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Commerce

L’accord UE/Japon approuvé, « un signal » envoyé au monde


AFP le 12/12/2018 à 18:15

Le Parlement européen a approuvé mercredi un vaste accord commercial entre l'UE et le Japon, le plus important jamais négocié, présenté comme « un signal » au monde face au protectionnisme de Donald Trump et la crise politique qui entoure le Brexit.

Cet accord, approuvé par 474 voix pour, 152 contre et 40 absentions, doit entrer en vigueur le 1er février 2019. C’est « un symbole, un signal », s’est félicitée auprès de l’AFP la commissaire européenne au Commerce, Cécilia Malmström. « On montre que nous, on est en faveur d’un commerce ouvert, mais régulé ». La conclusion de cet accord permet à l’UE d’affirmer son rôle de porte-drapeau du libre-échange, au moment où le multilatéralisme est plus que jamais remis en cause par les États-Unis. « Avec des partenaires et des amis proches comme le Japon, nous continuerons à défendre un commerce ouvert, avantageux pour tous et fondé sur des règles », a insisté le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Cet accord commercial, qui s’accompagne d’un accord de partenariat stratégique, pourrait aussi servir de base au futur traité post-Brexit avec le Royaume-Uni. « Tout est un peu dans l’incertitude avec le Royaume-Uni pour l’instant. Mais un jour ou l’autre, il faudra qu’on négocie quelque chose », qui ira « plus loin encore » que ce qui a été conclu avec le Japon, a estimé Cécilia Malmström. Ce texte, négocié depuis 2013, est le plus large accord commercial bilatéral jamais conclu : il concerne plus de 630 millions de personnes et près d’un tiers du PIB mondial. Il couvrira dès son entrée en vigueur la quasi-totalité des échanges entre l’espace européen et Tokyo et profitera en particulier, selon Cécilia Malmström, à l’agriculture de l’UE. À terme, 85 % des produits agroalimentaires de l’UE pourront entrer au Japon sans droits de douane, mais parfois à l’issue de périodes de transition. Le riz, un produit hautement symbolique pour les Japonais, est en revanche exclu de l’accord.

« Grande opacité »

Tokyo s’engage aussi à reconnaître plus de 200 indications géographiques comme le Roquefort, le Tiroler Speck autrichien, le Jambon d’Ardenne belge ou la Polska Wódka (vodka polonaise). Les négociations ont été particulièrement complexes sur les produits laitiers, mais l’accord éliminera les droits de douanes très élevés sur plusieurs fromages, avec une période de transition pouvant atteindre 15 ans. Les Japonais obtiennent de leur côté un libre accès au marché européen pour leur industrie automobile, mais seulement à l’issue d’une période transitoire de sept ans.

Cet accord comprendra aussi un chapitre sur le développement durable et une référence explicite à l’accord de Paris de 2015 sur le climat. Mais ces dispositions n’ont pas suffi à convaincre les ONG, qui ne cessent de mettre en cause la politique commerciale de Bruxelles, avec en point d’orgue le traité conclu avec le Canada, le CETA, objet d’une vive contestation en 2016. « Négocié dans la plus grande opacité » et ratifié « dans l’indifférence générale », cet accord « menace les droits sociaux, l’agriculture, l’alimentation, l’environnement, le climat et même nos principes démocratiques », insistent dans un communiqué commun la Fondation pour la nature et l’Homme (FNH, ex-Fondation Hulot), l’Institut Veblen et Foodwatch. « À la différence de toutes les autres dispositions », du traité, celles sur « l’environnement, la protection des travailleurs ou encore la qualité de l’alimentation » ne sont « pas sanctionnables en cas de violation », abonde l’eurodéputé français Yannick Jadot, tête de liste écologiste (EELV) pour les européennes. « Autant dire que le chapitre sur le développement durable est un outil de communication à destination des opinions publiques, aucunement un impératif », a-t-il ajouté. Sur le plan environnemental, Cécilia Malmström a promis que l’UE travaillerait avec le Japon « pour respecter les critères de l’accord de Paris et pour que les transports soient plus propres ». « Au final, ce sont les consommateurs qui décident. Beaucoup d’entre eux, surtout les jeunes, préfèrent acheter des produits locaux. Mais en Europe, il y a des produits qu’on ne peut pas acheter », a-t-elle expliqué.