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Exportations de céréales

L’ONU mobilisée pour que l’accord sur les céréales ukrainiennes continue


AFP le 17/03/2023 à 13:45
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L'Initiative céréalière de la Mer Noire a permis d'exporter des dizaines de millions de tonnes de céréales sur les marchés mondiaux. (©Pixabay)

Les discussions sur l'accord international sur l'exportation de céréales d'Ukraine, dont le maintien au-delà de samedi semble incertain en raison d'un désaccord entre Moscou et Kiev sur sa durée, se poursuivent, a indiqué vendredi l'ONU. (Article mis à jour à 15h43)

« Les discussions sont en cours », a déclaré la porte-parole des Nations unies à Genève, Alessandra Vellucci, lors d’un point de presse régulier à Genève. « Il y a un accord, il est public (…). L’accord prévoit un renouvellement pour 120 jours. Des discussions sont en cours et nous n’allons pas spéculer sur ce qui va se passer », a-t-elle ajouté.

Plus tôt dans la semaine, les Nations unies avaient indiqué que cette Initiative céréalière de la mer Noire, qui a permis d’atténuer la crise alimentaire mondiale, devrait être prolongée en l’état au-delà du 18 mars, même si la Russie en a divisé la durée par deux à 60 jours.

Moscou se plaint en fait qu’un second accord parallèle pour faciliter ses propres exportations d’engrais soit bien moins fructueux que l’« Initiative » et accuse les alliés occidentaux de Kiev de faire blocage.

Kiev a dénoncé l’annonce russe, l’accusant de « contredire » l’Initiative et renvoyant la balle à Ankara et aux Nations unies, ses « garants ».

Mme Vellucci a elle souligné que c’était aux pays de se mettre d’accord. « En tant qu’ONU, comme vous le savez, nous ne sommes pas l’un des trois signataires de l’accord. Les trois parties à l’accord sont les Etats membres (Russie, Ukraine et Turquie, NDLR) et les Nations unies sont les témoins de cet accord », a-t-elle dit.

Cette Initiative paraphée en juillet prévoit dans ses dispositions d’être « automatiquement prolongée pour la même période (de 120 jours) sauf si une des parties notifie à l’autre son intention d’y mettre fin ou de la modifier ».

Depuis lundi, l’ONU répète qu’elle fait tout pour sauver un mécanisme qui a permis de distribuer des dizaines de millions de tonnes de céréales sur les marchés mondiaux et d’apaiser la flambée des prix depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022.

« Facteur de risques » 

Mme Vellucci a souligné que le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres était lui-même engagé dans ces discussions. « Nous sommes engagés à tous les niveaux, oui. Vous savez qu’il s’agit d’une Initiative du secrétaire général, mais d’autres hauts fonctionnaires des Nations unies sont également impliqués. Tout le monde est mobilisé sur cette question importante », a-t-elle dit. « Nous sommes tous engagés dans ces discussions et nous voulons assurer l’intégrité et la continuité de cet accord », a insisté la porte-parole de l’ONU à Genève.

L’accord sur les céréales a permis d’apaiser la crise alimentaire mondiale déclenchée par la guerre en Ukraine, l’une des principales productrices mondiales. Plus de 29,1 millions de tonnes de céréales sont sortis de ses ports depuis juillet. En revanche, une toute petite partie des 260 000 tonnes d’engrais russes stockées dans des ports européens a pu être débloquée.

Sur le marché européen, les cours du blé et du maïs ont retrouvé leurs niveaux d’avant-guerre sur le marché européen et les oléagineux (colza, tournesol…) sont bien plus bas. « Pour l’instant, le marché parie sur le fait qu’on aura une prolongation de 120 jours. Si ce n’est pas le cas, les 60 jours proposés par Moscou seront utilisés pour poursuivre les négociations pour une reconduction plus longue », a commenté auprès de l’AFP Edward de Saint-Denis, courtier chez Plantureux & Associés.

Sébastien Poncelet, analyste au cabinet Agritel, a lui souligné que « si on arrive à l’échéance de l’accord sans avancée, en restant sur le proposition russe de 60 jours, (…) ce sera un facteur de risques, qui sera pris en compte par les marchés ». Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, a estimé lui que 60 jours, « ce n’est pas suffisant » pour affréter un navire et faire assurer la cargaison.