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Congrès de Coop de France

Les coopératives en quête d’un nouveau souffle


TNC le 19/12/2019 à 16:35
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Avec la libéralisation des marchés, la volatilité des prix, la fin des quotas laitiers et sucriers, les coopératives agricoles ont été confrontées ces dernières années à de nouveaux défis. Au-delà du travail sur le renforcement de l’efficacité économique, de la gouvernance, ou de l’accompagnement des adhérents, elles doivent également mettre en avant leurs atouts pour séduire les nouvelles générations d'agriculteurs.

Après le « grand débat » coopératif lancé en 2018 et qui a confirmé l’attachement des adhérents à leur coopérative, Coop de France poursuit la remise en question cette année en s’attelant à un défi de taille, le renouvellement des générations au sein de ses adhérents, de ses instances, et de ses salariés, alors que la moitié des exploitants agricoles vont partir à la retraite dans les 10 prochaines années.

L’attractivité du modèle coopératif était donc la thématique centrale du congrès de Coop de France, le 18 décembre. « Il faut prouver que notre modèle est un modèle d’avenir », a réaffirmé Dominique Chargé, président de Coop de France, dans un contexte où les attentes sociétales vis-à-vis de l’agriculture sont grandissantes.

Alors que 82 % des adhérents de coop recommanderaient à un jeune de rejoindre une coopérative, proportion qui atteint 90 % pour les salariés (chiffres issus du grand débat coopératif), les coopératives doivent communiquer sur les avantages de leur organisation. Même si le contexte a changé par rapport à la génération précédente, les coopératives ont toujours du sens, pour les jeunes qui font ce choix.

Répondre aux attentes des jeunes

« On hérite un peu de la coopérative, surtout en lait », témoigne Anne-Sophie Delassus, 30 ans, exploitante en bovins lait dans le nord de la France et adhérente de Sodiaal. Pour autant, « j’aurais quand même choisi d’être en coopérative », ajoute l’éleveuse, qui estime qu’il s’agit du « meilleur modèle pour mettre en avant l’ancrage au territoire et le lien avec les producteurs ». Mais pour que la coopérative intéresse le jeune, « il faut qu’elle soit performante, c’est la base. Après il faut qu’on mette en avant nos différences, être là pour nos jeunes en cas de crise, être un lieu d’échanges et d’écoute », poursuit Anne-Sophie, qui a très vite fait le choix de prendre des responsabilités au sein de la coopérative.

Pour Jannes Maes, jeune agriculture flamand et président du Ceja, l’organisation européenne des jeunes agriculteurs, les coopératives doivent s’adapter aux nouveaux besoins des jeunes. « Le plus grand changement, c’est la manière de faire l’entreprise, le travail est plus large, on doit s’occuper du marketing, de la connexion locale, de faire comprendre notre métier… ». Et le défi des coopératives, « c’est de montrer la valeur ajoutée, de montrer que même si l’agriculteur fait partie d’un grand groupe, il est encore un individu ». En misant aussi sur la fierté du produit de la coopérative. « Je ne suis pas productrice de lait, je fais des produits laitiers », explique Anne-Sophie Delassus. « En tant que coopérateur, on s’associe au produit de la coopérative, c’est un point essentiel », ajoute Dominique Chargé.

Pour Samuel Vandaele, président de JA et adhérent de Valfrance, la coopérative, c’est d’abord « une histoire d’hommes et de femmes ». En revanche, il faut selon lui rester vigilant pour entretenir cette proximité : « on se dit que les gens sont connectés, mais l’échange en tête à tête reste très important. C’est une vraie attente des jeunes ».

Construire avec les pouvoirs publics

Les coopératives ont donc les cartes en main pour séduire la nouvelle génération. La nouvelle identité visuelle, dévoilée par Dominique Chargé à la fin du congrès, traduit cette volonté de se projeter dans l’avenir et de mettre en avant l’individu, à travers le slogan « construisons ensemble un avenir pour chacun ».

Cependant, si les coopératives accompagnent leurs adhérents, elles demandent également l’accompagnement des pouvoirs publics. « Les agriculteurs s’adaptent, mais ils ne peuvent pas suivre le rythme effréné qu’on leur impose », a souligné le président de Coop de France devant le ministre de l’agriculture venu conclure le congrès.  

À Didier Guillaume, Dominique Chargé a rappelé « deux lignes rouges » qui inquiètent les coopératives. D’une part, l’ordonnance, issue de la loi Egalim, sur les prix abusivement bas qui donne « la possibilité de rendre judiciaire la relation entre l’adhérent et sa coopérative », d’autre part, la séparation de la vente et du conseil en matière de produits phytosanitaires, qui doit être effective à partir de 2021 et pour laquelle « nous demandons six mois supplémentaires », a indiqué le président de Coop de France.

Lire aussi : Un « modèle d’avenir » pour le gouvernement

Un point sur lequel le ministre a semblé ouvert : « pourquoi pas les six mois ? », a-t-il demandé, proposant d’y réfléchir « ensemble dans le cadre d’une coconstruction globale de ce que nous voulons faire en commun ». Didier Guillaume a ainsi expliqué que l’écriture de cette « nouvelle page de notre relation » aurait lieu à l’occasion du prochain salon de l’agriculture.