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Pac et PSN

La Conf’ veut mettre l’accent sur l’architecture sociale


TNC le 07/04/2021 à 14:39
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Après une rencontre entre le ministre et les syndicats agricoles sur les orientations du plan stratégique national, la Confédération paysanne rappelle l’importance d’une Pac davantage tournée vers les enjeux environnementaux et le soutien aux actifs, face au dérèglement climatique et aux nouveaux enjeux alimentaires.

Si le ministre de l’agriculture a réuni hier les syndicats agricoles pour apaiser les tensions qui s’étaient cristallisées les semaines passées autour des orientations du plan stratégique national, déclinaison de la future Pac pour le pays, la Confédération paysanne regrette l’absence totale de prise en compte des enjeux sociaux. « L’architecture sociale est complètement absente des débats avec le ministre », déplore ainsi Nicolas Girod, porte-parole du syndicat qui organisait le 7 avril une conférence de presse à distance.

Paiement redistributif, dégressivité et plafonnement

Des paysans nombreux sont essentiels pour la ferme France, et l’architecture du premier pilier a « une responsabilité colossale sur le sujet », explique Laurence Marandola, paysanne en Ariège, membre de la Confédération paysanne. Pour mettre fin à la diminution croissante du nombre d’agriculteurs en France, la Conf’ souhaite activer plusieurs leviers en soutien aux actifs agricoles.

Premier outil, le paiement redistributif, « qui pour nous doit être porté au maximum possible », autour des 20 % (au lieu de 10 % actuellement), explique-t-elle. Pour limiter l’agrandissement des exploitations, ce paiement devrait également « rester centré sur les 52 premiers hectares », ajoute Laurence Marandola.

Parmi les autres leviers identifiés, la Conf’ cite également le maintien de la majoration pour les nouveaux installés, ainsi que l’aide forfaitaire aux petits agriculteurs, une mesure qui existe mais n’a pas été mise en place par la France lors de la précédente réforme. Or aujourd’hui, 25 % des bénéficiaires de la Pac touchent moins de 5 000 euros du premier pilier, et 11 % touchent moins de 1 250 euros. Sans parler des « oubliés » de la Pac, aux exploitations trop petites mais dégageant pourtant de la valeur ajoutée et créatrices d’emplois. La dégressivité des aides et la convergence totale – et progressive, insiste le syndicat – doivent permettre de dégager les sommes nécessaires au financement de ces aides.

Vers une « catastrophe » environnementale ?

Si le sujet de l’accès aux éco-régimes a poussé dans la rue les agriculteurs FNSEA et JA il y a quelques jours, le discours autour d’une Pac plus verte, plus écologique que les précédentes n’est pour le moment pas justifié, indique par ailleurs Claire Garrot, éleveuse en Mayenne. « Il n’y a pas d’augmentation prévue du budget alloué à l’environnement : celui-ci reste identique pour les MAEC, et les éco-régimes représenteraient au mieux 30 % du premier pilier, soit le même montant qu’actuellement pour le verdissement.

La Conf’ ne souhaite pas, en tout cas, réserver l’éco-régime aux paysans les plus vertueux, mais bien « encourager un maximum de paysans à améliorer leurs pratiques ». Sur ce point, les propositions aujourd’hui sur la table ne conviennent cependant pas au syndicat qui, après la réunion avec le ministre et les autres organisations agricoles, a « la sensation que les forces de l’immobilisme sont pleinement à l’œuvre », regrette Nicolas Girod.

« Si rien ne change, cela voudrait dire que tout va bien, or tout ne va pas bien : on a divisé par trois le nombre de paysans en 30 ans, il y a un mal-être généralisé, beaucoup de filières ont des difficultés en matière de rémunération, on est face à l’incompréhension des citoyens sur les enjeux écologiques et alimentaires, le dérèglement climatique nous éclate à la figure… Il faut se servir de ces révélateurs. On est encore complètement mobilisés pour que cette Pac là marque une inflexion par rapport aux différentes politiques qui ont été mises en place depuis 30 ans, sinon on va vers une catastrophe environnementale », alerte le porte-parole de la Confédération paysanne.

La Conf’ regrette ainsi que les négociations n’aient pas vraiment commencées sur le second pilier, alors que le calendrier semble s’accélérer. Pour le syndicat, un transfert de 15 % entre le premier et le deuxième pilier serait nécessaire pour engager les transitions (transfert aujourd’hui à 7,3 %). Un Conseil supérieur d’orientation (CSO) devrait prochainement être réuni, possiblement la semaine prochaine, pour indiquer quels sont les premiers arbitrages de ce plan stratégique national.