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Matières premières

L’or et l’aluminium fondent, le sucre bondit


AFP le 17/12/2022 à 10:05

L'or a connu une semaine mouvementée, touchant mardi son plus haut prix depuis juin, avant de flancher avec les craintes de récession ravivées par les principales banques centrales.

L’or semblait « être sur le point de faire une percée très haussière après les données sur l’inflation américaine de mardi », commente Craig Erlam d’Oanda, le métal précieux culminant à environ 1 824,50 dollars l’once, un sommet depuis six mois. L’inflation américaine a en effet ralenti plus qu’attendu en novembre sur un an, à 7,1 % contre 7,7 % en octobre, laissant miroiter une hausse de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) moins agressive.

Mercredi, la Fed n’a effectivement relevé que de 50 points de base ses taux directeurs, contre 75 points lors de ses réunions précédentes.

L’institution a cependant rappelé sa détermination à combattre l’inflation, précisant d’ailleurs que les dernières données sur le sujet ne suffisaient pas à confirmer l’amorce d’une tendance à la baisse.

« La Fed a semblé mettre un terme à ces espoirs à court terme et une vague d’aversion au risque en fin de semaine a dopé le dollar et les rendements, ce qui a encore pesé sur le métal jaune », explique Craig Erlam.

En 2022, l’or a souffert du resserrement de la politique monétaire américaine, qui rend les obligations d’Etat plus rentables et pèse donc sur l’attractivité d’un métal sans rendement.

Vers 16h00 GMT (17h00 à Paris), l’once d’or coûtait 1 787,90 dollars vendredi, contre 1.797,33 dollars sept jours plus tôt en fin d’échanges.

Pic de sucre

Les cours du sucre ont grimpé sur la semaine, profitant d’une demande robuste alors que le marché semble être en mal de sucre brut.

Le sucre a culminé jeudi à New York à son plus haut prix depuis février 2017, à 20,73 cents la livre.

Pour Jack Scoville, analyste chez Price Group, la demande mondiale est « forte », et des problèmes d’approvisionnement perturbent l’offre. « La récolte a été retardée en Thaïlande », explique-t-il. « L’Inde produit du sucre blanc principalement à partir de matières premières importées du Brésil, de sorte que le marché semble être à court de sucre brut. » Selon M. Scoville, la tendance devrait cependant changer car « l’offre commence à augmenter ».

Au Brésil, pays qui se dispute la place du premier producteur de sucre au monde avec l’Inde, la production de sucre augmente selon l’analyste, car « les prix de l’éthanol ne sont pas rentables dans le pays » et des rapports font état de « l’utilisation accrue du maïs pour la production d’éthanol ».

Habituellement, un prix élevé du pétrole et des carburants incite les producteurs à transformer une partie de leur récolte en éthanol, ce qui réduit la quantité de sucre sur le marché et fait monter les cours. Mais la baisse des prix du pétrole a rendu la production d’éthanol à partir de sucre moins intéressante.

A New York, la livre de sucre brut pour livraison en mars valait 20,01 cents, contre 19,60 cents sept jours auparavant. A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison le même mois valait 545,20 dollars contre 541,40 dollars le vendredi précédent à la clôture.

L’aluminium terne

Le prix de l’aluminium a baissé sur la semaine à la Bourse des métaux de Londres (LME) lesté par les craintes de récession qui pèsent sur les métaux de base en général, conjugué au fait que le marché de l’aluminium semble largement approvisionné.

Le sentiment positif provoqué la semaine passée avec les annonces d’assouplissement de la très stricte politique sanitaire chinoise du « zéro-Covid », qui bride sa croissance et son activité industrielle, et donc sa demande en métaux de base, s’est dissipé, selon les analystes.

En parallèle, lors des dernières réunions de politique monétaires des principales banques centrales, l’accent a été mis sur la pression inflationniste toujours présente et la nécessité de poursuivre le combat contre la hausse des prix.

La Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed) ont par exemple laissé entendre que de nouvelles augmentations des taux directeurs étaient à prévoir, ravivant les craintes de récession mondiale. De quoi peser sur la demande en métaux industriels, liée à la santé de l’économie.

Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank, rappelle cependant que la production d’aluminium, particulièrement gourmande en énergie, a souffert de rationnement de l’électricité en raison de l’explosion des coûts, en particulier dans l’industrie métallurgique européenne et chinoise.

Mais « ces restrictions temporaires de la production en Chine ont été compensées par l’expansion de nouvelles capacités, ce qui signifie que la production globale d’aluminium est restée robuste », poursuit-elle.

Le marché étant bien approvisionné, les restrictions de production ne devraient donc pas soutenir les prix, selon l’analyste. Sur le LME, la tonne d’aluminium pour livraison dans trois mois s’échangeait à 2.397 dollars vendredi, contre 2.480,50 dollars à la clôture sept jours plus tôt.