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Agroalimentaire

InVivo en négociations exclusives pour acquérir 100 % de Soufflet


AFP le 14/01/2021 à 08:39
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InVivo, premier groupement coopératif agricole français, est entré en négociations exclusives avec Soufflet pour prendre le contrôle de 100 % du capital du groupe familial, l'un des premiers malteurs mondiaux et l'un des principaux meuniers-boulangers français, ont annoncé les deux groupes mercredi.

« Le groupe InVivo, union nationale de coopératives agricoles françaises (…) et le groupe Soufflet, groupe familial agroalimentaire français de dimension internationale, annoncent aujourd’hui être entrés en négociations exclusives en vue de l’acquisition de 100 % du capital du groupe Soufflet par le groupe InVivo », indiquent les groupes dans un communiqué conjoint.

Les instances représentatives du personnel ont été informées mercredi de ce projet dans chacun des deux groupes, lesquels espèrent que l’ensemble de l’opération sera « finalisée avant la fin de l’année 2021 ».

« La combinaison des activités, très majoritairement complémentaires, du groupe InVivo avec celles du groupe Soufflet préserverait dans la durée leurs structurations par métiers, leurs cohérences, leurs positionnements et leurs identités respectives », assurent les groupes.

L’intégrité du groupe serait préservée et Soufflet « deviendrait une filiale d’InVivo », a indiqué une source proche du dossier. Si elle se concrétisait, l’opération ferait d’InVivo un champion européen, le deuxième groupe coopératif agricole sur le continent, avec environ 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, derrière le Munichois BayWa AG.

La famille Soufflet, qui a fait en 60 ans d’un petit commerce de grains de l’Aube un membre du trio de tête des malteurs mondiaux et un acteur incontournable du commerce des céréales, avec 7 000 collaborateurs dans 19 pays, de la semence au fournil, a toujours été extrêmement attaché à son indépendance.

« Mon objectif a toujours été, depuis toujours, de rester indépendant et de n’avoir aucun associé », avait confié à l’AFP en 2018 Michel Soufflet, le patriarche, toujours à la tête du conseil de surveillance du groupe, dont son fils Jean-Michel assure la tête du directoire. 

Mais l’absence de successeur semble avoir décidé les deux hommes à chercher un repreneur.

« En nous rapprochant d’InVivo, notre groupe familial trouverait une solution franco-française pour pérenniser son identité, assurer la continuité de ses activités et préserver son ancrage nogentais et sa présence régionale », a ainsi déclaré Jean-Michel Soufflet, cité dans le communiqué.

Des silos complémentaires

« L’association de nos métiers communs dans le négoce des céréales renforcerait le positionnement international du nouvel ensemble », s’est réjoui pour sa part Thierry Blandinières, directeur général du groupe InVivo.

De fait, les silos exportateurs d’InVivo sont principalement situés à Nantes et Bordeaux, tandis que Soufflet est solidement implanté à Rouen et La Rochelle.

« La complémentarité de tous nos autres métiers, comme le regroupement de nos ressources matérielles et humaines, la légitimité de nos savoir-faire et de nos connaissances agronomiques uniques, accumulés depuis des décennies, associés à de forts ancrages dans nos territoires, nous permettraient d’intervenir à tous les niveaux de la chaîne de valeur », a ajouté M. Blandinières.

De son côté, le ministre de l’économie Bruno Le Maire s’est félicité « du rapprochement de deux belles entreprises françaises de l’agroalimentaire », estimant que « la constitution de cet ensemble serait une chance pour la France et l’agriculture française », dans une déclaration transmise à l’AFP.

Soufflet, qui possède notamment les marques Neuhauser et Baguépi, est présent du champ à l’assiette.

Si la nouvelle entité demeurerait très modeste en comparaison des mastodontes du négoce agricole que sont les ABCD (ADM, Bunge, Cargill et Louis-Dreyfus), lesquels brassent les dollars par dizaines de milliards, c’est grâce à l’argent de l’un d’entre eux que ce mariage a désormais des chances de se concrétiser.

En effet, InVivo s’est totalement désendetté et s’est retrouvé avec plus d’un milliard de fonds propres en cédant en février 2019 sa filiale d’alimentation animale Neovia à l’américain ADM pour plus d’un milliard et demi d’euros.

Thierry Blandinières n’a dès lors jamais caché sa volonté d’investir dans la croissance externe pour faire grandir le groupe.

Ni InVivo ni Soufflet n’ont communiqué à ce stade sur le montant de l’opération.

Celle-ci ramènerait cependant le groupe au niveau d’endettement qui était le sien avant la cession de Neovia, selon une source proche du dossier.

En compétition avec une grosse entreprise basée au Canada pour acquérir Soufflet, InVivo a su convaincre Soufflet père et fils de choisir la solution française, qui présentait davantage de garanties sur le long terme que la « logique financière nord-américaine », selon cette source.