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Pour les porteurs de projets

La « botte » à outils pour s’installer en agriculture


TNC le 27/05/2022 à 11:04
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La boîte à outils de l'installation agricole. (©Création TNC)

Du 14 au 29 mai, "chaussez vos bottes" avec la Nouvelle Aquitaine ! Après deux ans en version digitale pour cause de Covid, le salon régional de l'agriculture est de retour avec de nombreux concours animaux, un espace réservé aux échanges avec le grand public, et plusieurs débats s'adressant notamment aux porteurs de projets en agriculture. La particularité cette année : la région est allée, en amont à Paris, à la rencontre de ces derniers, et en particuliers des Nima, pour leur faire découvrir son territoire, les opportunités d'installation et les dispositifs d'accompagnement nationaux et locaux.

Les 16 et 17 mai, dans le cadre de la Quinzaine de l’agriculture de la région, la Maison de la Nouvelle-Aquitaine est allée, avec plusieurs autres organisations (Conseil régional, chambre d’agriculture, Terre de liens, Ferme en Vie, réseau Inpact…), à la rencontre de porteurs de projets, en particulier non issus du milieu agricole (Nima), pour leur donner envie de devenir agriculteur sur son territoire. D’où le choix d’organiser cet événement à Paris, pour qu’ils viennent de divers horizons socio-professionnels et géographiques.

Deux tables rondes, en présentiel et distanciel, leur étaient proposées : un « panorama de l’agriculture en Nouvelle-Aquitaine » pour leur faire découvrir les atouts de la région pour s’installer en agriculture et « La botte à outils de l’installation » pour leur expliquer le parcours à suivre. Au programme également : des rendez-vous individuels de 30 minutes, avec les différents organismes qui pourront les accompagner, pour étudier les situations personnelles de ceux qui le souhaitent.

L’objectif de cette « botte à outils de l’installation en agriculture », ou sans jeu de mot « boîte à outils », est de « répondre aux questions pratico-pratiques » que se posent les futurs installés, expliquent les organisateurs − « par quoi je commence, à qui je m’adresse, comment me former, trouver du foncier, etc. » − pour passer, le plus sereinement possible « du questionnement à la concrétisation » de leur projet.

Ouvrez la « botte à outils de l’installation en agriculture » ! Dans la liste suivante, cliquez sur l’outil qui vous intéresse pour consulter directement les informations correspondantes.

Outil n°1 : Par où démarrer ? En se posant des questions !

Outil n°2 : Où s’adresser ? Au PAIT !

Outil n°3 : Dois-je me former ? C’est fortement conseillé !

Outil n°4 : Faut-il faire un business plan ? Oui, un PE !

Outil n°5 : Ai-je droit à des aides ? Bien sûr, plusieurs existent !

Outil n°6 : Comment accéder au foncier ? Des solutions sont là!

Outil n°1 : Par où démarrer ? En se posant des questions !

« Comment être sûr qu’agriculteur, c’est fait pour moi ? », interroge Christine Navailles Argentaa, conseillère installation/transmission à la chambre d’agriculture de Nouvelle Aquitaine et coordinatrice des PAIT (cf. outil n°2). « En répondant à cette question par plein d’autres », réplique-t-elle. Par exemple :

→ Pourquoi ai-je envie de faire ce métier ? Et qu’est-ce qui a suscité cette envie ?

Est-ce un projet pour moi seul ou aussi pour mon entourage ?

Ceci permet de mieux cerner « les motivations et contraintes en termes de temps de travail et temps libre, d’organisation (travailler seul ou à plusieurs), de revenu… », pointe la conseillère.

→ Ai-je les compétences ? Comment apprendre ce métier ? 

→ C’est quoi mon projet ? C’est-à-dire quelle activité je désire développer : élevage, cultures, transformation, vente directe, accueil à la ferme… ? De quels moyens je dispose ? Lesquels dois-je acquérir ? Est-ce que je veux les louer ou acheter ? Quel ordre de grandeur d’investissement cela représente ? Etc.

La finalité : « savoir si son projet correspond à ses motivations initiales ou s’il faut le réajuster, met en avant Christine Navailles Argentaa. Et mesurer les risques qu’on est prêt à prendre : financiers, au niveau du temps de travail… »

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Outil n°2 : Où s’adresser ? Au PAIT !

