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Congrès de l’AGPB à Compiègne

Les « nouveaux céréaliers » veulent un soutien étatique pour leur « transition »


TNC le 14/02/2019 à 18:52
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Pour son congrès 2019 à Compiègne, l’AGPB a présenté son plan de communication mettant en avant les « nouveaux céréaliers » incarnés par cinq agriculteurs. La section spécialisée de la FNSEA entend montrer au grand public tous les efforts des producteurs et leurs intentions pour produire mieux, en répondant à la fois aux demandes des consommateurs français, mais aussi aux exigences des clients internationaux. Au ministre de l’agriculture venu conclure ce congrès annuel, l’AGPB a demandé un plein « soutien » pour accélérer cette transition agroécologique.

« Fierté, qualité, innover, vocation, nourrir, protéger, terre » : l’AGPB a dévoilé, lors de son congrès 2019 les 13 et 14 février 2019 à Compiègne, dans l’Oise, sa campagne de communication pour mettre en avant « les nouveaux céréaliers » autour de ces sept mots-clés. Cinq producteurs – trois hommes et deux femmes – ont prêté leur image et leur voix pour cette nouvelle identité visuelle des producteurs de grandes cultures. Celle-ci vise à mettre en avant leur « fierté de nourrir la population » – « le cœur de notre métier » – mais aussi leur « souci de répondre à la demande sociétale pour une meilleure alimentation ».

Avec cette campagne de communication incluant des messages publicitaires dans la presse quotidienne gratuite parisienne et un site internet dédié, « les nouveaux céréaliers » de l’AGPB veulent communiquer sur leur « changement de paradigme ». À en croire la section spécialisée de la FNSEA, il ne s’agit plus simplement de dénoncer syndicalement « l’écologie punitive » et l’excès de normes déconnectées des réalités du terrain » par des manifestations coup-de-poing, mais de « faire des contraintes des opportunités » en valorisant la qualité de la production céréalière française et des pratiques.

La veille de ce congrès, les deux leaders de l’AGPB Philippe Pinta et Eric Thiroin ont présenté leur intention de construire une démarche RSE (Responsabilité sociétale des entreprises, NDLR) autour d’un label HVE (Haute valeur environnementale) pour lequel le syndicat demande une adaptation à la production céréalière.

                     Les cinq producteurs incarnant « les nouveaux céréaliers ». (©AGPB)

Lors des différentes séquences d’échanges qui ont ponctué la dernière matinée du congrès, Rémi Haquin, céréalier et président du conseil spécialisé céréales de Franceagrimer, a parfaitement illustré les préoccupations des céréaliers. « Nous travaillons au quotidien avec le risque riverain. Chaque jour, nous devons nous demander ce qu’on doit faire pour que la société accepte mon acte de production. Il y a une très forte attente des consommateurs. Mais nous sommes aussi sur un marché mondial très concurrentiel qui ne rémunère pas cela. Il faudrait dont un vrai plan Marshall pour opérer ce virage environnemental. »

« Pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs, l’État a toujours rajouté des normes », a poursuivi Eric Thiroin. L’AGPB demande ainsi à revoir certaines normes et contraintes, pour mieux les intégrer dans une certification source de création de valeur et de rémunération.

Un « programme » pour développer les retenues collinaires »

Pour l’un de ses premiers congrès d’agriculteurs, Didier Guillaume a su répondre aux céréaliers en leur apportant son soutien, sans toutefois leur répondre concrètement sur certaines revendications. « Votre engagement dans la HVE est une transformation majeure pour votre filière Le ministère sera au rendez-vous pour vous soutenir. »

Alors que la deuxième phase des Assises de l’eau est actuellement en cours, le ministre de l’agriculture a ainsi promis « un programme pour développer les petits barrages et les retenues collinaires » pour mieux gérer les épisodes de sécheresse. « Nous ne pouvons plus continuer à regarder la pluie tomber pendant six mois sans pouvoir l’utiliser, le cas échéant, les six mois suivants ».

« L’agriculture française sera irriguée. Sans irrigation, elle ne sera pas résiliente. »

Dans son discours, Philippe Pinta a rappelé au ministre la colère des céréaliers suite à la hausse de la redevance pour pollution diffuse sur les produits phytosanitaires. « Elle vous a fait mal. Elle a été mal calibrée », leur a-t-il répondu, s’engageant « à ce que 100 % de la taxe serve au secteur agricole dans son ensemble, et non seulement au développement de la production biologique. » Le ministre a aussi promis aux céréaliers qu’il n’y aurait « pas de nouvelle taxe » tant qu’il serait à son poste.

« Nous devons montrer que notre agriculture est la plus sûre et la plus durable du monde. Nous produisons les meilleurs produits du monde. C’est tout l’engagement que je veux mener à ce poste », a par ailleurs insisté Didier Guillaume, rappelant une nouvelle fois son rôle de « ministre bouclier contre l’agribashing ».