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Systèmes agroalimentaires mondiaux

La FAO appelle les pays à se préparer à de nouveaux « chocs »


AFP le 23/11/2021 à 13:53

Les systèmes agroalimentaires mondiaux, encore confrontés aux conséquences de la pandémie de Covid-19, doivent se préparer sans tarder à de nouveaux « chocs » dans le futur, qu'il s'agisse de sécheresses, d'inondations ou de maladies diverses, a averti mardi la FAO.

À l’heure actuelle, il y a déjà « trois milliards de personnes qui ne peuvent se permettre d’avoir une alimentation saine qui les préserve de la malnutrition », rappelle-t-elle. « Un milliard de personnes de plus seraient exposées au risque de ne plus pouvoir se permettre de manger sainement si un choc soudain venait à réduire leurs revenus d’un tiers », ont calculé les économistes de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture dans un rapport.

Une réduction de moyens de cet ordre « peut survenir assez facilement », par exemple si il y a une perte d’emploi dans un ménage, note Andrea Cattaneo, économiste principal et coordonnateur de la publication, interrogé par l’AFP.

« Sur ce milliard de personnes, la quasi-totalité sont situées dans des pays à revenu intermédiaire, ce qui nous a surpris », poursuit-il. Dans les pays à faible revenu, le risque est plutôt qu’un nombre beaucoup plus grand de personnes ne puissent même plus se permettre une alimentation suffisamment énergétique si leurs revenus étaient réduits d’un tiers.

« Mise en évidence de fragilités »

L’édition 2021 de ce rapport sur La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture  souligne aussi l’importance des voies de communication. « Si des itinéraires de transport critiques étaient perturbés par un choc, le coût de l’alimentation pourrait augmenter pour 845 millions de personnes », projette l’organisation basée à Rome.

La pandémie de Covid-19 « a mis largement en évidence les fragilités des systèmes agroalimentaires mondiaux », constate dans un avant-propos le directeur général de la FAO, Qu Dongyu. Ces systèmes, qui englobent la production, les chaînes d’approvisionnement alimentaires, les réseaux de transport intérieurs et la consommation, produisent 11 milliards de tonnes d’aliments par an et emploient directement et indirectement 4 milliards de personnes, selon l’organisation.

Dans un précédent rapport en juillet, l’organisation a estimé que 720 à 811 millions de personnes avaient été touchées par la faim en 2020, soit jusqu’à 161 millions de personnes de plus qu’en 2019, « une augmentation largement due à la pandémie ». « Il ne fait aucun doute que cette dernière aura des répercussions sur la sécurité alimentaire et la nutrition pendant encore de nombreuses années », considère Qu Dongyu.

« La diversité, l’une des clés de la résilience »

Pour permettre aux pays de prendre conscience de la vulnérabilité de leur systèmes alimentaires face aux chocs et aux situations de « stress » chroniques, la FAO a mis au point plusieurs indicateurs de « résilience ». Car dans un environnement incertain, « la capacité de supporter les chocs et les situations de stress puis de rebondir est essentielle », note-t-elle.

Ces indicateurs analysent la production domestique des pays, l’étendue de leurs échanges commerciaux, les systèmes de transport dont ils disposent, et l’accès de leur population à une alimentation saine.

Les pays sont invités à « chercher leurs points faibles », grâce à ces outils, et à tenter d’y remédier, explique à l’AFP Andrea Cattaneo, économiste principal et coordonnateur de la publication.

Pour la FAO, « la diversité est un élément clé de la résilience ». Production de produits divers, recours à des sources variées d’approvisionnement, partenaires commerciaux diversifiés…

« Une des choses que dit le rapport – et c’est un peu controversé – c’est que les importations sont bonnes pour la résilience », déclare Andrea Cattaneo.

« Il ne faut pas avoir une seule source d’importation car c’est risqué. Mais si vous importez de plusieurs sources, cela vous donne plus d’options en cas de crise, notamment pour acheter de la nourriture ». « D’autant que le choc peut aussi se produire dans votre pays, par exemple une sécheresse », relève-t-il.