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Eau, PTGE, résilience des filières

Quelles annonces de Jean Castex en conclusion du Varenne de l’eau ?


TNC le 01/02/2022 à 15:12

Après huit mois d’échanges et de réflexions, le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique a été conclu ce 1er février par Jean Castex. Pour une mise en œuvre rapide de ces travaux, le premier ministre a annoncé plusieurs décisions, notamment des investissements en faveur des technologies de rupture, une meilleure utilisation des infrastructures existantes, des modifications réglementaires pour accélérer la mise en œuvre des PTGE, à travers le renforcement du pouvoir des préfets.

Lancé le 28 mai, le Varenne agricole de l’eau et du changement climatique a achevé les 1er février ses réflexions autour de trois thématiques : gestion des risques, stratégie des filières pour l’adaptation au changement climatique, et mobilisation sécurisée des ressources en eau. Pour marquer l’importance de ce sujet pour le gouvernement, le premier ministre Jean Castex est venu conclure les restitutions et dresser les perspectives pour une mise en œuvre des recommandations des groupes de travail, aux côté du ministre de l’agriculture Julien Denormandie et de la secrétaire d’État à la biodiversité, Bérangère Abba.

Gestion des risques et nouvelles technologies

Saluant la dynamique et l’engagement des participants, le ministre de l’agriculture a demandé au chef du gouvernement des gages pour faire de ce Varenne de l’eau « un point de non-retour », ce qui doit se traduire par des décisions effectives. Ainsi, le projet de loi sur la réforme de l’assurance climatique va être examiné la semaine prochaine au Sénat, et si le gouvernement est prêt à des modifications, le Premier ministre « ne doute pas qu’un consensus sera trouvé ».

Concernant la transformation des filières pour une meilleure adaptation au changement climatique, des investissements dans les technologies nouvelles seront nécessaires pour y parvenir : cette conclusion du deuxième groupe de travail est partagée par Jean Castex qui a rappelé le soutien apporté par le plan d’investissements France 2030. Le financement de la recherche et du développement sera également augmenté, entre autres « pour favoriser le développement notamment des plantes plus résistantes à la sécheresse », a indiqué le premier ministre. Enfin, l’État cofinancera des initiatives locales allant dans le sens d’une plus grande résilience de l’agriculture face au changement climatique. 

Gestion de l’eau : la « science et la raison au cœur des réflexions »

Enfin, « si la ressource en eau doit être protégée, elle doit rester utilisable pour les autres usages, y compris l’usage agricole », a insisté le premier ministre, qui a annoncé un certain nombre de décisions concernant le troisième volet du Varenne, consacré à la gestion de l’eau. « Nous souhaitons une gestion la plus territorialisée possible, pour conduire les concertations indispensables, néanmoins une concertation ne peut pas durer 10 ou 15 ans », rappelle Jean Castex. Or les blocages sont encore nombreux, décourageant les projets. Le gouvernement prévoit donc de renforcer le rôle des préfets dans la conception et la mise en œuvre des PTGE (projets territoriaux de gestion de l’eau) en modifiant l’instruction de 2019, de sorte à permettre une décision de l’État lorsque la concertation n’a pas permis d’aboutir à un consensus. Les textes seront également modifiés « pour que les préfets puissent autoriser et encadrer les volumes prélevables en hiver », ajoute le premier ministre. En ce sens, le décret de juin 2021 devra être modifié rapidement pour intégrer les volumes différents en période d’étiage ou en période d’excès d’eau.

Jean Castex a également annoncé le lancement d’un inventaire exhaustif des ouvrages, pour « remobiliser les volumes stockés non utilisés ». La réactivation sera commencée sur une dizaine de territoires pilotes, puis élargie.

Le premier ministre souhaite aussi « faire émerger une nouvelle génération de dispositifs de gestion de l’eau », en utilisant une partie de l’enveloppe de 100 M€ du plan France 2030 pour financer les dispositifs innovants de pilotage intelligent des stockages de l’eau, et mener des expérimentations en matière de récupération des eaux de pluie diluviennes hivernales, et sur la réutilisation des eaux usées.

Sur ce sujet délicat et dans un contexte de raréfaction de la ressource en eau, il s’agit bien, pour le gouvernement, de « remettre la science et la raison au cœur des réflexions ». Pour garantir la mise en œuvre effective de ces dispositions, un délégué interministériel devrait être nommé prochainement avec la charge de les mettre en application dans les trois prochaines années. « Il nous faut concilier l’incontournable transition écologique et la non moins nécessaire création de richesse. Je ne doute pas que notre agriculture relèvera ces défis avec succès », a conclu le premier ministre avec optimisme.