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Climat

Le nouveau plan de la France pour réduire ses émissions carbone d’ici 2030


AFP le 22/05/2023 à 12:04

Transports, bâtiment, agriculture, industrie, chauffage... La France, qui peine à accélérer sa transition énergétique, dévoile lundi un plan rehaussé de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030, en ligne avec les nouveaux objectifs fixés par l'Union européenne vers la neutralité carbone.

Ménages, entreprises, Etat et collectivités seront concernés, mais le gouvernement cherche une forme d’« équité » quant aux efforts immenses à fournir, souligne cependant une source à Matignon : « les petits font un peu, les gros font beaucoup et tout le monde fait sa part ».

Jusqu’à présent, la France visait – 40 % d’émissions d’ici 2030, par rapport à 1990. Ce sera désormais – 50 %, conformément au nouvel objectif fixé par l’UE depuis deux ans. Aujourd’hui, la France en est à – 25 %.

Techniquement, la réduction d’émissions « nettes », en incluant le carbone supplémentaire absorbé par les forêts et les sols (puits de carbone), devra atteindre – 55 % en 2030, qui est le chiffre fixé par Bruxelles dans son plan « Fit for 55 ».

Pour la France, cela signifie réduire les émissions deux fois plus vite qu’aujourd’hui, une gageure économique, sociale et financière. Un rapport commandé à l’économiste Jean Pisani-Ferry par la Première ministre, Elisabeth Borne, conclut lundi que les investissements massifs nécessaires à la transition climatique ralentiront la croissance et alourdiront la dette publique.

Le « plan d’action » sera dévoilé à 15 h par Elisabeth Borne devant le Conseil national de la transition écologique (CNTE), organe consultatif rassemblant sur ces sujets les acteurs de la société civile (ONG, syndicats, patronat, collectivités, parlementaires…).

Le pays, qui a émis 408 millions de tonnes équivalent C02 l’an dernier, vise 270 millions en 2030. Pour y parvenir, le plan mobilise tous les leviers jugés « crédibles », avec des objectifs fixés secteur par secteur (industrie, transports, bâtiment, agriculture, énergie, déchets…).

Les transports, premier poste d’émissions en France (environ un tiers du total), et le logement (18 % des émissions, résidentiel et tertiaire confondus) recèlent les plus fortes marges de progrès.

Covoiturage, électrification des véhicules, remplacement des chaudières au fioul et au gaz… la Première ministre, chargée de la planification écologique avec, à ses côtés, un secrétariat général spécialement dédié, détaillera ses pistes, certaines déjà engagées, d’autres encore à formaliser.

Qui paiera ?

L’année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée en France depuis 1900. Alors que les effets du changement climatique s’accélèrent dans le monde, la France doit aussi lancer mardi sa nouvelle stratégie d’adaptation, pour faire face à un réchauffement qui pourrait y atteindre les 4 degrés d’ici à la fin du siècle.

Les émissions françaises ont reculé depuis les années 1990, sur fond de désindustrialisation et d’exportation de nos émissions, mais le pays a gardé un retard dans son rythme de baisse. Cette situation lui vaut deux contentieux en justice pour inaction climatique, le premier porté par la commune de Grande-Synthe (Nord).

Dans ce dossier, le Conseil d’État a de nouveau mis début mai le gouvernement sous pression pour qu’il fasse plus, exigeant de nouvelles mesures dans les un an. L’Etat de son côté compte sur un meilleur bilan d’émissions sur ces dernières années, marquées notamment par le creux du Covid.

Dans le second contentieux, porté par le collectif d’ONG L’Affaire du siècle, la justice a déclaré l’État « responsable » de manquements à ses engagements et de « préjudice écologique », lui enjoignant d’agir plus fortement d’ici la fin 2022. Les ONG se déclarent désormais prêtes à retourner en justice, pour demander cette fois des pénalités financières avec astreintes.