménages les plus modestes. On réfléchit à un système de chèque alimentaire, de soutien à la consommation des ménages, pour qu’ils puissent accéder à des produits frais », indique aussi l’économiste. La politique alimentaire aura donc également un rôle à jouer, au niveau européen, pour soutenir les orientations du Pacte vert et ses conséquences.