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Conjoncture viande bovine

Les prix augmentent encore, mais les charges aussi


TNC le 22/04/2022 à 09:34
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Les cours élevés de la viande bovine ne compensent pas la flambée des charges accentuée par la guerre en Ukraine. (©TNC)

La guerre en Ukraine accentue la flambée des prix à la production, et si les prix atteignent eux aussi des niveaux records, ils ne compensent pas l’explosion des charges en production de viande bovine.

Avec la guerre en Ukraine, les charges poursuivent leur très forte hausse, portant les coûts de production à des niveaux inédits. Alors qu’en février, l’indice IPAMPA viande bovine était déjà au-dessus du niveau record de 125,2 (soit + 15,4 % par rapport à 2021 et + 18,2 % par rapport à 2020), la hausse s’est poursuivie en mars, et les intrants devraient avoir encore augmenté par rapport à février, quand « l’indice des aliments achetés était supérieur de + 15 % /2021 et + 23 % /2020, celui des énergies et lubrifiants de + 42 % /2021 et + 38 % /2020 », souligne l’idele dans la dernière parution de ses Tendances Lait et Viande.

Ipampa viande bovine février 2022 (©Institut de l’élevage d’après Insee et Agreste)

Faible progression du cours des veaux de boucherie

Les prix des veaux gras progressent doucement, en mars et avril, atteignant 6,63 €/kg carcasse. Cependant, le prix de la poudre lait maigre et du lactosérum ne fait qu’augmenter depuis fin 2020 et cette augmentation s’accélère depuis le début de l’année avec le recul de la collecte laitière. Les hausses concernent également les céréales et la paille, avec le retour aux achats de la Chine (alimentation des élevages porcins) et surtout la guerre en Ukraine a fait flamber les cours de l’énergie.

Poursuite de la hausse des cours des JB

La flambée des coûts de production a relancé les sorties de jeunes bovins de type viande, plus nombreuses fin mars, alors que les prix haussiers les avaient jusque-là retardées. « En baisse de – 6 % /2021 sur les semaines 7 à 12, les abattages de JB viande ont bondi de + 10 % sur les semaines 13 à 14 d’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev. L’afflux devrait rester momentané car il s’agit simplement d’un décalage de sorties », précise l’idele. 

La hausse des cours reste stimulée par le manque de viande sur le marché européen, notamment allemand. En quatre semaines, les cotations françaises des JB ont gagné entre 12 et 19 centimes selon la conformation : celle du JB U a atteint 5,12 €/kg de carcasse en semaine 14 (+ 27 % /2021 et + 32 % /2020). Le JB R français cotait 4,96 €/kg en semaine 14 (+ 29 % /2021 et + 34 % /2020) et le JB O 4,54 €/kg (+ 36 % /2021 et + 38 % /2020), indique l’idele.

Cotation du JB U en France en avril 2022 (©GEB-Institut de l’Elevage d’après FranceAgriMer)

Les vaches laitières enregistrent les plus fortes hausses de prix

Les vaches laitières restent très demandées, ce qui tire le prix des réformes à la hausse. Ainsi, la vache O atteint 4,56 €/kg de carcasse en semaine 14, soit 43 % de plus qu’en 2021 et 55 % de plus qu’en 2020, tandis que le prix de la vache P progresse de 18 centimes pour atteindre 4,45 €/kg carcasse, soit + 49 % par rapport à 2021 et + 66 % par rapport à 2020.

Cotation de la vache O en France en avril 2022 (©GEB-Institut de l’Elevage d’après FranceAgriMer)

Un risque de nouvelle décapitalisation allaitante

L’augmentation des cours de la vache U, qui atteint 5,47 €/kg (27 centimes de plus en 4 semaines, soit une progression de + 17 % par rapport à 2021 et + 22 % par rapport à 2022), et de la vache R, avec 14 centimes de plus ces dernières semaines à 4,98 €/kg (+ 22% /2021 et + 33% /2020), « fait craindre une nouvelle accélération de la décapitalisation allaitante », souligne l’idele. « Au 1er mars, comme au 1er février, le cheptel de vaches allaitantes était déjà en baisse de – 2,9 % /2021 », ajoute l’institut.

Cotation de la vache U en France en avril 2022 (©GEB-Institut de l’Elevage d’après FranceAgriMer)

Inflation alimentaire : vers un recul de la consommation de viande ?

Déjà amorcée avant la guerre en Ukraine, l’inflation des prix alimentaires s’est accélérée avec le conflit et en mars 2022, « l’évolution de l’indice général des prix à la consommation harmonisé provisoire de l’Insee dépassait les + 5 % sur un an après + 4 % en février », rappelle l’idele, un fait inédit depuis 1996. Cette hausse concerne tous les produits, notamment l’énergie, mais l’alimentaire est les prix alimentaires ont progressé de  + 2,8 % par rapport à l’année précédente en mars 2022, et ceux des produits frais s’envolent de + 7,2 % par rapport à 2021.

La flambée des prix de l’énergie pèse sur le budget des ménages et sans aide spécifique, les plus modestes risquent de modifier leurs achats alimentaires.