Les PAIT (point accueil installation transmission) « sont là pour aider les porteurs de projets à y voir plus clair et à répondre à leurs interrogations », comme celles ci-dessus, précise Agnès Delagree, responsable du pôle installation/transmission de la chambre d’agriculture de la Corrèze, et chargée de mission au PAIT. « Il ne faut pas hésiter à les contacter pour prendre rendez-vous. » Chaque année, 3 000 personnes y sont accueillies en Nouvelle-Aquitaine, dont 50 % de Nima.

C’est un service gratuit, présent dans chaque département, pour tout porteur de projet quels que soient son âge, son parcours et son projet avec quatre missions : accueillir (sur rendez-vous, c’est mieux, individuel ou collectif), écouter, informer et orienter vers les structures compétentes. À l’issue de l’entretien : un autodiagnostic est réalisé pour présenter le projet, les compétences à acquérir, le parcours de formation, etc. Il est à retourner au PAIT pour poursuivre les démarches en vue d’une installation aidée. Il servira à établir le PPP (plan de professionnalisation personnalisé).

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Outil n°3 : Dois-je me former ? C’est fortement conseillé !

« Ce n’est pas une obligation, sauf pour bénéficier de certaines aides, la DJA notamment (diplôme agricole de niveau IV) ou parfois de la Région et des collectivités territoriales, indique Jade Joubert, chargée de mission formation emploi en agriculture au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Mais c’est fortement conseillé ! »

En effet, l’agriculteur est un chef d’entreprise : les compétences entrepreneuriales, liées à la stratégie d’entreprise, sont aussi importantes que la technique et pratique. Par leurs expériences professionnelles passées, les Nima disposent quelque fois de connaissance en gestion, management, etc. et peuvent obtenir une validation des acquis de l’expérience (VAE). Mais ils vont devoir apprendre à produire, à utiliser le matériel… Cela s’acquiert sur le terrain dans des espaces-tests ou via des stages de pré-installation ou de parrainage par exemple.

D’ailleurs, « avant de se former, il est utile de tester ses motivations, compétences et projets car s’installer en agriculture, ce n’est pas anodin », fait remarquer Jade Joubert. « Cela rassure aussi les cédants. Parfois, avant de leur céder la ferme, ils demandent aux repreneurs d’essayer le métier. » Cela permet également de trouver le parcours de formation adapté pour réussir son installation. Le PAIT peut vous y aider. Comme la chambre d’agriculture, Pôle emploi, les lycées agricoles, les MFR (maisons familiales rurales), etc., pour chercher un stage.

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Outil n°4 : Faut-il faire un business plan ? Oui, un PE !

Le plan d’entreprise (PE) n’est pas non plus obligatoire sauf pour certaines aides (DJA, prêts d’honneur, entre autres). Mais les banques en veulent un généralement. De toutes façons, là encore, il est largement recommandé pour « mettre à plat tous les chiffres », en mode prévisionnel sur quatre ans : production/an, rendements, prix, charges, investissements et financement… Il donne des indicateurs concernant le revenu, le taux d’endettement, etc.

« Au-delà d’évaluer la viabilité économique, il permet une nouvelle fois de vérifier l’adéquation entre le projet et les objectifs des futurs installés. » Si on a les compétences pour le faire soi-même, un regard extérieur et une comparaison aux références départementales sont toujours les bienvenus.

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Outil n°5 : Ai-je droit à des aides ? Bien sûr, plusieurs existent !

→ La plus connue : la DJA (dotation jeune agriculteur). Il s’agit d’une subvention pour démarrer l’activité, dont le montant dépend de plusieurs critères (localisation, niveau d’investissement…). Elle s’adresse uniquement aux moins de 40 ans (dépôt de dossier avant le 40e anniversaire), titulaire d’un diplôme agricole de niveau IV.

→ Les intervenants évoquent, par ailleurs, le prêt d’honneur : entre 5 000 et 20 000 € à taux zéro, à condition d’être installé depuis moins d’un an avec un montant d’investissement a minima équivalent à celui de l’emprunt. Les avantages selon eux : on peut bénéficier d’un suivi dans le cadre d’un parrainage ; le fait de devoir présenter son projet au sein d’un comité de programmation permet de se l’approprier et d’apprendre à argumenter pour le défendre devant d’autres instances dans le cadre du parcours à l’installation.

→ Se renseigner enfin (auprès du PAIT) sur les aides régionales disponibles, voire départementales ou des communautés de communes, et sur leurs critères d’attribution. Certaines régions, par exemple, proposent en partenariat avec Pôle emploi une aide à la formation, le Cefi (contrat emploi formation installation).

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Outil n°6 : Comment accéder au foncier ? Des solutions sont là!

