Accéder au contenu principal
Cours des céréales

Incertitude sur le marché des céréales avant les semis de printemps


AFP le 27/03/2024 à 19:14
49105bb9-1-incertitude-sur-le-marche-des-cereales-avant-les-semis-de-printemps

(© Stéphane Leitenberger/Adobe Stock)

Le marché des céréales était hésitant mercredi en attendant des prévisions américaines sur les intentions de semis, les cours se tassant en Europe après une brusque remontée.

La prudence était de mise chez les opérateurs avant la publication jeudi de deux rapports très attendus du ministère américain de l’Agriculture, le premier sur les prévisions d’assolement des agriculteurs, le second sur l’état des stocks américains.

Ces rapports sont importants car ils dessinent une première esquisse de la nouvelle campagne et des nouveaux équilibres entre les matières premières agricoles, tout en donnant à voir un état des réserves mondiales en fin de commercialisation de la récolte précédente.

Les opérateurs s’attendent depuis plusieurs mois à une baisse des surfaces consacrées au maïs et une hausse du blé et surtout du soja, dont le cours est actuellement « 2,4 à 2,5 fois plus élevé que celui du maïs », relève Arthur Portier du cabinet Agritel (Groupe Argus Media).

« L’an dernier, les fermiers ont planté beaucoup de maïs supplémentaire. Cette année, ils vont probablement repasser sur le soja, car les prix du maïs ne permettent pas d’être rentable, alors que le soja, oui », abonde Jack Scoville, de Price Futures Group.

Il faudra sans doute attendre le début de semaine prochaine pour voir une tendance franche se dégager sur les marchés, après le long week-end férié de Pâques, la Bourse de Chicago étant fermée vendredi et Euronext lundi.

« Au final, ce qui compte, c’est la quantité de grains dans le monde. Si on se retrouve avec trop de maïs, les gens vont lui préférer n’importe quelle autre matière première », prévient Jon Scheve, de Superior Feed Ingredients.

En attendant ces arbitrages, les prix du blé et du maïs évoluaient peu, la céréale du pain s’échangeant mercredi sur Euronext autour de 200 euros la tonne sur l’échéance la plus rapprochée (mai), et le grain jaune à environ 190 euros la tonne sur l’échéance de juin.

Cette relative stabilité intervient après un regain de volatilité des cours ces derniers jours, liée à des incertitudes croissantes sur les plans géopolitique et climatique.

Moins de blé en France

Après des mois de chute quasi continue, les cours des céréales étaient remontés, soutenus par des inquiétudes après des bombardements sur les ports de mer Noire, mais aussi par les limitations envisagées par Bruxelles sur certaines importations ukrainiennes dans l’UE et d’une taxation des produits agricoles russes.

Par ailleurs, en Russie, l’agence vétérinaire et phytosanitaire Rosselkhoznadzor a bloqué des chargements de céréales destinés à l’export et affrétés par la société russe TD RIF pour cause de plaintes sur la qualité des grains.

« Cela représenterait 400 000 tonnes de céréales, ce qui est peu au regard des 51 millions de tonnes que la Russie veut exporter sur cette campagne (2023-24) ». Mais ce n’est pas anodin : « RIF est le 2e exportateur russe de céréales et il représente 20 % des volumes de blé russe exportés depuis le début de la campagne », souligne Arthur Portier.

Si les offres russes restent plus compétitives que les autres sur le marché du blé, l’analyse relève une « convergence des prix entre origines russe et française », avec « plus que 5 dollars d’écart de prix » mercredi matin.

Au sortir de l’hiver, l’autre facteur déterminant scruté par les analystes est la météo. Un temps trop sec sévit sur les plaines céréalières du sud caucasien de la Russie, tandis que les pluies ne cessent pas dans une partie d’Europe de l’Ouest et notamment en France, première puissance céréalière européenne.

Après les forte précipitations de l’automne, qui ont noyé champs de betteraves, de pommes de terre et de céréales dans le nord de la France, la poursuite des pluies empêche les exploitants de semer certains orges et blé de printemps.

Compte-tenu d’une « baisse des surfaces semées » et du « faible ensoleillement » actuel, Agritel évalue à « moins de 30 millions de tonnes » la production française de blé tendre en 2024, contre 35 millions en 2023.

De l’autre côté de l’Atlantique, le retour de la pluie dans certaines régions du Midwest américain et au Brésil pesait à la baisse sur les cours du maïs, une tendance accentuée par le fait que « les fermiers américains et brésiliens essayent de vendre pour profiter de la récente remontée des cours », selon Arlan Suderman, de la plateforme de courtage StoneX.