Accéder au contenu principal
En 2023

La chute des cours des ingrédients devrait entraîner à la baisse ceux du lait


TNC le 23/12/2022 à 15:06
fiches_milk-gbede630e0_1920-1

Selon l'Idele, le prix du lait départ ferme en France a encore une légère marge de progression. (©Pixabay)

Après les records de 2022, les prix du lait devraient atteindre un plafond cet hiver puis décroître, entraînés à la baisse par la chute des cours de la poudre maigre et du beurre.

Après des records à plus de 600 €/1 000 l en 2022 chez les principaux pays exportateurs, les prix du lait payés au producteur ont atteint un sommet, écrit l’Idele dans ses Tendances du 19 décembre : « après un bref plafonnement cet hiver, ils risquent de baisser en 2023 dans le sillage des cours des ingrédients laitiers ».

Ces derniers ont fléchi récemment. En particulier, les cours de la poudre maigre ont baissé de plus de 400 €/t en un mois en Europe et en Nouvelle-Zélande, ce qui s’explique surtout par la chute de la demande internationale ces derniers mois, notamment chinoise. Ils atteignaient 3 165 €/t au mois de novembre, au sein de l’UE-27.

L’Idele note que les fabrications de poudre maigre ont fortement augmenté depuis l’été au sein de l’UE-27. Les imports sur neuf mois sont orientés à la hausse (+ 5 %), en lien avec « des exportations ukrainiennes multipliées par sept sur janvier-septembre, à 8 280 t, et les exports ont chuté (-15 %, soit -95 000 t). Résultat : « l’utilisation apparente est bien supérieure cette année » à 2020 et 2021 et « les transformateurs disposent de stocks plus étoffés ».

L’utilisation apparente (fabrication + imports –  exports) de la poudre maigre en UE-27 est bien supérieure en 2022 aux niveaux des années précédentes.(©Idele, d’après Eurostat)

Du côté du beurre, les prix ont eux aussi chuté de près de 400 €/t en un mois sur le marché européen, et les prix FOB départ Europe de l’ouest sont même descendus jusque 5 400 €/t. L’Idele souligne la hausse des importations depuis le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande et le maintien des exports sur les neuf premiers mois de l’année, à 200 000 t. La consommation intérieure est « dynamique, notamment celle des industries agro-alimentaires », si bien que l’utilisation apparente du beurre approche celle des années passées.

Dans ce contexte de baisse des prix du beurre et de la poudre maigre, « les acheteurs limitent leurs commandes pour le moment, ce qui accentue le déséquilibre entre offre et demande et accélère à court terme le repli des cours », analyse l’Idele. Et cette baisse des prix des ingrédients entraîne un repli du prix du lait valorisé en beurre et en poudre maigre, « tant sur le marché mondial que sur le marché européen ».

Le prix du lait valorisé en beurre et en poudre maigre est en repli. (©Idele, d’après MMO, FAM, ZMB)

Vers une inversion de la tendance des prix du lait

Les prix du lait à la production ont fortement progressé en Europe du nord (580 €/1 000 l pour le lait conventionnel standard allemand en octobre, contre seulement 450 €/1 000 l pour le lait français) et les transformateurs anticipent une stabilité voire une augmentation pour fin 2022, mais l’Idele table sur une inversion de la tendance début 2023, dans le sillage des cours des ingrédients.

Les éleveurs nord-européens anticipent cette baisse prochaine des prix du lait : « ils auraient augmenté la distribution de concentrés dans l’alimentation des vaches afin de tirer parti des prix élevés ». La collecte laitière est ainsi redevenue dynamique en Allemagne (+ 1,9 % /2021 en octobre), en Belgique (+ 7 %) ou en Irlande (+ 7,5 %).

Fin 2022, les prix du lait en Europe sont stables ou orientés à la hausse (©Idele, d’après FAM, AMI-ZMB, MMO)

Quant à la France, « la collecte est restée supérieure au volume de 2021 » en novembre, mais « la reprise semble de courte durée », notent ces Tendances. Les prix étaient encore en hausse ces dernières semaines et sont remontés plus vite que les charges, moins vite qu’en Europe du nord certes, mais suffisamment pour améliorer la marge.

Et si une baisse est à prévoir en 2023, « le prix du lait départ ferme conserve encore une légère marge de progression » en France, estime l’Idele, « pour peu que les transformateurs obtiennent de nouvelles hausses de leurs tarifs de leurs produits auprès de la grande distribution ».