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100 ans de la CGB

L’avenir de la filière betterave conditionné à l’innovation


TNC le 13/12/2021 à 17:25
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Si la recherche est mobilisée pour trouver des solutions à la jaunisse de la betterave, la filière est confrontée à d’autres défis, comme le charançon, la cercosporiose ou, plus globalement, les impacts du changement climatique. Pour y faire face, la CGB, qui fêtait ses 100 ans lors de son assemblée générale, le 9 décembre, place ses espoirs dans l’innovation et a remis au ministre un livre blanc comportant 20 propositions pour consolider les perspectives de la filière.

En 2021, les producteurs de betteraves peuvent se réjouir de laisser derrière eux la crise de la jaunisse et du retour de perspectives de marché plus porteuses. Néanmoins, les sujets d’inquiétude restent nombreux, entre la concurrence d’autres cultures plus rémunératrices, la flambée des engrais, et le manque de solution de protection par exemple contre le charançon ou la cercosporiose, a rappelé Franck Sander, président de la CGB, lors de l’assemblée générale du syndicat le 9 décembre.

Des innovations prometteuses…

Comment trouver des solutions aux problèmes des planteurs ? Plusieurs pistes ont été évoquées au cours d’une table-ronde consacrée à l’innovation. Alain Thibault, à la tête de la start-up Agriodor, travaille ainsi sur une nouvelle façon de lutter contre les ravageurs, en utilisant l’odorat des insectes. « On fabrique des odeurs pour manipuler le comportement de l’insecte, l’attirer et le piéger, le repousser, ou attirer des prédateurs », développe-t-il. Sur la féverole, on parvient à diviser par trois le taux de graines bruchées, ajoute-t-il, et des travaux sont en cours sur le charançon.

Exxact Robotics, filiale d’Exel Industries, travaille de son côté sur la pulvérisation avec intelligence artificielle, avec une solution qui filme la parcelle à 25 km/h et est capable d’analyser les images pour décider en temps réel d’ouvrir, ou non, la buse au-dessus de la plante. En test actuellement à la base 112 de Reims, ce système devrait être commercialisé à partir de 2022, explique le directeur général d’Exel Industries, Yves Belegaud. « On réduit de l’ordre de 50 % la quantité de produit phyto appliquée », précise-t-il.

…qu’il faut rendre accessibles

Au-delà des challenges techniques, les innovations doivent également être accessibles. « Il faut trouver des moyens pour que ce soit simple pour l’agriculteur, et que la réalité économique soit acceptable », explique Alain Thibault.

Pour Yves Belegaud, qui déplore « un dédale du financement », les lourdeurs administratives sont également un frein. Par ailleurs, « c’est aussi aux agriculteurs qu’il faut donner de l’argent pour qu’ils achètent l’innovation, il faut mettre en place des systèmes pour financer l’acquisition », précise-t-il.

Alexis Hache, membre du bureau de la CGB, compte également sur les progrès de la semence, « l’outil qui nous a apporté le plus d’évolution ces dernières années », et porteur d’espoir contre la jaunisse ou la cercosporiose. « Ce qu’il faut, c’est que nos semenciers aient les mêmes moyens que leurs concurrents mondiaux », demande-t-il, citant les New breeding technics (NBT), sur lesquelles la réglementation européenne doit être précisée. Par ailleurs, l’esprit du PNRI (Plan National de Recherche et d’Innovation sur la jaunisse) est une très bonne idée, qui pourrait être transposé au charençon, indique-t-il également.

« Il est urgent de donner des perspectives à la filière »

Pour autant, la filière ne peut pas se permettre d’attendre trop longtemps les innovations, ce que Franck Sander a rappelé au ministre de l’agriculture venu conclure l’assemblée générale. « Il est urgent de donner des perspectives », a-t-il insisté, avant de remettre à Julien Denormandie un livre blanc « Betteravier 2030 », riche de 20 propositions portant notamment sur la mise en place d’un PNRI « charençon », la mise en place d’un cadre réglementaire stable, l’accélération de l’innovation, la valorisation des crédits carbone français, ou encore sur la gestion des risques.

Salué pour son action face à la crise de la jaunisse, le ministre de l’agriculture a lui aussi salué les perspectives d’avenir qui se profilent pour la filière betteravière, misant sur l’application de la loi Egalim 2 et sur la réforme de l’assurance récolte. La question de la valorisation des crédits carbone français sera également cruciale pour rémunérer les efforts des agriculteurs français en matière de durabilité, a-t-il aussi précisé, sur la même ligne que le président de la CGB.