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Marché du blé dur

Pourquoi les prix ont grimpé de 40 €/t en un mois ?


TNC le 17/10/2019 à 16:00
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La qualité du blé dur français est excellente cette année. (©TNC)

Les disponibilités mondiales en blé dur sont attendues en baisse cette année, avec une forte diminution de la production en Europe. Les conditions climatiques que subissent les blés au Canada posent de sérieux problèmes et inquiètent les opérateurs, qui redoutent un important déclassement. La demande internationale reste soutenue et pourrait se reporter partiellement sur la France. Dans ce contexte, les prix ont grimpé en flèche !

Les résultats de la campagne 2019/2020 sont sans appel : l’année a été excellente pour le blé dur français en termes de qualité et de prix. D’après les derniers chiffres d’Agreste (au 01/10), la production se porte cette année à 1,57 Mt, soit – 12,8 % par rapport à la campagne précédente et – 12 % par rapport à la moyenne quinquennale. La production est en baisse, certes, mais les rendements sont excellents :  61,9 q/ha. Ce qui représente une hausse de 22,1 % sur un an et 19,4 % comparé à la moyenne 2014-2018. La baisse de production vient donc de la forte diminution des surfaces, avec près de 100 kha de moins. Les régions du sud de la France et du centre sont les plus impactées par le recul de la sole. Cette diminution, constatée également à l’échelle européenne, peut s’expliquer par le fait que le blé dur s’affichait à des prix qui n’étaient pas très avantageux par rapport à celui du blé tendre l’année dernière au moment des semis.

Les conditions climatiques ont été propices au bon déroulement des cultures, qui ont pu bénéficier d’un ensoleillement très important en début de remplissage et d’un climat sec en fin de cycle. Résultat : la qualité est excellente, tant d’un point de vue technologique que sanitaire.

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Au Canada, on pleure

La zone qui concentre toutes les attentions ces derniers temps, c’est le sud du Canada, dans l’état du Saskatchewan et de l’Alberta, mais aussi le nord des États-Unis. Le froid, les précipitations, voire la neige, ont eu tendance à retarder les récoltes. Des questions se posent maintenant sur la quantité mais surtout sur la qualité des grains récoltés. Certains opérateurs du marché estiment que plus de la moitié de ce blé dur pourrait être dégradé dans des classes 3, 4 voire 5, c’est-à-dire les moins bonnes classes du blé dur, qui ne sont normalement pas pastifiables (pour faire des pâtes, on prend du blé dur canadien de grade 1 voire 2).

Une production en baisse, des cours en hausse

De grosses inquiétudes règnent aujourd’hui sur le marché du blé dur, qui se tend d’une année sur l’autre. La production mondiale est annoncée à 35,7 Mt, soit – 6,4 % par rapport à la campagne précédente, et les stocks devraient être à leur plus bas niveau depuis cinq ans. Le ratio stock/consommation diminue de 3 points et se place à 24 %.

Dans ce contexte de baisse de production, les marchés ont très vite réagi aux nouvelles canadiennes de retard sur la récolte et de problème sur la qualité. Sur le marché français en Fob méditerranée, le blé dur qui a pris près de 40 €/t en un mois s’affiche autour de 260 €/t aujourd’hui ! Au Canada, les prix suivent la même tendance, avec une hausse des prix intérieurs de 30 $/t depuis fin septembre.

Les grands pays importateurs de blés durs, les pays du Maghreb, avec le Maroc et la Turquie notamment, ainsi que l’Italie (où la récolte a été décevante cette année tant quantitativement que qualitativement parlant), ne vont pas avoir d’autre choix que de se tourner vers les productions européennes de blé dur. Ce report partiel de la demande bénéficiera aux exportations françaises, qui ont d’ailleurs été revues à la hausse par FranceAgriMer, avec un total de 1,1 Mt exportées (+ 100 kt par rapport à l’estimation de septembre) dont 0,9 Mt vers l’Union européenne et 0,2 Mt vers les pays tiers.

Qualité du blé dur français 19/20 (Chiffres FranceAgriMer/Arvalis, au 01/10/19) :

  • un très bon poids spécifique (80,2 kg/hl en moyenne et près de 95 % des blés au-dessus des 78 kg/hl) ;
  • des indices de chute de Hagberg particulièrement élevés (en moyenne partout supérieurs à 350 s) ;
  • une teneur en eau basse (11,4 % en moyenne), ce qui assure une bonne conservation ;
  • un bon taux de protéines moyen, compte tenu du rendement élevé (13,9 %) ;
  • une vitrosité moyenne très bonne (92 %) ;
  • un faible taux de grains mouchetés (1,9 % en moyenne et presque toute la collecte à moins de 5 %), permettant de s’adapter à la totalité des cahiers des charges aussi bien sur le marché intérieur qu’à l’export.

 

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