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Bilan Agreste 2018

Production en baisse et prix en hausse pour la plupart des cultures


TNC le 16/05/2019 à 16:43
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Des récoltes en retrait par rapport à l'année précédente et des cours qui remontent : Agreste, le service de la statistique et de la prospective du ministère de l'agriculture, dresse un bilan similaire pour 2018 en céréales, oléoprotéagineux, pommes de terre et sucre.

Le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’agriculture, Agreste, livre les résultats 2018 comparés à l’année précédente pour toutes les cultures.

Production de céréales : en baisse, mais les prix montent

(©TNC)

1. Production céréalière française totale : – 8,8 % (à 62,5 Mt), la plus faible depuis 2007, en raison :

  • des conditions climatiques (chaleur et fortes pluies en janvier 2018, froid important en février, précipitations abondantes en mars et mai, sécheresse estivale marquée),
  • d’une réduction des surfaces semées en blé et orge.

2. Production de blé tendre : – 6,6 % (à 34,1 Mt) à cause :

  • d’une contraction des emblavements de 66 000 ha,
  • d’une baisse du rendement moyen de 5,4 % (à 69,7 q/ha), surtout dans l’ouest de la France.
  • mais une très bonne qualité : taux de protéine de 12 % et PS de 77,8 kg/hl (supérieurs à la moyenne 2013/2017), conformes au cahier des charges pour l’exportation.

3. Production de blé dur : – 16,9 % (à 1,8 Mt) du fait :

  • d’une diminution des superficies cultivées de – 4,3 %,
  • d’une érosion des rendements moyens de – 13,1 % (à 49,8 q/ha), principalement dans le sud du pays (- 37 % en Haute-Garonne par exemple),
  • avec une qualité hétérogène (PS inférieur à 74 kg/hl dans le sud-ouest et excédant 78 kg/hl dans le Centre-Val de Loire, mais un taux de protéine moyen élevé, égal à 14,5 % et dépassant la moyenne quinquennale).

4. Production d’orge : – 7 % ( à 11,2 Mt) suite :

  • au recul des surfaces emblavées de 6,8 %,
  • car le rendement est quasi stable (- 0,2 q/ha),
  • en revanche, la qualité est là.

5. Production de maïs : – 14,3 % (à 12,5 Mt, grain et semence), après une grosse collecte en 2017, ce qui s’explique par :

  • des rendements en net repli (- 13,2 q/ha à 88 q/ha),
  • malgré un maintien de la sole,
  • à noter : une partie des tonnages pourraient être valorisés en maïs fourrage pour compenser le manque d’herbe lié à la sécheresse.

6. Production céréalière mondiale : également en retrait (- 1,1 % à 2 081 Mt) pour la 2e année consécutive depuis le pic de 2017. Les faits marquants :

  • blé tendre : – 38 Mt
  • maïs : + 26 Mt (rendements record aux USA et en Ukraine)
  • les États-Unis restent le 1er producteur de céréales (441,1 Mt, + 2,1 %) et le 1er exportateur (96,8 Mt, + 4,8 %),
  • la Russie demeure le 1er exportateur de blé, même si elle a récolté 22,4 Mt de moins qu’en 2017 à 105,1 Mt, l’Ukraine pourrait cependant lui ravir ce rang car sa production a augmenté de + 3,2 Mt à 64,5 Mt.
  • La Chine est le 1er importateur mondial d’orge pour la 2e fois de suite et l’Union européenne le 1er exportateur.
  • malgré la croissance de la consommation, les stocks de fin de campagne en céréales reculeraient nettement à l’échelle internationale : – 53 Mt à 560 Mt.

7. Production céréalière dans l’Union européenne : – 7,5 %, en particulier en Allemagne (rendements fortement pénalisés par une intense sécheresse)

8. Cours en progression pour quasiment toutes les cultures :

  • blé tendre : + 41 €/t entre octobre 2017 et 2018 (à 198 €/t rendu Rouen, soit le niveau de prix le plus haut depuis le 2e trimestre 2013) en raison de la faiblesse de la production mondiale. Les prix ont commencé à remonter dès le 1er trimestre même si l’année 2018 avait débuté avec des prix très bas du fait d’une récolte 2017 excellente en quantité et qualité, notamment en Russie et en Ukraine.
  • Orge : + 53 €/t entre le 3e trimestre 2017 et 2018 (à 186 €/t pour l’orge de mouture rendu Rouen), suite à une demande mondiale porteuse, une maigre récolte et des stocks de fin de campagne en baisse de 18 %.
  • Maïs : + 21 €/t entre octobre 2017 et 2018 (à 165 €/t rendu Bordeaux) à cause d’une réduction de 20 % des stocks mondiaux de fin de campagne (imputable essentiellement à la Chine) et d’une demande américaine dynamique en biocarburants.
  • Blé dur : – 12 €/t entre octobre 2017 et 2018 (à 209 €/t rendu Port-la-Nouvelle), puisque la récolte est de mauvaise qualité dans le sud de la France mais progresse de 750 000 t au Canada, 1er producteur mondial.

