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Glyphosate, ZNT, jachères

L’AGPB dénonce des réglementations excessives


TNC le 21/09/2023 à 17:53
Bilan-des-moissons-AGPB

« Ce n’est pas à coup de charges qu’on va investir pour réduire les phytos et chercher des alternatives », a expliqué Eric Thirouin, président de l'AGPB, jeudi 21 septembre 2023. (©Terre-net Média)

Malgré les volumes plutôt corrects de la récolte de la campagne 2023, l’AGPB a fait part de ses inquiétudes concernant des politiques agricoles parfois jugées contre-productives au regard de l’ampleur des enjeux du secteur, aux prises avec des contraintes grandissantes liées à la volatilité des cours, la nécessité de la transition agroécologique et le maintien de la compétitivité de l’agriculture française.

L’AGPB s’est félicité d’un bilan des moissons globalement correct, avec une récolte de blé tendre en hausse de 2,7 % à 35 Mt, tout en reconnaissant des préoccupations liées à « un changement de paradigme », affectant la production agricole. Les céréaliers ont évoqué lors de leur conférence du 8 septembre, l’exacerbation de la fluctuation descours, la hausse des charges et un « effet ciseau dévastateur » frappant de plein fouet les agriculteurs. À cela s’ajoute le défi de la transition écologique associé à des contraintes réglementaires grandissantes pouvant donner lieu à des injonctions contradictoires. Dans ce contexte, l’association a livré ses préconisations en faveur d’une politique agricole conjuguant adaptation climatique et préservation de la compétitivité du système productif.

Refus du tout réglementaire

« La transition doit être concrète, sans obérer la compétitivité. Les agriculteurs refusent un système basé uniquement sur plus de réglementation mais sont favorables à une adaptation des pratiques, la préservation de la compétitivité et un accompagnement concret face aux situations les plus difficiles », assure Éric Thirouin, président de l’AGPB.

Dans le cas de la réglementation sur les ZNT, l’AGPB évoque la possibilité de réduire ces zones de non traitement grâce à l’implantation de haies, comme le confirme l’étude commandée auprès de de l’Anses, attestant une diminution des dérives de 70 % . « Nous demandons que l’Anses et les pouvoirs publics se saisissent de cette étude pour adapter la réglementation aux nouveautés et innovations techniques des agriculteurs », insiste Éric Thirouin.

Il cite aussi le cas du glyphosate, pour lequel la France serait à l’origine d’une distorsion de concurrence depuis cinq ans avec des restrictions d’usage extrêmement contraignantes. « Si l’Efsa donne son accord, je ne vois pas pourquoi en France on essaierait encore de complexifier les choses »,  commente à ce sujet le président de l’AGPB, qui demande ainsi que la France suive la proposition de la Commission européenne de renouveler le glyphosate pour 10 ans.

Le syndicat évoque également l’obligation de consacrer 4 % de terres arables en jachère, cequi reviendrait à 4 % d’exportations en moins, soit 0,6 milliard d’euros de moins dans la balance commerciale, « pour le PIB français et le monde agricole ». Or, selon les céréaliers, le milieu ouvert est plus propice à la diversité qu’un milieu fermé, auquel correspondent les terres en jachère. Cette mesure serait en contradiction complète de la stratégie nationale bas carbone qui recommande plus de biomasse.

Investir dans les solutions viables

Face à ces contradictions, l’association agricole suggère une approche différente notamment dans le cas des phytosanitaires, et souligne l’importance d’inviter tous les acteurs à travailler sur la question.

« Objectivement ceux qui investissent le plus dans la recherche, ce sont les firmes. Elles ont un secteur de recherche sur les alternatives aux produits phytosanitaires comme le biocontrôle ou la recherche variétale qui est colossal pour une raison de compétitivité. Il faut également les inviter à la table de discussion car la recherche de demain se fera aussi avec le privé », martèle Éric Thirouin.

Dans cette optique, l’AGPB insiste sur l’importance du financement, évalué à 20 milliards d’euros pour l’adaptation des fermes, et le développement des OAD selon une estimation effectuée dans le cadre d’un plan de filière datant de 10 ans, qui serait en total décalage avec l’annonce de l’augmentation de la redevance pour pollution diffuse (RPD) envisagée par le gouvernement. « Ce n’est pas à coup de charges qu’on va investir pour réduire les phytos et chercher des alternatives »,  conclut le président de l’AGPB.