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COP26

Quelle place a tenu l’agriculture dans les débats sur le climat ?


TNC le 16/11/2021 à 12:50
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Certaines décisions de la COP26 concernent l'agriculture. (©Pixabay)

La 26e conférence des Nations unies pour le climat (COP26) s’est achevée samedi dernier, actant plusieurs décisions comme la réduction de 30 % des émissions de méthane ou l’arrêt de la déforestation d’ici 2030, ainsi que des engagements pour soutenir le secteur agricole.

Si la COP26, qui s’est tenue du 31 octobre au 13 novembre au Royaume-Uni, s’est conclu sur un bilan mitigé, avec des mesures qui ne permettront pas de limiter à 1,5°C le réchauffement climatique, plusieurs avancées ont été actées concernant les énergies renouvelables, la volonté d’arrêter le charbon entre 2030 et 2040, ou les efforts pour atteindre la neutralité carbone.

Plusieurs décisions concernent également l’agriculture, comme l’objectif de réduire de 30 % les émissions de méthane d’ici 2030, un engagement signé par plus de 100 pays dont les États-Unis et l’Union européenne. Or, le secteur de l’élevage constitue l’une des principales sources d’émissions de ce gaz à effet de serre, en raison de la fermentation entérique lors de la digestion des ruminants.

Une centaine de pays, dont le Brésil, le Congo, le Canada, ont également pris l’engagement de stopper la déforestation d’ici 2030. Un financement public et privé de 16,5 milliards d’euros sera consacré à cette initiative. Le directeur général de la FAO a rappelé la nécessité d’allier la production agro-alimentaire — pour répondre aux besoins croissants des populations — et l’arrêt de la déforestation.

Une place nouvelle pour la sécurité alimentaire

Pour la présidente de la FNSEA, la COP26 constitue à ce niveau un « jalon historique », puisqu’il a été reconnu que la priorité doit être la préservation de la sécurité alimentaire. Le 6 novembre, les ministères de l’agriculture de tous les pays participants à la COP26 ont validé un programme « Action Commune de Koronivia pour l’Agriculture », qui contient des propositions comme la lutte contre l’artificialisation des terres, le maintien de l’élevage, le soutien à l’agropastoralisme, l’importance d’accompagner les transitions », explique Christiane Lambert.

45 pays se sont par ailleurs engagés à « passer à des modes d’exploitation agricoles plus durables » et « à transformer l’agriculture et les systèmes alimentaires à travers des réformes politiques, ainsi que la recherche et l’innovation, afin de réduire les émissions et de protéger la nature, tout en garantissant l’alimentation et l’emploi ».

L’initiative prévoit un financement de 4 milliards de dollars d’investissements dans l’innovation agricole pour des cultures résistantes, des solutions régénératrices pour les sols, abordables et accessibles pour tous les agriculteurs. Des mesures accueillies avec scepticisme par un certain nombre d’ONG, ou par Via Campesina (Mouvement international des organisations de petits et moyens paysans, dont est membre la Confédération paysanne), qui a notamment dénoncé la volonté d’intensifier l’agriculture sur de plus petites surfaces pour libérer de l’espace et faire des crédits carbone, ce qui pourrait entrainer l’expulsion de petits exploitants afin de planter des arbres sur leurs terres.

Vers une préservation de la biodiversité ?

Les pays ont également souligné l’importance de la biodiversité dans la lutte contre le changement climatique et la nécessité de préserver « l’intégrité des écosystèmes ». Cependant, aucune mesure réellement concrète n’a été évoquée, ni le lien avec l’agriculture qui est pourtant crucial, puisque les objectifs d’atténuation en matière de climat et la préservation de la biodiversité peuvent être concurrents, comme l’a souligné l’Institut du développement durable et des relations internationales, ou l’Inrae notamment sur le secteur de l’élevage.