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Covid-19

L’aide agricole européenne pas à la mesure de la crise sanitaire


AFP le 15/07/2020 à 18:28
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Selon André Chassaigne, le Covid-19 « a mis en lumière les failles importantes de la Pac pour faire face aux crises ». (©Pixabay)

L'Europe a manqué de « réactivité » pour soutenir l'agriculture européenne, durement touchée par la crise sanitaire, « qu'elle a gérée d'une façon purement administrative et avec rigidité » : des députés ont dressé un constat sans appel de la politique européenne, lors de la présentation d'un rapport à l'Assemblée nationale.

Principal objet de critique des députés André Chassaigne (PCF) et Jean-Baptiste Moreau (LREM), la politique agricole commune (Pac), qui concentre toutes les aides européennes. La crise « a mis en lumière les failles importantes de la Pac pour faire face aux crises », a ainsi déclaré André Chassaigne, devant la commission des affaires européennes. La crise a notamment révélé selon lui « à quel point les dispositifs de soutien de la Pac sont inégalitaires », certains secteurs ne bénéficiant « d’aucun système d’intervention publique », comme l’horticulture, la viande porcine ou la volaille.

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Autre problème, selon André Chassaigne, « les soutiens de la Pac se révèlent insuffisants dans leur montant », et notamment très en-deçà des mesures de sauvetage mises en place par certains concurrents directs de l’UE, comme le Canada et les États-Unis. « Le gouvernement américain a en effet augmenté le budget agricole de 48 milliards d’euros pour faire face à la crise. En Europe, nous sommes très, très loin du compte », a déploré le parlementaire. Par ailleurs, les dispositifs existants sont inopérants, selon les auteurs du rapport : « la crise a mis en lumière, une nouvelle fois, la totale inutilité de la réserve de crise de la Pac », a estimé Jean-Baptiste Moreau. « D’un montant de 400 millions d’euros, elle n’a jamais été utilisée depuis sa création en 2013, malgré la crise du lait en 2015 ou l’embargo russe de 2014 », a-t-il souligné. Il a pointé du doigt notamment ses modalités de déclenchement « non-opérationnelles », faute de définition préalable de ce qu’est une crise agricole. En conséquence, les parlementaires ont formulé « neuf propositions » pour éviter le « retard à l’allumage » de l’aide européenne lors des prochaines crises.

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Ils proposent notamment de « compléter rapidement les mesures d’urgence au niveau européen », notamment pour l’horticulture et la viticulture, ainsi que la création d’un « grand observatoire européen des marchés agricoles, qui soit beaucoup plus en lien avec les professionnels », afin d’avoir « une réelle évaluation des marchés ». Ils proposent également de « travailler à une définition commune de ce qu’est une crise agricole, permettant de déclencher automatiquement les dispositifs de soutien, lorsque les critères sont remplis, notamment en termes de variations de prix ».