Production d’oléoprotéagineux : en recul en France/en hausse dans l’UE et le monde

(©TNC)

1. Production française d’oléoprotéagineux : – 11 % (à 6,61 Mt), résultat d’une météo défavorable.

  • Colza : – 8,5 % (à 4,9 Mt), conséquence d’une chute des rendements de – 20 % (sécheresse pendant l’été, particulièrement dans le centre-ouest) en dépit d’une progression substantielle des surfaces,
  • Protéagineux : – 21,1 % malgré des rendements en augmentation en féveroles (+ 2,6 %) et en pois (+ 0,7 %), les emblavements ayant, eux, diminué (- 22,3 %).

2. Production mondiale d’oléoprotéagineux : + 29 Mt (à 604 Mt).

  • Soja : + 29 Mt (à 369 Mt), un record !

– Les USA sont toujours le 1er producteur (128 Mt).

– La Chine intervient dans 60 % des échanges internationaux, d’où un impact notable des tensions commerciales entre ce pays et les États-Unis sur le marché du soja.

  • Colza : – 3 Mt

– Le Canada devient le 1er producteur (aléas climatiques en Europe) et exporte 90 % de sa production.

– Un stock mondial de fin de campagne estimé à 6,3 Mt (- 6 %).

  • Les stocks mondiaux de fin de campagne grimperaient de 12 Mt (à 124 Mt) car la consommation n’a augmenté que de + 1 %.

3. Production européenne d’oléoprotéagineux : + 29 Mt (à 604 Mt).

Mais moins de 19,5 Mt de colza (conditions culturales très difficiles).

4. Les cours du colza en France (rendu Rouen) ont monté légèrement (+ 0,5 %).

Pomme de terre : la production se replie, les prix grimpent

(©TNC)

1. Production française de pommes de terre : – 6 % en conservation et demi-saison (à 6,1 Mt, ) et – 3 % en féculerie, mais dépasse de + 7 % la moyenne 2013/2017. En cause :

  • la météo a dégradé les rendements (- 10 % en conservation et demi-saison comparé à 2017 et – 8 % par rapport à la moyenne quinquennale) et retardé les premiers arrachages.
  • Elle a parfois entraîné des problèmes qualitatifs : phénomène de repousse qui peut déclencher la germination, déformer les tubercules ou amoindrir leur teneur en matière sèche.
  • les surfaces plantées, quant à elles, se sont étendues de + 4 % sous l’effet de prix corrects en 2017/2018 et d’une demande industrielle croissante.

2. Production européenne de pommes de terre : – 18 % (sous les 24 Mt) et – 8 % comparé à la moyenne sur cinq ans pour des raisons identiques à celles invoquées pour le retrait de la récolte en France.

Sur le même sujet :
Pommes de terre − Vers des emblavements européens record en 2019

3. Les prix enregistrent une belle progression sur un an mais dont les producteurs ne devraient pas profiter puisque 70 % des pommes de terre de consommation sont sous contrat. En outre, ils annoncent la restriction de l’offre prévue pour la nouvelle campagne.

Sucre : la production diminue, les prix augmentent,mais pas pour les planteurs !

(©Fotolia)

1. Production française de betteraves : – 15 % (à 39,2 Mt) mais 5 % de plus que la moyenne quinquennale.

  • Des rendements moyens à 80,9 t/ha, inférieurs de 15 % à ceux de 2017. L’explication : des conditions difficiles et des retards au semis, un stress hydrique durant l’été et l’automne qui ont, de plus, provoqué des problèmes sanitaires (maladies, teignes).
  • néanmoins, les surfaces implantées demeurent presque aussi importantes qu’en 2017 (484 000 ha), en dépit de l’arrêt des quotas sucriers.

2. Production française de sucre : entre – 0,6 et – 1,1 Mt.

3. Production européenne de sucre : – 2 Mt (en dessous de 19 Mt) du fait de rendements moindres.

4. Production mondiale de sucre : en berne également en Thaïlande et aux USA.

5. Les cours du sucre s’améliorent (baisse des excédents mondiaux) mais cela ne se répercute pas sur le prix des betteraves payé aux planteurs (production contractualisée bien avant les arrachages).

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