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Marchés céréaliers

Forte demande, aléas météo, taxes export… : la tension sur les prix s’accentue


TNC le 11/02/2021 à 18:10
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« La tension sur les cours mondiaux des céréales s'est accentuée au cours du mois écoulé dans un contexte de resserrement de la demande mondiale, alors que la Chine est omniprésente », a indiqué FranceAgriMer le 10 février 2021. Les conditions météo, les mesures de restriction des exportations russes et des difficultés logistiques jouent également sur la volatilité des cours. En France, le stock final de maïs a été légèrement revu à la hausse par rapport au mois dernier, mais il reste à un niveau historiquement bas.

Pour le deuxième mois consécutif, « l’USDA a rendu un rapport haussier (9 février 2021) pour les céréales, mais finalement moins qu’attendu… », indique Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre à FranceAgriMer lors du conseil spécialisé du 10 février 2021. Ce qui joue sur l’instabilité des cours céréaliers mondiaux.

 « La Chine reste au premier plan, avec toujours une forte demande de grains dirigée vers l’alimentation animale, pour la reconstitution de son cheptel porcin et pour répondre aux besoins importants de l’aviculture. » Un poids qui devrait s’accentuer dans les années à venir, avec la volonté d’autonomie alimentaire des autorités chinoises. « Elle est peut-être maintenant, tous grains confondus, de l’ordre de 90 % et les experts chinois l’estiment plutôt à 80 % dans quelques années », précise Philippe Heusele, président de France Export Céréales.

Une dynamique d’exportations françaises tirée par la Chine, qui devrait évoluer pour la 2e partie de campagne

« La Chine a particulièrement tiré les exportations de céréales françaises ces derniers mois », rappelle-t-il. À six mois de la campagne 20/21, elle est, en effet, le premier importateur de blé (1,56 Mt, + 144 % par rapport à la dernière campagne) et d’orge pour la France (1,35 Mt, + 51 %). « Pour la deuxième partie de campagne, la position de la France devrait toutefois être plus fragile vis-à-vis de la Chine », ajoute Marion Duval,  adjointe au chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer.

Cependant, pas d’inquiétudes : « le blé français a retrouvé une bonne compétitivité auprès de ses clients plus proches et traditionnels comme l’Algérie, le Maroc et l’Egypte notamment », en témoigne l’appel d’offres récent du Gasc. Pourquoi ? Selon Philippe Heusele de France Export Céréales, « la Roumanie est moins présente sur les marchés à cause de la forte sécheresse estivale 2020. Le différentiel de fret apporte un supplément de compétitivité au blé français. Et surtout, la mise en place prochaine des taxes à l’export par la Russie tourne à notre avantage, auprès des acheteurs du Gasc ».

« Le gouvernement de la Russie a, en effet, approuvé, le 25 janvier dernier, la mise en place d’une taxe sur les exportations de blé de 25 €/t entre le 15 et le 28 février 2021, et de 50 €/t du 1er mars au 30 juin afin d’endiguer la hausse des cours de leur marché domestique. Enfin, une taxe flottante sera appliquée à compter du 2 juin. En Ukraine aussi, le ministre de l’économie et les syndicats ont convenu, le 25 janvier, de restreindre les exportation pour 20/21 à 24 Mt », précise Marc Zribi.

Inquiétudes vis-à-vis des conditions climatiques ? 

Concernant les conditions de cultures chez les principaux producteurs, « elles sont plutôt favorables dans l’ensemble, ajoute Marc Zribi. Mais il y a plusieurs points de surveillance en ce moment, avec la vague de froid qui sévit aux États-Unis et en  Mer Noire aussi (risque winterkill). En Ukraine, le froid devrait succéder à des températures anormalement élevées et il n’y a pas ou peu de couverture neigeuse pour protéger les cultures en place. Pour la Russie, la couverture neigeuse devrait, elle, être suffisante ».

« La situation est aussi sous surveillance en Europe, qui enregistre actuellement des températures très inférieures à la normale. De plus, dans l’ouest européen, les températures glaciales surviennent alors que les champs sont gorgés d’eau. En Amérique du Sud, c’est plutôt le déficit de précipitations qui inquiète pour les cultures de maïs, mais la situation devrait s’améliorer dans les jours à venir ».

Un stock final de maïs historiquement bas pour la France

Pour la France, le stock final de maïs grain (1,91 Mt) a été légèrement revu à la hausse par rapport au mois dernier, mais il reste « à un niveau historiquement bas (au plus bas depuis 2006/2007) », précise Marion Duval.

Bilan français du maïs grain – février 2021. (©FranceAgriMer)

Les stocks sont tendus aussi du côté du blé dur, mais « les perspectives de la prochaine récolte donnent de l’espoir ».

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