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Géopolitique

Quel impact des tensions au Moyen-Orient sur le fret, le pétrole et le gaz ?


TNC le 19/04/2024 à 10:11
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Volume moyen quotidien des échanges maritimes (© © TNC)

Les attaques houthies contre les navires marchands en mer Rouge perturbent le commerce maritime mondial, tandis que les marchés des énergies restent fébriles face à la situation tendue au Moyen-Orient.

L’escalade des tensions au Proche et au Moyen-Orient ces derniers mois impacte les prix des énergies et le commerce maritime. À quel point ?

Le trafic maritime reste exposé aux perturbations en mer Rouge, explique Marc Zribi, responsable de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer.

Depuis fin octobre, les rebelles yéménites houthis, proches du Hamas palestinien, s’attaquent en effet aux navires marchands qu’ils jugent « liés à Israël » navigant au large du Yémen, en riposte aux attaques israéliennes dans la bande de Gaza.

Les Houthis ont notamment multiplié les attaques au niveau du détroit de Bab-al-Mandeb séparant la péninsule arabique du continent africain, et par lequel transite une part importante du commerce international, notamment le pétrole du Golfe à destination de la Méditerranée via le canal de Suez, et les matières premières en route pour l’Asie.

Face à cette situation, les primes d’assurance contre les risques de guerre pour les cargaisons traversant le mer Rouge ont augmenté.

Si bien que « la plupart des compagnies maritimes ont pris la décision de détourner les itinéraires par le Cap de Bonne-Espérance en contournant l’Afrique, que ce soit de l’Europe vers l’Asie ou dans le sens contraire », allongeant les temps de trajet et enchérissant les coûts logistiques.

Entre mars 2023 et mars 2024, le trafic maritime mensuel a baissé de 70 % dans le détroit de Bal-al-Mandeb et progressé de 80 % au niveau du Cap de Bonne-Espérance. (© FranceAgriMer d’après Portwatch)

Le prix du Brent en hausse depuis novembre

L’escalade du conflit israélo-palestinien ces derniers mois et ses répercussions ont aussi influencé les prix du pétrole.

Celui du Brent avait « progressivement évolué à la hausse depuis le début des tensions en mer Rouge, en novembre », reprend Marc Zribi, dépassant fin janvier 80 $/baril.

« On a atteint le week-end dernier (des 13-14 avril, NDLR) plus de 90 $/baril avec le pic de tension qui a été observé suite à l’attaque d’Israël par l’Iran, note-t-il, hausse qui a été très vite absorbée par les marchés pétroliers » sans doute en raison du caractère « très limité » de cet épisode de crise, et d’une demande qui « devrait rester dégradée ».

Après une frappe aérienne attribuée à Israël sur le consulat iranien à Damas (Syrie) le 1er avril, l’Iran avait riposté samedi 13 avril au soir par une attaque de drones et de missiles sur le sol israélien.

Le prix du Brent augmente progressivement ces derniers mois. (© Terre-net Média)

Depuis, « Les cours du brut sont restés hésitants ces derniers jours, dans un marché particulièrement fébrile face à la situation au Moyen-Orient », écrit notre expert Marius Garrigue sur Terre-net.

« L’attaque iranienne sur le territoire israélien n’a certes pas causé de dégâts majeurs, mais les incertitudes liées à la potentielle riposte israélienne et à une nouvelle escalade des tensions dans la région maintiennent une certaine fermeté dans le marché », ajoute-t-il.

Toujours à plus de 90 $/baril mardi 16 avril, le prix du pétrole Brent était redescendu autour de 87$/baril jeudi 18 avril.

Quant au prix du gaz naturel, « il se maintient à des niveaux bas même si le regain de tensions au Moyen-Orient a alimenté une hausse significative ces derniers jours », indique Marc Zribi.

Autour de 25 €/MWh le 3 avril, le prix du Dutch TTF, cours du gaz de référence en Europe, a dépassé 33 €/MhWh le 16 avril. Il y a là « un point de vigilance ». À noter aussi : l’impact « des attaques contre les infrastructures énergétiques en Russie » ces derniers mois, qui contribuent à légèrement augmenter les tarifs.

Mais « au niveau des fondamentaux, les marchés du gaz restent bien approvisionnés, nuance l’expert, car les stocks constitués à l’automne en prévision de l’hiver n’ont pas eu à être largement utilisés du fait de la douceur de l’hiver écoulé dans l’hémisphère Nord ».

Le prix du gaz naturel européen a grimpé ces derniers jours. (© Tradingeconomics)