Accéder au contenu principal
Usage des phytos

Le désarroi des producteurs face aux interdictions et à « l’usine à gaz » du CSP


TNC le 25/02/2023 à 14:55
fiches_Herve_Lapie

Avec d'autres représentants de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs, Hervé Lapie a rencontré Emmanuel Macron à son arrivée au salon de l'agriculture pour évoquer les difficultés subies par les producteurs quant à leurs moyens de production. (©TNC)

Secrétaire général adjoint de la FNSEA, Hervé Lapie a rencontré Emmanuel Macron à son arrivée au salon de l’agriculture, pour défendre les sujets de préoccupation des céréaliers. Il a insisté sur les difficultés concrètes posées par les interdictions de produits phytosanitaires, rappelant la promesse « non tenue » du chef de l’État en la matière : « Pas d’interdiction sans solution ».

Président de la FDSEA de la Marne et secrétaire général adjoint de la FNSEA, Hervé Lapie faisait partie de la délégation ayant longuement échangé avec Emmanuel Macron à son arrivée dès l’aube samedi 25 février, au salon de l’agriculture. Il s’est fait le porte-parole du « désarroi des producteurs ». « Les agriculteurs se sentent complètement démunis par rapport aux impasses techniques qui s’accumulent. Nous sommes laissés en rase campagne sans solutions ».

Le leader syndical dénonce une réalité qui est « tout l’inverse de la promesse qu’Emmanuel Macron nous avait faite ». Depuis plus de deux ans, le chef de l’État et ses ministres de l’agriculture successifs martèlent qu’ils ne laissera pas les agriculteurs sans alternative en cas d’interdiction de produit phytosanitaire. Mais les exemples contraires s’accumulent depuis : interdiction des néonicotinoïdes pour la betterave, prochaine interdiction du S-Métolachlore utilisé en désherbage de nombreuses productions.

« Il n’est pas question de contester les avis scientifiques. Mais les politiques doivent pouvoir mieux arbitrer en laissant plus de temps à la recherche et la mise en place de réelles alternatives », insiste Hervé Lapie.

Face à la « désynchronisation des avis et décisions » prises par les différentes parties prenantes – politiques, scientifiques, civiles – au sujet des phytos, Emmanuel Macron veut définir un cadre pour une nouvelle approche d’accompagnement des agriculteurs dans la définition de solutions. Pour Hervé Lapie, il s’agit de « planifier et d’anticiper davantage la réflexion sur les techniques et innovations pouvant apporter des solutions concrètes ». « Il faut identifier ensemble les produits qui pourraient poser problème demain, et travailler avec les instituts techniques, l’Inrae, l’Anses, pour définir une trajectoire et trouver des solutions avant l’interdiction. »

« Sur les NNI, il nous faut les détails du plan d’aides avant les semis ! »

A très court terme, Hervé Lapie a insisté auprès du Président sur l’urgence à définir les conditions du plan d’aides aux betteraviers annoncé pour limiter l’impact de l’interdiction des néonicotinoïdes. Des détails techniques encore inconnus à moins d’un mois des semis de betteraves.  « Ce plan d’aides doit se faire en dehors des aides de minimis, et sans franchise ! insiste-t-il. A défaut d’accès facilité aux aides, le responsable syndical craint une énorme chute des surfaces de betteraves en 2023. « Si on en perd 50 000 à 100 000 ha de betteraves – sur 400 000 ha environ chaque année – on va fermer des usines et supprimer des emplois. Et on ne peut pas tenir une filière entière avec des aides conjoncturelles. »

Avec les représentants des filières végétales, Hervé Lapie devait revoir plus tard dans la journée le Président de la République, pour évoquer également « l’usine à gaz » du conseil stratégique phyto. « Avec le CSP, on ne fait que faire perdre à l’agriculteur une journée de travail. C’est une journée de formation durant laquelle on prend les agriculteurs pour des  béni-oui-oui et des gens qui ne sont pas formés à reconnaître les adventices et à faire leur vrai métier d’agriculteur. Ce n’est pas le CSP qui va faire baisser sur le terrain la consommation de produits phytosanitaires. C’est la génétique, l’agronomie, les outils d’aide à la décision, la recherche, l’innovation… »