→ La Safer

« Cet outil de régulation du marché foncier agricole a été mis en place dans le but de favoriser l’installation des agriculteurs, rappelle Paul Arnold, directeur adjoint de la Safer Nouvelle-Aquitaine. Nous disposons de plusieurs moyens d’intervention mais travaillons majoritairement à l’amiable, sur des entités globales ou quelques parcelles. » Toute vente est ainsi notifiée à la Safer et si elle s’occupe de la transaction, elle doit faire un appel à candidature sur son site, dans les annonces légales, en mairie…

« Il faut venir s’informer sur ce qu’est la Safer lors des conférences, que nous organisons régulièrement en départements. Vous verrez, nous ne sommes pas le grand méchant loup ! », lance Paul Arnold qui reconnaît que la concurrence est rude en Nouvelle-Aquitaine : « 7 candidats convoitent, en moyenne, la même exploitation. Parfois, ça peut aller jusqu’à 30 ! Pas toujours facile d’être sûr de faire le bon choix. » « Mieux vaut, dans certains cas, revoir son projet, sa localisation ou les productions entre autres », préconise-t-il.

En Nouvelle-Aquitaine comme dans d’autres régions, face à des exploitations de plus en plus grandes et donc difficiles à transmettre sur le plan financier, la Safer a développé un panel d’outils avec les banques et le conseil régional, parmi lesquels :

  • le portage foncier

« Il y a très peu de casse : seul un agriculteur sur 20 n’arrive pas à racheter les terres au terme du portage. Nous l’aidons à réajuster son projet pour y parvenir dans les années qui suivent. »

  • le stockage de terres

« Cela consiste, lorsqu’une exploitation se libère, à la mettre sous cloche (mais pas à l’arrêt, des agriculteurs continuent de l’exploiter) le temps de trouver un repreneur ou que celui-ci puisse concrétiser son projet. »

  • la location avec garantie de fermage

→ les Chambres d’agriculture, avec le répertoire départ installation (RDI)

Il regroupe à l’échelle nationale, sur www.repertoireinstallation.com, toutes les offres de fermes à reprendre ou de recherche d’associé(s), et toutes les demandes de candidats à la reprise d’exploitation ou à l’association. Elles sont consultables, gratuitement, département par département. Les personnes intéressées doivent contacter un conseiller qui assurera la mise en relation. En Nouvelle-Aquitaine, 1 000 offres sont déposées chaque année pour une centaine d’installations par an.

Pour s’adapter à une diversité croissante de porteurs de projets et de projets, et en même temps lever les freins à l’installation liés au foncier, de plus en plus importants et qui alourdissent encore des investissements déjà conséquents en bâtiments, matériels et cheptel, des solutions complémentaires voient le jour.

→ Certaines collectivités territoriales ont mis en place des observatoires fonciers et proposent des mesures facilitant l’accès aux terres.

→ Terre de liens, via sa fondation (dons, legs) ou de l’épargne solidaire, achète des terres et les loue en fermage à des agriculteurs en agriculture biologique. « Il n’y a ni revente ni spéculation. L’objectif est de préserver la vocation agricole des terres », appuie Benoît Lagnié, chargé de missions en Nouvelle-Aquitaine. Fonctionnant en réseau, l’association accompagne les porteurs de projets dans leur recherche d’exploitation et de foncier, et plus largement dans leur installation et leur formation à travers, notamment, des espaces-tests. La plateformewww.objectif-terres.org recense toutes les offres et demandes foncières.

→ L’entreprise à mission de l’économie sociale et solidaire Fermes en Vie (Feve), à travers une foncière solidaire faisant appel à de l’épargne citoyenne, fonctionne comme Terre de liens. À quelques différences près : la signature d’un bail rural à clause environnementale (respect d’une charte agroécologique), un passage en bio à partir de la 5e année, une option d’achat à partir de la 7e année. « Notre but est de permettre la cession de grosses structures difficilement transmissibles, grâce à des projets collectifs et diversifiés, souligne Astrid Tarteret, l’une des cofondatrice.

Plusieurs ateliers complémentaires peuvent être gérés par différents producteurs, chacun plaçant le curseur de la mutualisation où il le souhaite. » Ils peuvent, par exemple, produire de manière indépendante et créer ensemble une société pour la commercialisation. 3 500 porteurs de projets ont rejoint la communauté Feve. « Ceux qui se sont installés ont au moins deux à dix ans d’expérience, grâce au salariat ou au parrainage », constate Astrid Tarteret.